Africa-Press – Côte d’Ivoire. Thiam et des cadres du parti à Abidjan avant sa radiation et son départ pour la France (archive)
Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une nouvelle élection présidentielle dans quelques mois, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), principal parti d’opposition, traverse une période de turbulences sans précédent.
Dans une déclaration publique rendue ce dimanche 18 mai, la Coordination des Cadres du PDCI-RDA tire la sonnette d’alarme sur une série de dysfonctionnements internes qui menacent, selon elle, l’unité, la cohésion, et même la survie du parti.
Depuis près de deux ans, le PDCI-RDA est embourbé dans un tourbillon politico-judiciaire, où des militants, parfois influents, multiplient les recours en justice contre des décisions internes. Pour les signataires de la déclaration, cette judiciarisation excessive traduit une profonde crise de confiance envers les organes de médiation et de gouvernance du parti. Elle révèle aussi une absence de dialogue structuré et une marginalisation des voix critiques.
La Coordination, composée notamment de membres du Bureau politique, d’anciens parlementaires, de maires, de présidents de conseils régionaux ainsi que de personnalités issues de la diaspora, s’inquiète de cette situation qui détourne le parti de son objectif principal: la reconquête du pouvoir d’État.
Le départ surprise de Tidjane Thiam de la présidence du parti, annoncé par communiqué dans la nuit du 11 mai, quelques jours avant le verdict d’un procès crucial, a suscité une vive incompréhension.
Cette manœuvre, qualifiée de « Blitzkrieg » par la Coordination, visait à le réinstaller immédiatement via un congrès extraordinaire, en contournant les procédures habituelles.
Une démarche jugée précipitée et déconnectée du contexte politique national, marqué par des rapports tendus entre l’opposition et le régime en place.
Pour la Coordination, cette opération traduit une méconnaissance du climat politique actuel et une sous-estimation des risques judiciaires et institutionnels encourus.
La déclaration met en lumière un certain nombre de questions stratégiques essentielles:
La gouvernance actuelle est-elle à la hauteur des enjeux?
Le PDCI-RDA a-t-il fait les bons choix tactiques?
Le parti privilégie-t-il ses intérêts collectifs ou ceux de quelques-uns?
Au cœur des critiques: le manque d’inclusivité dans les prises de décision et l’absence de débats internes ouverts et constructifs. Les auteurs appellent à une introspection collective et à une remobilisation autour des valeurs fondatrices du parti: dialogue, concorde, équité, et service de l’intérêt général.
La Coordination des Cadres insiste sur l’urgence de recentrer le combat politique sur les vrais enjeux: l’audit de la liste électorale, sa révision pour y réintégrer les personnes injustement radiées, notamment le président Thiam lui-même, dont l’éligibilité est aujourd’hui remise en cause.
Une question centrale est posée: « Qu’est-ce qui est le plus important? L’identité du candidat du parti ou la survie du PDCI-RDA et sa capacité à gagner la prochaine présidentielle? »
Pour approfondir ses analyses et propositions, la Coordination annonce la tenue prochaine d’une conférence de presse, dans le but d’éclairer davantage les militants et l’opinion publique sur la situation interne du parti et les perspectives politiques nationales.
La déclaration se termine par un appel à la mémoire collective et à l’héritage du PDCI-RDA:
« Nous sommes le Syndicat Agricole Africain ! Nous sommes le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire ! Nous sommes le Rassemblement Démocratique Africain ! Le PDCI-RDA vivra, vivra, et vaincra ! »
Notons que les signataires de cette déclaration sont , Claude Innocent Emolo – Président de la Coordination des Cadres du PDCI-RDA, membre du Bureau politique
Dr Vitrice Yekpe – Rapporteur de la Coordination.
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