Luc-Roland Kouassi
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lors de la fête annuelle de son parti, le week-end dernier, l’ancien président a une nouvelle fois égratigné son ancien ministre de la Jeunesse. De quoi susciter une petite polémique – et l’incompréhension de plusieurs observateurs.
C’est devenu le nouveau rendez-vous annuel du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI). Pour la deuxième édition de la Fête de la renaissance, dimanche 6 avril, à Agboville, à 80 kilomètres au nord d’Abidjan, Laurent Gbagbo a rassemblé des milliers de fidèles pour deux jours de meetings et de célébrations.
Le discours de l’ancien président, réputé pour ses performances d’orateur, clôturait les festivités. Pendant près d’une heure et demie, devant une foule liquéfiée par la canicule du mois de mars, Gbagbo a critiqué la cherté de la vie en Côte d’Ivoire et le prix du kilo de cacao, jugé trop bas. Il s’est aussi défendu sur l’affaire du braquage de la BCEAO et a prédit la fin prochaine du franc CFA.
Aucun de ces thèmes n’a autant retenu l’attention des Ivoiriens qu’une petite phrase sur sa relation avec sa seconde épouse, Nady Bamba. Revenant sur ses huit années d’incarcération à la prison de Scheveningen, à La Haye, Laurent Gbagbo a salué son « soutien » quotidien. « C’est elle qui me donnait de l’argent, a-t-il déclaré. Parce que la nourriture en prison est tellement mauvaise qu’on était obligés de préparer nous-mêmes les repas. » Et l’ancien détenu de poursuivre: « Il y en a un qui dit partout que c’est lui qui préparait pour moi. Mais il ne vous dit pas où il enlevait l’argent. C’est Nady qui donnait de l’argent pour préparer pour nous tous. »
Manque d’élégance
S’il ne le cite pas, l’homme dont parle Gbagbo est bien sûr son ancien lieutenant Charles Blé Goudé, inculpé comme lui de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) et qui, ces derniers mois, se targuait souvent d’avoir cuisiné pour lui lors de leurs années de détention communes à La Haye. Très vite, beaucoup s’indignent de ce tacle de l’ex-chef de l’État et dénoncent un manque d’élégance, voire une forme d’ingratitude, à l’égard de son ancien ministre de la Jeunesse, qui a fait de la prison pour s’être engagé à ses côtés.
Depuis leurs retours en Côte d’Ivoire, respectivement en 2021 et 2022, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé entretiennent des rapports complexes. Quand le premier fonde le PPA-CI, le second refuse de s’y rallier et se consacre à son propre parti, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep). Il se rapproche aussi de Simone Gbagbo, l’ex-femme de Laurent – avec lequel elle entretient des rapports exécrables – qui a également créé sa formation, le Mouvement des générations capables (MGC).
En public, Blé Goudé veille pourtant à ne jamais égratigner son aîné. « Tous ceux qui espèrent un conflit entre Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo pour exister sont dans l’erreur. […] Nos dossiers étaient liés au procès de La Haye, nous avons subi les mêmes choses », expliquait-il à Jeune Afrique en avril 2023.
Malgré la polémique montante sur cette histoire de « popote de La Haye », Blé Goudé et son entourage ont décidé de ne pas répondre et de minimiser. « C’est un potin. Je ne comprends pas pourquoi les Ivoiriens s’attardent sur cette affaire. Le président du Cojep est actuellement au Cameroun pour exposer son projet panafricaniste et n’a pas le temps pour ça », conclut un de ses proches.
Source: JeuneAfrique
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