En Côte d’Ivoire, des ONG saisissent la Cedeao sur le dossier des détenus amnistiés en 2018

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En Côte d’Ivoire, des ONG saisissent la Cedeao sur le dossier des détenus amnistiés en 2018
En Côte d’Ivoire, des ONG saisissent la Cedeao sur le dossier des détenus amnistiés en 2018

Florence Richard

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Trois organisations de défense des droits humains ont saisi la Cour de justice de la Cedeao après que le Conseil d’État ivoirien s’est déclaré incompétent pour statuer sur leur recours portant sur l’amnistie, en 2018, de détenus accusés de crimes commis durant la crise postélectorale de 2010-2011.

« Le Conseil d’État encourage l’immunité. » C’est ce qu’estiment, dans un communiqué, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) après que la plus haute juridiction administrative ivoirienne s’est déclarée incompétente, le 20 mars, pour statuer sur le recours que ces trois ONG avaient déposé conjointement, en 2018, après qu’Alassane Ouattara eut amnistié 800 détenus.

Ouattara passe l’éponge

En août de cette année-là, le chef de l’État avait annoncé en direct à la radio-télévision nationale, lors du discours prononcé à l’occasion de la fête nationale, avoir signé une ordonnance d’amnistie pour ces détenus, poursuivis pour des crimes liés à la crise postélectorale de 2010-2011, ainsi que pour des infractions attentatoires à la sûreté de l’État et commises après le 21 mai 2011, date de son investiture.

Pour ces trois organisations des droits de l’homme, cette décision d’Alassane Ouattara allait à l’encontre de l’intérêt des victimes, qu’elles représentent en tant que partie civile.

« Cette décision [du Conseil d’État] laisse subsister l’ordonnance qui consacre l’amnistie. Cela constitue un déni de justice pour les victimes de la crise postélectorale », affirme Me Drissa Traoré, avocat et secrétaire général de la FIDH, cité dans le communiqué.

« Face à l’absence de justice, tant au niveau national qu’au niveau international, la FIDH, la Lidho et le MIDH ont décidé de saisir la Cour de justice de la Cedeao pour faire valoir le droit des victimes à obtenir justice et garantir l’application des normes internationales en matière de justice et de protection des droits humains », annoncent les trois ONG. Elles estiment que la décision du Conseil d’État est « contraire aux engagements régionaux et internationaux de l’État de Côte d’Ivoire en matière de droits humains ».

Dogbo Blé parmi les libérés

« Nous appelons le gouvernement ivoirien à replacer la justice au cœur de ses priorités, y compris en respectant ses engagements régionaux et internationaux en matière de droits humains », souligne Drissa Bamba, président du MIDH.

En février dernier, Alassane Ouattara avait gracié 51 prisonniers, civils et militaires, tous condamnés pour « des infractions commises lors des crises postélectorales ou pour atteinte à la sûreté de l’État ». Une mesure visant à décrisper le climat politique et à renforcer la cohésion nationale dans la foulée de la victoire des Éléphants à la CAN, à domicile.

Parmi les prisonniers libérés, Bruno Dogbo Blé, chef du Groupement de sécurité du président de la République (GSPR) sous la présidence de Laurent Gbagbo, et notamment condamné, en avril 2017, à dix-huit années de prison pour son implication dans l’affaire des « disparus du Novotel », ou encore Paulin Kate Gnatoa, un ancien officier (et adjoint de Dogbo Blé au GSPR) cité dans l’assassinat du général Robert Gueï.

Source: JeuneAfrique

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