faux général et vrais soupçons d’escroquerie

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faux général et vrais soupçons d’escroquerie
faux général et vrais soupçons d’escroquerie

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Béret bleu ciel sur la tête, nombreuses décorations sur la chemise assortie et galons étoilés, Joseph Mathias L. se présente dans la vidéo filmée en janvier dernier par le média Le débat ivoirien comme « général de division ». Il indique par ailleurs être le directeur exécutif de l’association World Chaplains Association Human Rights (WCAHR-UN) pour l’Afrique et Haïti.

L’organisation doit bientôt ouvrir un siège à Genève et développer de nouvelles activités au Togo et au Tchad, explique cet homme corpulent, lunettes sur le nez. Il termine en indiquant œuvrer pour l’ouverture d’un couloir humanitaire entre Abidjan et Bamako.

Des formations de « juge de paix »
Mais fin octobre, Joseph Mathias L. a été interpellé à Abidjan et placé en garde à vue. Une information judiciaire a été ouverte. Il est soupçonné d’usurpation de titre militaire et de port illégal de tenue militaire, ainsi que d’escroquerie. Depuis plusieurs années, le WCAHR-UN formait sur le territoire ivoirien « des officiers défenseurs des droits de l’homme », « des juges de paix juridictionnels » et « des médiateurs » dans des locaux de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et dans son « centre régional », comme l’explique Joseph Mathias L. dans la vidéo.
Ces jeunes, à qui l’ont faisait miroiter une intégration dans les rangs des Nations unies, seraient entre 400 et 600 selon nos informations. Cette formation, toujours en cours au moment de l’interpellation du « général », est onéreuse : certains parents auraient déboursé 250 000 francs CFA, soit un peu plus de 380 euros, d’autres beaucoup plus, en fonction de l’enseignement choisi.

Début janvier, Joseph Mathias L. avait demandé au contre-amiral et Commissaire du gouvernement Ange Kessi de parrainer l’une de ces cessions à Bingerville, une commune jouxtant Abidjan. Une action « en faveur de la paix » que le président du tribunal militaire avait accepté, loin de se douter de la véritable nature du titre de son interlocuteur. L’homme n’a en réalité jamais fait partie de l’armée ivoirienne, ce que confirme l’état-major des armées, et n’était pas non plus intégré à l’ONU.

L’année dernière, les autorités ivoiriennes s’étaient rapprochées de la délégation onusienne à Abidjan au sujet de WCAHR-UN. Celle-ci avait indiqué ne pas soutenir cette association et n’avoir aucun lien d’affiliation avec elle.

Sur sa page Facebook, l’association d’origine sud-américaine indique avoir vocation à « contribuer à un monde meilleur pour tous ». Son site internet n’est plus disponible.

Usurpations fréquentes
Selon l’avocat Joseph Mathias L., Me Emile Suy Bi, joint par Jeune Afrique, la question centrale au cœur de l’enquête sera de déterminer s’il a réellement tenté de se faire passer pour un militaire de l’armée ivoirienne. « Il a bien été promu général dans le cadre de son association et s’est toujours présenté comme tel », insiste son conseil.

En Côte d’Ivoire, les affaires de port illégal de tenue militaire sont fréquentes, déplore une source au sein de l’état-major des armées. En juillet, un homme se présentant comme adjudant de la gendarmerie avait ainsi été interpellé et condamné à six mois de prison. La sanction prévue par la loi va jusqu’à deux ans d’emprisonnement, une peine assortie d’une amende pouvant monter jusqu’à 1,5 million de francs CFA.

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