En Côte d’Ivoire, qui tirera son épingle du jeu aux élections locales ?

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En Côte d’Ivoire, qui tirera son épingle du jeu aux élections locales ?
En Côte d’Ivoire, qui tirera son épingle du jeu aux élections locales ?

Florence Richard

Africa-Press – Côte d’Ivoire. À l’occasion des élections municipales et régionales du 2 septembre, le RHDP confirmera-t-il sa domination ? Le PDCI, endeuillé, résistera-t-il ? Quel score obtiendra le PPA-CI de Laurent Gbagbo ? Tour d’horizon des points chauds et des personnalités qui jouent gros dans ces scrutins.

Yopougon : le quitte ou double d’Adama Bictogo

Désigné par le président Alassane Ouattara pour maintenir la commune la plus peuplée du pays dans le giron du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le président de l’Assemblée nationale sait que l’issue de cette élection déterminera son avenir politique. À deux ans de la présidentielle, une victoire serait un coup d’éclat pour ce cadre du RHDP ambitieux, par ailleurs député d’Agboville et homme d’affaires prospère, qui déploie depuis des mois des moyens considérables dans cette campagne.

« Yop », commune de 1,5 million d’habitants selon le recensement de 2021 – probablement plus –, dont un tiers d’électeurs, a longtemps été considéré comme l’un des fiefs de Laurent Gbagbo. Sans surprise, l’ancien président avait choisi, à la fin de mars, d’y tenir son premier grand meeting depuis son retour à Abidjan en 2021, à la suite de son acquittement définitif par la Cour pénale internationale (CPI).

Qui de mieux que son fils, Michel Gbagbo, pour conduire la liste du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, la nouvelle formation politique de son père), lui qui avait été élu député de la commune en 2021 ? Le PPA-CI n’est toutefois pas parvenu à s’entendre avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) sur la formation d’une liste commune. Dia Houphouët Augustin Yohou, soutenu par l’ancienne première dame Simone Gbagbo, a donc maintenu sa candidature. Une dispersion des voix de l’opposition qui pourrait faire les affaires de Bictogo.

Haut-Sassandra : le pari de Mamadou Touré

Ministre de la Promotion de la jeunesse et porte-parole adjoint du RHDP, Mamadou Touré, 47 ans, brigue pour la première fois la présidence de sa région natale, le Haut-Sassandra (Centre-Ouest). Celui qui fut le porte-parole adjoint d’Alassane Ouattara pendant la campagne présidentielle de 2020 y jouit déjà d’un ancrage local : il avait été réélu député de la circonscription de Daloa, la capitale régionale, en 2021.

Longtemps annoncé, son duel avec Stéphane Kipré, 43 ans, ex-gendre de Laurent Gbagbo et vice-président exécutif du PPA-CI en charge de l’implantation nationale, n’aura finalement pas lieu. Kipré s’est en effet retiré au profit du président sortant du conseil régional, Alphonse Djédjé Mady, figure historique du PDCI. L’opposition est bien résolue à conserver cette riche région cacaoyère.

Cocody, Port-Bouët… Même endeuillé, le PDCI compte résister

Bouleversé par la mort, le 1er août, de son président, Henri Konan Bédié, le PDCI ne compte pas pour autant passer à côté de ces locales et espère – au moins – une réélection dans les communes et régions qui lui sont déjà acquises.

Parmi celles-ci, la commune abidjanaise huppée de Cocody où, comme lors des municipales de 2018, la députée Yasmina Ouégnin a maintenu sa candidature malgré la décision du parti d’investir le maire sortant, Jean-Marc Yacé. Ils affronteront notamment Éric Taba, le discret chef du protocole d’Alassane Ouattara, qui a reçu le soutien du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.

À Yamoussoukro, le PDCI a désigné le premier adjoint au maire Patrice Kouassi Kouamé, préféré à l’édile sortant Jean Kouacou Gnrangbé Kouadio. Face à lui, le RHDP a aligné un poids lourd du gouvernement, Souleymane Diarrassouba, ministre du Commerce et de l’Industrie, banquier de formation et natif de la ville.

Enfin, à Port-Bouët, le maire PDCI sortant, Sylvestre Emmou, est candidat à sa réélection face au secrétaire départemental du RHDP, Ibrahim Konaté, et au porte-parole du PPA-CI, Justin Koné Katinan. En 2018, le vote dans cette commune, qui abrite le port d’Abidjan et son aéroport international, avait été reporté à la suite de violences.

La Mé : le couple Achi en terrain conquis

C’est main dans la main qu’ils ont lancé leur campagne officielle ce 26 août, à Adzopé. D’un côté, le Premier ministre, Patrick Achi, candidat à sa réélection dans sa région, La Mé (Sud-Ouest), qu’il dirige depuis déjà dix ans. De l’autre, son épouse, Florence Achi, candidate pour la première fois à la mairie d’Adzopé, chef-lieu régional et village de son époux.

Cette dernière sait qu’elle peut compter sur le soutien de son mari. « J’ai confiance en [elle], elle ne vous décevra pas et je serai là tous les jours pour l’appuyer afin qu’elle puisse être à la hauteur », a-t-il lancé lors de leur meeting commun. Très bien implanté localement, le chef du gouvernement sait sa réélection acquise face à Léon Emmanuel Monnet, candidat du PPA-CI et cousin de son épouse.

Moronou : Affi N’Guessan soutenu par le RHDP

Le 2 mai, le FPI de Pascal Affi N’Guessan et le RHDP s’entendaient sur « un accord de partenariat pour la démocratie, la cohésion et la démocratie ».

Dans les communes abidjanaises d’Abobo et de Cocody, ainsi que dans la région du Haut-Sassandra, les deux formations politiques se sont très tôt accordées sur des listes communes. Dans tous les cas, le FPI a retiré son candidat au profit de celui de la majorité présidentielle et a négocié des places de conseiller, d’adjoint ou de vice-président.

Après une période de flottement, le RHDP s’est finalement incliné dans la région du Moronou, fief de Pascal Affi N’Guessan. Son candidat, Ahondjon N’Guessan, dont l’épouse est la nièce de l’ancien Premier ministre et la maire d’Arrah, s’est rangé derrière le patron du FPI, faisant de ce dernier le grand favori.

Bouaké : Amadou Koné, grand favori

Le ministre des Transports, cousin de feu Amadou Gon Coulibaly et ancien directeur de cabinet de Guillaume Soro au temps de la rébellion des Forces nouvelles (FN), brigue pour la première fois la mairie de sa ville natale, Bouaké.

Nicolas Djibo, maire sortant (élu en tant qu’indépendant en 2013, puis réélu en 2018), cède sa place dans la seconde ville de Côte d’Ivoire, ancien bastion des FN entre 2002 et 2011, laminée par la crise puis durement frappée par des mouvements sociaux et une série de mutineries.

Élu député de la circonscription en 2021, le quinquagénaire Amadou Koné part grand favori face à une opposition qui s’est entendue pour former une liste commune que mènera Gnamien Konan, le candidat du PDCI.

Source: JeuneAfrique

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