Africa-Press – Côte d’Ivoire. Si la crise et son lot d’incertitudes ont affecté le calendrier de cette réforme monétaire, d’autres facteurs ont également pesé. Décryptage. Publié début décembre, le Rapport sur la politique monétaire dans l’UMOA de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), laisse peu de doute sur la sévérité de la situation macroéconomique des huit pays de l’Union.
« Pour l’ensemble de l’année 2020, les dernières prévisions situent le taux de croissance du PIB de l’Union à 0,9 % contre 5,8 % en 2019 », écrivent les services du gouverneur Tiémoko Koné, qui notent que cette prévision est d’ailleurs supérieure à celle du FMI (0,3 %).
Parallèlement, la situation des comptes publics s’est dégradée. « En effet, le déficit budgétaire s’est chiffré à 3 742,1 milliards [de F CFA] ou 5,5 % du PIB à fin septembre 2020 contre 1 576,3 milliards ou 2,4 % du PIB un an plus tôt ».
Pour ne rien arranger, « pour l’ensemble de l’année 2020, le taux d’inflation est projeté à 2,2 % après -0,7 % en 2019 », souligne le rapport de la BCEAO.
De son côté, la Commission de l’Uemoa table elle sur une reprise en 2021, avec une croissance de +5,9 % dans la zone monétaire, selon son « Rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale », qui note cependant que « le taux d’endettement de l’Union en 2020 ressortirait à 49,3 %, en hausse de 5,2 points par rapport à 2019″.
À la vue de ces données inquiétantes, il ne paraît guère surprenant que la réforme du franc CFA décidée en décembre 2019 par les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, et la transformation de cette devise en « eco », future monnaie commune des pays de la Cedeao, ait enregistré quelques retards.
Le mois de juillet 2020, évoqué officieusement comme celui du passage du franc CFA à l’eco, s’est écoulé sans aucune avancée majeure.Faut-il en conclure pour autant que cette transition, si attendue, a été torpillée par la crise sanitaire et économique due au Covid-19 ?