Après les propos du porte-parole du Gouvernement, Gbagbo : « Il y a des gens qui veulent développer des fausses polémiques »

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Après les propos du porte-parole du Gouvernement, Gbagbo : « Il y a des gens qui veulent développer des fausses polémiques »
Après les propos du porte-parole du Gouvernement, Gbagbo : « Il y a des gens qui veulent développer des fausses polémiques »

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo jeudi à Abidjan (DR)

« Pourquoi il y a les prisonniers militaires dans notre pays aujourd’hui ? Dix ans après la crise ? Pourquoi ? Je ne peux pas accepter ça. Je n’accepte pas ce que je ne comprends pas . Or ça je ne comprends pas. Je suis venu, j’ai plaidé, on ne m’a pas assez entendus. Je vais continuer à plaider jusqu’à ce qu’on m’entende. Parce que si nous continuons sur cette lancée, on n’aura plus d’armée. Parce qu’un militaire est fait pour obéir aux ordres de la hiérarchie qui est civil et politique. Que les militaires se mettent à la disposition du civil politique, ça, c’est depuis l’antiquité et c’est cette règle qui prévaut. Donc le militaire qui est là, qui répond aux ordres du civil, tu arrêtes le civil, mais ça suffit. Mais tu arrêtes le militaire dont le rôle est d’obéir, ça ne signifie plus rien. Tu libères le civil et le militaire reste là-bas, pourquoi ? C’est pourquoi, il faut que le droit soit clairement connu par ceux qui doivent gouverner. Et ceux qui doivent gouverner doivent savoir comment est-ce que l’application du droit peut impacter la vie de citoyens. Moi je suis militaire, on m’a donné l’ordre de barrer la ville d’Adzopé pour empêcher les rebelles, je fais ça et on m’arrête. Mais pourquoi vous m’arrêtez ? On m’a donné un ordre, j’ai obéi. Allez arrêter celui qui m’a donné l’ordre. Mais vous, vous l’arrêtez, il est libéré et moi je suis en prison. On n’aura plus d’armées si on continue comme ça. Cela n’est pas une bonne chose pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Il nous faut donc travailler à ça », déclarait Laurent Gbagbo, Président du Parti Pour les Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), lors du premier Secrétariat Général de son parti, le 22 novembre dernier.

A l’issu du Conseil des Ministres du mercredi 1er décembre 2021, le porte-parole du Gouvernement, Amadou Coulibaly, a cru bon de répondre « sèchement » à l’ancien chef de l’Etat en tenant de tels propos :

« En ce qui concerne, l’interrogation de monsieur Laurent Gbagbo. Je voudrais m’interroger de la récurrence de cette interrogation. J’ai ici déjà eu à répondre à cette question en rappelant que les faits pour lesquels, Monsieur Gbagbo a été poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI) sont totalement différents de ceux pour lesquels, il a été poursuivi et condamné en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne les militaires, il faut rappeler que ces militaires sont poursuivis pour des crimes de sang, assassinat, meurtre, enlèvement tortures, soustraction de cadavres. Au cours de la folie meurtrière que notre pays a connue pendant la crise postélectorale, beaucoup d’horreurs ont été commises et par respect pour la famille de M. Yves Lambelin et de ses collaborateurs et de même par respect pour la famille du Directeur général de Novotel, Stéphane Frantz Di Rippel, je ne vais pas revenir sur les horreurs que ces personnes ont subies. C’étaient des crimes de sang assez grave. Maintenant je m’étonne de la récurrence de cette interrogation ; mais ce que je veux dire, c’est qu’en matière pénale, monsieur Gbagbo doit le savoir, lui qui a une batterie d’avocats internationaux avec lui, il doit savoir qu’en matière pénale, la responsabilité est pénale. Ces individus sont poursuivis pour des crimes qu’ils ont commis eux-mêmes. Maintenant Gbagbo doit savoir également qu’en matière pénale, l’aveu est la reine des preuves. Est-ce que la récurrence de cette interrogation est une forme d’aveu ? Monsieur Gbagbo est-il en train de nous dire que c’est lui qui a donné des instructions. Si tel est le cas cela pourrait intéresser la justice. Parce qu’il ouvre la voie à une autre procédure à partir du moment où l’aveu est la reine des preuves. Ceci étant, si tant il est que ces nuits sont troublées, il peut faciliter le travail de la justice en se rendant lui-même à la justice en avouant en reconnaissant sa responsabilité. Ça serait un comportement de Woody, ce n’est pas bien de vouloir exploiter l’émotion et je dirais même la naïveté de ses partisans pour blanchir sa conscience, c’est malheureusement malsain. Les faits sont là, ils sont poursuivis pour des crimes de sang. S’il sent qu’il a une quelconque responsabilité qu’il facilite le travail de la justice en allant lui-même se rendre à la justice. Mais il ne peut pas continuer à utiliser la naïveté de ses partisans parce qu’il a un problème de conscience », fin de citation.

