Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire place la nutrition au cœur de sa stratégie de développement humain avec le lancement du Plan National Multisectoriel de Nutrition (PNMN) 2024-2027, évalué à 205 milliards FCFA (environ 350 millions USD). Officiellement présenté lors d’une table ronde de mobilisation des ressources à Abidjan, ce plan ambitieux reflète la volonté ferme de l’État ivoirin de lutter contre les formes multiples de malnutrition et de garantir un avenir sain à sa population, majoritairement jeune.
La nutrition est depuis 2011 une priorité stratégique sous l’impulsion du Président Alassane Ouattara. L’adhésion du pays au Mouvement SUN (Scaling Up Nutrition) en 2013 a marqué un tournant majeur, aboutissant à la mise en place d’une gouvernance dédiée avec le Conseil National pour la Nutrition (CONANUT), rattaché à la Présidence.
Après un premier plan exécuté entre 2016 et 2020, le PNMN 2024-2027 s’inscrit dans une dynamique de continuité et de consolidation, intégrant les enseignements du passé et les résultats d’une phase transitoire (2021-2023).
Le PNMN adopte une approche multisectorielle intégrée, mobilisant les ministères de la Santé, de l’agriculture, de l’éducation, de l’eau, de la protection sociale et bien d’autres. Il vise à réduire la malnutrition chronique, le faible poids à la naissance, la prévalence de l’anémie chez les femmes, augmenter l’allaitement exclusif, et stabiliser le surpoids.
Il se structure autour de quatre effets prioritaires, l’adoption des bonnes pratiques nutritionnelles et sanitaire, l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, les soins attentifs aux enfants de moins de cinq ans et le renforcement institutionnel et la coordination multisectorielle
La mise en œuvre du plan s’appuie sur la stratégie innovante des FRANC-DPE (Foyers de Renforcement des Activités de Nutrition Communautaire et de Développement de la Petite Enfance), avec l’objectif de passer de 2 365 structures existantes à 5 000 nouvelles, pour couvrir 75% du territoire national.
L’État de Côte d’Ivoire s’est engagé à financer 15% du PNMN, soit 31 milliards FCFA, laissant un besoin de financement de 174 milliards FCFA (près de 300 millions USD). D’où l’organisation de cette table ronde visant à mobiliser les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les ONG et les fondations philanthropiques.
Le PNMN 2024-2027 se décline en 13 projets phares, dont 4 sectoriels et 9 multisectoriels, alignés sur les ODD. Parmi eux figurent, l’extension des FRANC-DPE (42,4 milliards FCFA), l’appui à la petite enfance (11,2 milliards FCFA), la sécurité sanitaire des aliments (7 milliards FCFA), l’autonomisation des femmes dans les zones vulnérables (16,5 milliards FCFA), l’accélération de l’allaitement maternel (5,8 milliards FCFA), l’enrichissement du riz en micronutriments (14,3 milliards FCFA), le renforcement de l’accès à l’eau potable (25,4 milliards FCFA), l’appui aux cantines scolaires (42,4 milliards FCFA), la lutte contre l’anémie maternelle (61,6 milliards FCFA, dont 9,2 milliards déjà mobilisés par l’État) et la gouvernance, la recherche et le suivi citoyen indépendant pour plus de transparence et d’impact.
Le Vice-Président de la République, Tiémoko Meyliet Koné, a rappelé que « le financement de la nutrition n’est pas une charge, mais un investissement dans le capital humain ». Il a assuré que les fonds mobilisés seront utilisés avec rigueur, efficacité et transparence, dans le cadre du Plan National de Développement.
Le Ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, quant à lui, a salué l’implication des ministères sectoriels et a mis à la disposition des partenaires 13 fiches projets claires pour orienter les contributions au financement du PNMN.
Avec ses 29,4 millions d’habitants et une croissance économique de 6,1 % en 2024, la Côte d’Ivoire affirme que la croissance ne peut être inclusive sans une population bien nourrie. L’atteinte des objectifs du PNMN est un enjeu de souveraineté, de stabilité sociale et de développement économique durable.
À travers cette initiative, la Côte d’Ivoire réaffirme son engagement à éradiquer toutes les formes de malnutrition d’ici 2030. Mais cet engagement ne pourra se concrétiser sans une mobilisation nationale et internationale.
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