Africa-Press – Côte d’Ivoire. Après quatre éditions fructueuses en Côte d’Ivoire, le Cyber Africa Forum (CAF) se délocalise pour sa cinquième édition. Cet événement majeur, qui rassemble les décideurs et hauts dirigeants du secteur numérique en Afrique, se tiendra les 24 et 25 juin 2025 à Cotonou, la capitale béninoise.
L’annonce a été faite le vendredi 23 mai à Cocody par Franck Kié, commissaire général du Forum, lors d’une conférence de presse. Il était accompagné de Karen Diallo, directrice de la transformation digitale au ministère ivoirien de la Transition numérique, et de Joseph Olivier Biley, co-fondateur et CEO de Jool International.
Au programme de ces deux jours, le commissaire général a annoncé des panels, des keynotes, des masterclass, ainsi que des compétitions, notamment le Hacker Lab. Des moments de réseautage seront également prévus pour favoriser les échanges entre acteurs publics, privés et investisseurs.
Le CAF 2025 s’articulera autour de trois grandes thématiques: la cyber-résilience, la transformation digitale et l’innovation, ainsi que l’entrepreneuriat numérique, avec un accent particulier sur les start-ups. « Cette année, nous allons créer un espace, l’Agora Tech, pour permettre aux jeunes pousses africaines de pitcher leurs projets et de rencontrer des investisseurs. C’est une première », a souligné Franck Kié.
L’événement attend près de 1 000 participants venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Près de 90 partenaires, dont des entreprises de renom telles que Deloitte, Kaspersky, Aviza, la BOAD, Smart Africa, ainsi que des nouveaux venus comme Orbus ou HCL, soutiennent cette initiative.
Plusieurs programmes phares seront reconduits, tels que le Cyber Africa Women, dédié à l’inclusion des femmes dans le numérique, le Hacker Lab, une compétition de hacking visant à détecter les talents africains en cybersécurité, et Cyber Incube, qui accompagne les start-ups dans ce domaine. En collaboration avec le gouvernement béninois, un pavillon sera dédié à une quinzaine de jeunes entreprises labellisées par les autorités locales.
« Nous souhaitons que ce Forum soit également une vitrine du Bénin, c’est pourquoi un parcours touristique est prévu pour nos partenaires étrangers. Cela s’inscrit dans une dynamique de diplomatie économique et culturelle », a expliqué Franck Kié.
Il a également précisé que cette délocalisation ne signifie pas une rupture avec Abidjan. « Le CAF reste un produit ivoirien. Il est né ici et s’est développé ici. C’est maintenant le moment de montrer que nos initiatives peuvent voyager, s’implanter ailleurs et rester influentes », a-t-il insisté.
Franck Kié a rappelé que l’idée du Forum lui est venue en 2019 alors qu’il était consultant en cybersécurité. Aujourd’hui, le CAF revendique plus de 6 000 participants cumulés et une reconnaissance grandissante au-delà du continent africain.
La conférence de presse a été axée sur le thème: « Accélérer la transformation numérique sous-régionale: Quelles alliances pour relever les défis de la 4e révolution industrielle? » Les intervenants ont également répondu à plusieurs préoccupations autour de cette thématique.
Concernant le rêve d’un cyberespace africain sûr et intégré, qui tarde à se concrétiser, Franck Kié a souligné que « tant que nos pays ne prendront pas pleinement conscience de leur vulnérabilité numérique, les investissements resteront insuffisants ». Il a déploré le retard de l’Afrique face aux grandes puissances en matière d’intelligence artificielle et de cybersécurité, affirmant que « si nous ne changeons pas d’échelle maintenant, nous resterons spectateurs de notre avenir numérique ».
Il a également mis en avant le manque de capital humain, en déclarant: « Sans ingénieurs, sans chercheurs, sans jeunes formés et engagés, nous n’irons nulle part. »
Karen Diallo, directrice de la transformation digitale du ministère ivoirien de la Transition numérique, a rappelé les fondements de la Stratégie nationale du numérique 2021-2025, qui repose sur sept piliers majeurs: infrastructure, services numériques, services financiers, innovation, cybersécurité, environnement des affaires et compétences digitales. Elle a également annoncé qu’une loi sur l’intelligence artificielle est en préparation pour encadrer son usage en Côte d’Ivoire tout en stimulant un écosystème de confiance.
Joseph Olivier Biley a insisté sur l’importance des partenariats publics-privés pour dynamiser l’écosystème numérique. « Nous n’attendons pas de l’État qu’il finance toutes les start-ups, mais qu’il reconnaisse leur expertise, leur fasse confiance et les intègre dans ses stratégies. Cette reconnaissance est le socle du leapfrog que nous appelons de nos vœux dans chaque secteur », a-t-il affirmé.
Enfin, il a justifié l’engagement du CI20 aux côtés du CAF pour cette édition béninoise en saluant l’esprit de collaboration qui anime le Forum. « Seuls, nous allons plus vite ; ensemble, nous allons plus loin. Le CAF représente cette dynamique collective. Nous irons à Cotonou pour apprendre, partager et démontrer que l’excellence ivoirienne en matière de technologie peut également servir de modèle dans la sous-région », a-t-il conclu.
Depuis sa création, le Cyber Africa Forum a rassemblé plus de 6 000 participants et a vu la participation de plus d’une cinquantaine de pays.
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