Aïssatou Diallo
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Réélu maire de la commune abidjanaise de Koumassi, le secrétaire exécutif du RHDP dresse un bilan positif des élections locales organisées en septembre. Du 17 au 19 novembre, les dirigeants du parti au pouvoir se réunissent à Abidjan pour en tirer les leçons et faire des recommandations en vue de la présidentielle de 2025.
Désormais, pour accéder à la mairie de Koumassi, les voies sont dégagées et la circulation est plus fluide. C’est l’une des missions que s’était assignée Ibrahim Cissé Bacongo lors de son élection à la tête de cette commune populaire d’Abidjan, en 2018. Il a multiplié les déguerpissements de commerces anarchiques et mis l’accent sur l’assainissement afin de changer l’image de Koumassi. Si, dans un premier temps, de telles opérations ont fait grincer les dents d’une grande partie de ses concitoyens, ces derniers semblent avoir fini par épouser la vision de l’édile, qui a été réélu à la tête de la municipalité à l’issue des élections municipales du 2 septembre dernier.
C’est à la mairie qu’il nous reçoit ce mercredi 8 novembre, dans l’après-midi, quelques heures avant une importante réunion au siège du parti, à Cocody. Les cadres se réunissent pour préparer un séminaire du 17 au 19 novembre. Objectif : tirer les leçons des dernières locales afin de mieux se préparer pour la présidentielle de 2025. Malgré la victoire écrasante du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) aux locales, la question des indépendants cristallise les tensions. Plusieurs candidats dissidents du parti se sont présentés et les listes indépendantes ont, par exemple raflé, 41 communes sur les 201, loin devant le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains (PPA-CI).
En tant que secrétaire exécutif, Bacongo a été en première ligne, aux côtés du président du directoire Gilbert Kafana Koné, de l’organisation des locales et des sénatoriales. Ancien ministre conseiller du président de la République, Alassane Ouattara, en charge des questions politiques, il est un fidèle du président depuis l’époque du Rassemblement des républicains. Il est également l’un des principaux architectes du projet de Constitution de 2016.
Jeune Afrique : Vous avez été réélu à Koumassi avec 56,31 % des voix. Quels sont vos projets pour transformer la commune ?
Ibrahim Cissé Bacongo : Grâce au bilan de notre gestion, les habitants de Koumassi ont décidé de placer leur confiance en nous. C’est un motif de satisfaction. Des projets leur ont été présentés pendant la campagne. C’est ce que nous avions conceptualisé autour du slogan « Encore plus loin ». Ce qui signifie que nous irons plus loin dans la gestion de l’environnement, dans la lutte contre l’insalubrité et dans la modernisation. Sur le plan des actions socioéconomiques, nous allons porter une attention particulière aux préoccupations des personnes du troisième âge et allons mener des projets pour l’autonomisation des femmes de la commune. Le ministère de la Jeunesse a installé ici son agence régionale et cela va dans le sens de la vision que nous avons également pour les jeunes.
Comment préparez-vous la CAN dans votre commune ?
Il y a beaucoup de ferveur et tout le monde se prépare pour vivre cette CAN à Koumassi. À la mairie, nous apprêtons des villages CAN qui seront sur les places principales de la commune. Nous mettons tout en œuvre pour qu’elle soit vécue ici comme une grande fête. Nous voulons porter les Éléphants jusqu’à la victoire finale.
Il est satisfaisant. En plus des deux plus grandes communes, à savoir Yopougon et Abobo, nous avons également remporté Adjamé, Koumassi et Treichville. On aurait bien voulu ajouter à ce bilan d’autres communes comme Cocody, qui reste pour nous un objectif à atteindre, mais aussi Marcory qui était à portée de main. Ce sera pour la prochaine fois.
Pourquoi, selon vous, votre parti a-t-il essuyé des défaites au Plateau et à Cocody ?
Ces deux communes étaient prenables pour nous. À Cocody, le PDCI est parti en rangs dispersés quand nous n’avions qu’un seul candidat : Éric Taba. C’était un bon candidat, non pas par sa proximité avec le pouvoir, mais pour sa connaissance de la commune. Il a un tempérament posé et est rassembleur. Beaucoup d’irrégularités ont été signalées lors de ce scrutin. Mais nous n’avons pas voulu en faire un sujet qui aurait pu envenimer la situation sociopolitique. Nous avons joué la carte de l’apaisement et nous nous sommes alignés derrière la décision du Conseil d’État dès lors qu’il a rejeté nos recours. Il en est de même au Plateau. Nous avons peut-être pêché par excès de confiance et de naïveté.
Globalement, quelles conclusions tirez-vous des locales et des sénatoriales pour le RHDP ?
