Aaron Akinocho
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Un pays en paix avec lui-même. C’est un pan de son agenda politique qu’Alassane Ouattara n’a jamais oublié. Conscient d’avoir hérité d’une Côte d’Ivoire fracturée et traumatisée, le président a toujours souligné la nécessité de réconcilier tous les citoyens du pays.
Il faudra plus que la magie du sport
Des efforts importants ont été consentis et on peut désormais dire que ce défi a été relevé. Simone Gbagbo a été graciée. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, acquittés par la CPI à La Haye, sont de retour chez eux et participent de nouveau à la vie politique. Le président a repris langue avec Guillaume Soro qui prépare son retour d’exil. Sur le plan politique, on peut parler d’un parcours sans faute qui force l’admiration tant l’enjeu était colossal. Les difficultés ayant été aplanies, il convient de laisser le temps faire son œuvre.
Pour le gouvernement, l’autre défi qui se pose à présent est celui de la cohésion sociale. Il s’agit pour la Côte d’Ivoire de faire nation et de renforcer le sentiment d’appartenance de tous les citoyens. À cet égard, l’organisation d’une Coupe d’Afrique des nations (CAN) de très belle tenue et le sacre de l’équipe nationale constituent un satisfecit indéniable. Le temps d’un mois, les différences ont été abolies, et les Ivoiriens ont vibré d’un même élan du Nord au Sud. Mais l’exécutif a conscience qu’il faudra plus que la magie du sport pour atteindre son objectif.
La création d’un ministère dédié à la cohésion nationale traduit l’importance de cet enjeu pour le gouvernement d’Alassane Ouattara. Pour Belmonde Dogo Myss Logboh, en charge de ce portefeuille, il s’agit de faire de la diversité du pays une force. « Nous avons plus de 60 ethnies qui ont su se retrouver à un moment donné de notre pays pour en faire une Côte d’Ivoire et notre plus grand bonheur sera de continuer ce que nos arrières-parents ont fait en se mettant ensemble pour construire la nation, » affirme-t-elle.
Multiplier les efforts sur le terrain
Outre les efforts institutionnels comme la mise en place d’un plan de cohésion nationale, cette vision tend à se matérialiser de façon concrète dans la vie des Ivoiriens. Ainsi, par exemple, après la destruction de quartiers précaires informels, régulièrement exposés à des inondations ou à des glissements de terrain, à Yopougon et Attécoubé, les populations « déguerpies » ont été indemnisées à hauteur de 250 000 F CFA. Un premier pas, assure la ministre Belmonde Dogo, qui souligne l’engagement de l’exécutif à reloger les ménages concernés: « Ce que vous traversez touche tout le monde. Mais il fallait vous rencontrer pour vous apporter une réponse holistique. En plus des maisons qui seront construites sur les sites identifiés, vous bénéficierez de toutes les infrastructures sociales de base qui vont avec. Vous aurez un cadre de vie décent où il fait bon vivre. »
Il y a deux ans, à la veille de la fête nationale, le président de la République lui-même annonçait une augmentation des allocations familiales et la revalorisation des retraites. Coût de la mesure: 227 milliards F CFA annuels. Environ quinze mois plus tard, l’exécutif augmentera le salaire minimum pour la première fois en sept ans. La hausse, de 25 %, participe également de ce désir d’amélioration des conditions de vies, terreau indispensable de la cohésion sociale.
Le gouvernement sait qu’il doit multiplier les efforts sur le terrain économique et social pour atteindre son objectif. Des problèmes structurels comme l’accès au foncier, qui ont été identifiés comme des facteurs qui minent les actions du pouvoir en faveur de la cohésion nationale, doivent être adressés.
La prochaine élection présidentielle, en 2025, constitue également une échéance majeure, dont la gestion peut être crisogène ou source de paix. À ce niveau, l’exécutif multiplie les signaux, échange avec toutes les forces vives de la nation et donne des gages de sa bonne foi. Suffisant pour réussir ? Seul le temps le dira, mais l’engagement du président Ouattara sur ces questions est à saluer, et laisser derrière soi un pays réconcilié avec lui-même, uni, et ayant des perspectives radieuses serait un bel héritage.
Source: JeuneAfrique
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