Procès de la Young Team et le Régime Bongo en Justice

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Procès de la Young Team et le Régime Bongo en Justice
Procès de la Young Team et le Régime Bongo en Justice

Africa-Press – Côte d’Ivoire. À Libreville, les proches de Noureddin Bongo-Valentin et de Sylvia Bongo Ondimba défilent à la barre jusqu’au 17 novembre. e procès hors norme, largement médiatisé, met en lumière les mécanismes internes du pouvoir à l’époque d’Ali Bongo et se présente, selon les autorités, comme une forme « d’autopsie nationale ». Une démarche fortement critiquée par certains observateurs, qui dénoncent une justice sélective et un procès politique.

C’est une première dans l’histoire du Gabon: des journées entières d’audience retransmises en direct à la télévision nationale, rythmées par des montants faramineux, des témoignages désordonnés et des révélations sur les coulisses du Palais du bord de mer.« Bienvenue au pays des séries Netflix », ironise un connoisseur des arcanes du pouvoir gabonais, devant un spectacle judiciaire qui combine voyeurisme politique, pédagogie anticorruption et règlement de comptes.

Au cœur du dossier, une image symbolique: Noureddin Bongo Valentin, fils du président déchu, et Ian Ghislain Ngoulou, ancien directeur de cabinet, posant devant des valises remplies de millions de francs CFA, découvertes lors d’une perquisition en septembre 2023. Cette scène, devenue virale, hante désormais tout le procès.

Si les audiences se poursuivent physiquement à Libreville, les deux figures centrales — Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin — sont jugées par contumace. Installés à Londres, ils ne se sont pas présentés devant la justice.Avec dix autres proches, ils sont poursuivis pour:

détournement de fonds publics,

faux et usage de faux,

contrefaçon de sceaux de la République,

usurpation de titre et de fonction.

Les chefs d’accusation témoignent de l’ampleur des soupçons: la « Young Team », groupe informel de fidèles conseillers et collaborateurs, aurait exercé une influence déterminante sur l’appareil d’État durant les dernières années du règne d’Ali Bongo.

Les visages sont familiers des Gabonais. Bien qu’absents, Sylvia Bongo et Noureddin dominent le débat.À leurs côtés, les accusés présents à la barre appartiennent essentiellement à la garde rapprochée de l’ex-première dame: anciens conseillers, hauts fonctionnaires, intermédiaires financiers. Des « seconds couteaux », mais occupant des postes suffisamment stratégiques pour avoir eu accès à des leviers sensibles du pouvoir exécutif.

Chaque audition devient un morceau de puzzle: révélations sur les pratiques de gestion, justification de fonds introuvables, récits d’ordres hiérarchiques jamais couchés sur papier. Certains tentent de se dédouaner, d’autres décrivent — parfois malgré eux — comment fonctionnait la machine Bongo à l’époque.

Pour le gouvernement de transition du général Brice Oligui Nguema, ce procès est présenté comme une « mise à nu du système » et un acte de transparence attendu par l’opinion.Mais pour une partie de la classe politique et des observateurs internationaux, le spectacle judiciaire soulève plusieurs interrogations:

sélectivité des poursuites: des acteurs clés du système Bongo ne sont pas inquiétés ;

instrumentalisation politique: un procès conçu pour légitimer le pouvoir actuel ;

absence des principaux accusés, qui limite la portée juridique du dossier.

Reste que la curiosité du public est au rendez-vous, dans un pays longtemps habitué à l’opacité totale des institutions.

Les audiences ont mis à nu la fragilité administrative du régime déchu: chaînes de décision informelles, confusion entre budgets publics et dépenses privées, confiance quasi absolue accordée à des conseillers jeunes, mais sans expérience institutionnelle.

En voulant faire de ce procès une pédagogie politique, les autorités gabonaises prennent un risque: celui de transformer la justice en tribune et de soulever davantage de questions que de réponses.Mais pour l’heure, la « Young Team » expose au grand jour ce que beaucoup soupçonnaient: un système de pouvoir centré sur une poignée d’individus, hypercentralisé, et où la loyauté importait plus que la gouvernance.

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