Au cours des différentes réunions des instances du parti, nous avons fait sommairement le point concernant ces élections et sommes satisfaits des résultats obtenus. Nous sommes sortis grands vainqueurs lors de ces scrutins et avons remporté des victoires nettes et sans conteste. Mais celles-ci ne doivent pas occulter les difficultés que nous avons rencontrées.
D’abord au moment du choix des candidats. Nous sommes un parti dynamique qui attire et beaucoup de militants se battaient pour être retenus comme candidats dans les différentes circonscriptions. Malheureusement, nous avons dû choisir. Certains parmi ceux qui n’ont pas été retenus ont compris et ont suivi ceux qui l’ont été par discipline. Mais tous n’ont pas eu cette hauteur d’esprit. D’autres ont défié l’autorité des instances, y compris celle du président du parti. Cela pose le problème de la discipline des militants et de leur formation politique. J’ai pour habitude de dire qu’un militant est un militaire en ce sens que lorsque le débat a eu lieu au sein du parti et qu’une décision est prise, il doit la respecter.
Un parti politique ne se construit pas dans la complaisance. Lorsqu’un militant viole la discipline du parti et défie l’autorité de ses instances, mérite-t-il encore d’être considéré comme tel ? Ces indépendants préfigurent d’une dissidence. La direction peut se tromper car elle n’a pas la science infuse. Mais lorsqu’elle choisit un candidat et que vous estimez être mieux placé que celui-ci pour remporter l’élection, vous devez vous mettre à son service pour le faire gagner. Vous ne faites pas cela pour lui mais pour le parti.
Les problèmes auxquels nous avons été confrontés feront l’objet d’un séminaire, les 17, 18 et 19 de ce mois [de novembre], pour aller plus loin dans les échanges sur ces élections et nous projeter sur la présidentielle de 2025. Nous allons examiner tout cela, puis allons faire des recommandations pour 2025, que le secrétariat exécutif va mettre en œuvre sur le terrain, de façon à ce que nous soyons prêts à affronter toutes sortes de difficultés.
Le parti a-t-il abordé la question des candidatures ? Alassane Ouattara sera-t-il votre candidat pour 2025 ?
Nous sommes un parti organisé, doté d’instances et, à sa tête, d’un président qui porte la vision que nous suivons tous. Il est, par nature, le candidat du parti à l’élection présidentielle à venir, tant que la Constitution le lui permet, et c’est le cas actuellement. C’est le président de notre parti qui est notre candidat en 2025.
Cela étant dit si, pour une raison ou une autre, le président décide de ne pas y aller, nous avons des textes. Les statuts et règlements intérieurs prévoient des dispositions qui s’appliquent en la matière : une désignation ou des primaires. Pour nous, le problème de candidature ne se pose pas actuellement.
Rien n’est impossible. Mais je ne pense pas qu’aujourd’hui ce soit la préoccupation principale de nos deux partis. Le PDCI est en train d’organiser son congrès au cours duquel son nouveau président sera élu. Celui-ci va certainement être désigné comme leur candidat pour 2025. Le RHDP est au pouvoir et dans le même temps s’organise sur le terrain. Il vient de sortir des élections et veut tirer les enseignements afin de se projeter pour 2025. Mais il n’est pas exclu qu’on se retrouve et qu’on parle de façon informelle et peut être plus tard, de façon formelle.
Je n’ai pas de commentaire à faire sur les résultats obtenus par le PPA-CI. Il leur appartient d’analyser ces résultats et d’en tirer des conclusions. Je crois que le parti a déjà commencé ses réflexions. Cela pourrait justifier les dernières décisions prises par le président du PPA-CI, le président Laurent Gbagbo, qui a procédé à une réorganisation.
Vous avez signé une alliance avec le Front populaire ivoirien (FPI). Quel en est l’objectif et quels sont les acquis ?
C’est un accord-cadre de collaboration en vue d’objectifs à atteindre dans la réconciliation nationale, le renforcement de la démocratie, la cohésion sociale, etc. Cet accord de parti n’est pas assorti d’accords électoraux. Nous n’en avons pas parlé car c’était déjà à la veille des élections et il aurait fallu procéder à de nouveaux arbitrages. Cela dit, des mots d’ordre ont été donnés à nos militants afin qu’ils travaillent avec les frères et sœurs du FPI pour constituer les équipes. Ici, à Koumassi, nous avons travaillé avec eux et certains sont membres du conseil municipal.
Dans le Morounou, nous n’avons pas voulu présenter de candidat face à Affi N’Guessan. Nous avons demandé au candidat qui avait été retenu à l’issue des arbitrages de se retirer, de se mettre à la disposition du candidat du FPI et d’être sur sa liste. Ce qu’il a fait. Malheureusement le FPI n’a pas gagné. Mais comme je l’ai dit pour le PPA-CI tout à l’heure, je pense que le FPI va procéder à une analyse de la situation à son niveau pour comprendre ce qui n’a pas marché et le corriger pour la suite.
Source: JeuneAfrique
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