Des propos du Ministre de Ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie jugés de « belliqueux » et « irrévérencieux » de part par les partisans de l’ancien président ivoirien et d’ailleurs son aîné.

Mais l’animal politique comme on le surnomme a profité jeudi à Abidjan d’une rencontre avec une très forte délégation des Peuples Akyé, Gwa et Agni de la Région de la Mé venue le saleur après son retour au pays, pour recadrer les choses.

Ci-dessous sa réaction après la sortie du porte-parole du Gouvernement…

« Aussi, il y a des gens qui veulent développer des fausses polémiques sur ma demande de libération de tous les prisonniers politiques et maintenant sur tous les prisonniers militaires qui sont des prisonniers politiques, dans le cas d’espèce aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Moi je ne les comprends pas ou bien je les comprends trop. Enfin, une crise éclate, depuis 2001. Une rébellion s’attaque à la Côte d’Ivoire et vous voulez que les militaires restent les bras croisés ? Leur métier, c’est de défendre les institutions et le territoire ivoirien. La première attaque a eu lieu en janvier 2001. Je me rappelle, j’étais à Mama, quand on m’a appelé pour dire que les gens avaient pris la radio et la télévision. Ils m’ont réveillé la nuit vers 2 heures du matin, j’ai parlé avec les ministres qui étaient sur place. Ils ont dit : « Président il n’y a pas de problèmes, nous sommes sur le terrain avec les policiers, gendarmes et les militaires et nous sommes entrain de nettoyer la radio et la Télévision. Je dis-moi : « je vais dormir si vous finissez, appellez-moi.” Et Je suis allé me coucher. Quand ils ont fini, ils m’ont appelé vers 3 heures me dire qu’ils ont terminé et je leur ai dit « félicitations, vous avez fait un bon travail. » En septembre 2002, je suis en Italie, ils recommencent et là ça a duré jusqu’en 2011. Les militaires ont fait le travail pour lequel ils sont payés. C’est-à-dire ils ont défendu la Côte d’Ivoire. Quand j’étais à la CPI, ils ont cité des témoins militaires, des officiers, mais aucun ne m’a accusé, aucun n’a dit que j’ai donné l’ordre d’aller tuer des gens même ceux qui fanfaronnaient, aucun. Parce que ce n’est même pas utile, ils font leur travail ! Ou ils sont vaincus ou ils sont vainqueurs, mais tous les Généraux qui sont passés à la barre à la Haye, m’ont défendu. Malgré qu’ils soient des témoins à charge, ils ont témoigné pour moi. Bon je suis revenu au pays, Alors d’où ça sort qu’ils soient encore en prison ! C’est ça la question ! D’où ça sort qu’ils soient encore en prison ? C’est que soit on avait d’autres raisons de les mettre en prison. Parce que si Gbagbo est acquitté et libéré, ceux qui y sont n’ont plus de raison d’être en prison. C’est une logique qui est élémentaire sauf si on a d’autres idées, comme amputer l’armée de ces meilleurs éléments, par exemple. Normalement, une fois qu’on m’arrête, on ne devrait pas arrêter les subordonnés puisque c’est moi le donneur d’ordre. C’est moi le Chef de la Gendarmerie, de l’armée, de la police. J’ai répondu à toutes les questions, je n’ai jamais cité aucun militaire, je n’ai jamais mis en cause un militaire à la CPI. Je ne peux pas être devant les tribunaux et mettre en cause mes subordonnés. Je n’ai jamais mis en cause aucun de mes subordonnés. Et quand on les a cités à la barre pour témoigner contre moi, ce sont eux qui m’ont défendu donc je dis que nous sommes dans une situation incongrue, loufoque où le donneur d’ordre est dehors et les exécutants sont en prison. Ou on estime qu’il a donné de mauvais ordres et donc c’est lui qui doit être en prison, mais on estime que je ne suis coupable de rien, c’est ce qu’acquitter veut dire, qu’il n’est pas reconnu coupable de tout ce qu’on lui reproche donc on le laisse partir à la maison et si c’est ça, j’estime que les militaires qui sont encore en prison n’ont plus à être en prison et je continue de plaider pour qu’ils soient libérés. Celui qui fait une autre interprétation ne comprend rien » a déclaré l’ancien détenu de la prison de Scheveningen à la Cour Pénale Internationale (CPI).

Donatien Kautcha, Abidjan

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