Florence Richard
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les deux hommes, qui ne se sont plus parlé depuis janvier 2020, se rapprochent dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Ils pourraient se rencontrer dans les prochaines semaines.
La date de leur entrevue n’a pas encore été fixée mais Pascal Affi N’Guessan a bon espoir qu’elle puisse se tenir avant la fin novembre. Alors qu’ils n’ont plus eu de contacts depuis janvier 2020, l’actuel président du Front populaire ivoirien (FPI), candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2025, devrait ainsi prochainement renouer avec Laurent Gbagbo pour tenter de trouver un terrain d’entente en prévision du scrutin national. Les deux hommes ont longtemps été en conflit pour le leadership du FPI, avant de couper définitivement les ponts.
« Volonté de rapprochement réelle »
Une première réunion préparatoire s’est tenue à Abidjan: le 12 novembre, une délégation conduite par Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), fondé par l’ancien président ivoirien, a été reçue par le nouveau secrétaire général du FPI, Barthélémy Iré Gnépa. L’occasion pour le premier de remettre « un document-cadre qui pourrait servir de base de discussions » au second. « Les choses sont très bien engagées et la volonté de rapprochement est réelle », assure Pascal Affi N’Guessan interrogé par Jeune Afrique lors de son passage à Paris la semaine dernière.
En juillet dernier, Laurent Gbagbo, fondateur du FPI dans les années 80, à la tête de sa nouvelle formation politique depuis son retour en Côte d’Ivoire après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), a lancé un appel aux partis d’opposition pour former une coalition afin de battre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et pour la paix (RHDP, au pouvoir) en 2025. Une initiative saluée par son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, convaincu lui aussi de la nécessité d’un front commun pour ravir le pouvoir à la formation politique d’Alassane Ouattara – qui n’a pas encore fait part de ses intentions pour 2025 – et « de ne pas s’enfermer dans les ressentiments et les logiques de blocage ».
Cette coalition pourrait inclure deux autres partis: le Mouvement des générations capables (MGC) de l’ancienne première dame, Simone Ehivet Gbagbo – le couple a divorcé en juin 2023 et Laurent Gbagbo s’est depuis remarié -, ainsi que le Congrès pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé Goudé. Ces deux personnalités, dont les ambitions présidentielles sont connues, ne sont plus en contact régulier avec l’ancien chef de l’État depuis plusieurs années.
« Il s’agit de savoir si nous sommes capables de dépasser les ressentiments au nom de l’intérêt général. Il faut nous interroger sur la façon de sortir la Côte d’Ivoire de la politique que nous propose le RHDP, et comment reprendre notre projet de développement national bloqué avec l’arrivée de la rébellion armée. Je considère que ces enjeux sont plus importants que tout. Même au plan individuel, notre avenir en dépend », estime Pascal Affi N’Guessan.
« Le retrait de Monsieur Ouattara serait salutaire »
L’idéal, selon lui, serait une « candidature unique de toute la gauche » avant la présidentielle, conscient que « si nous y allons en rang dispersé, cela amenuise nos chances d’aller au second tour ». Pour l’heure, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont tous les deux inéligibles en raison d’une condamnation judiciaire prononcée par la justice ivoirienne qui les prive de leurs droits civiques. Le PPA-CI milite activement pour une réinscription de l’ancien président sur les listes électorales.
« Le retrait de Monsieur Ouattara serait salutaire pour le pays. Cela donnerait une chance à la Côte d’Ivoire de repartir sur de nouvelles bases », affirme par ailleurs Pascal Affi N’Guessan qui, en mai 2023, avait noué « un partenariat pour la réconciliation nationale » avec le parti au pouvoir. Une alliance finalement rompue début septembre, mais qui a coûté cher au FPI « en termes d’image » reconnaît Pascal Affi N’Guessan, mais aussi sur le plan politique, puisque le parti d’opposition a perdu du terrain après des accords électoraux avec le RHDP qui ne lui ont pas été favorables lors des dernières élections locales. Une situation qui a ouvert une crise au sein du parti.
Source: JeuneAfrique
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