Issouf Doumbia, le plus jeune député-maire d’Abidjan

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Issouf Doumbia, le plus jeune député-maire d’Abidjan
Issouf Doumbia, le plus jeune député-maire d’Abidjan

Florence Richard

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Chef d’entreprise, parlementaire et philanthrope, Issouf Doumbia vient d’être réélu, à 38 ans, maire de Bingerville, l’une des communes les plus dynamiques de la capitale économique ivoirienne. Portrait.

Issouf Doumbia reçoit dans les locaux de sa société située à Cocody, dans une impasse à la chaussée terreuse, détrempée ce jour-là par une pluie battante. Baskets rouges et chemise à rayures colorées, montre élégante au poignet, il a tout de l’entrepreneur à succès. L’accueil est chaleureux, trois membres de son équipe l’entourent. Le self-made man a le tutoiement facile et maîtrise sa communication.

Pas encore quadragénaire, il a été réélu au début du mois de septembre, avec 43,99 % des suffrages exprimés, maire de Bingerville, l’une des communes les plus dynamiques du district d’Abidjan. Son principal concurrent, l’indépendant Ibrahim Hien Kambiré, arrivé en deuxième position, a contesté les résultats, finalement validés par la Conseil d’État. Cette fois, le jeune maire sortant était candidat pour le compte du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le

Pas encore quadragénaire, il a été réélu au début du mois de septembre, avec 43,99 % des suffrages exprimés, maire de Bingerville, l’une des communes les plus dynamiques du district d’Abidjan. Son principal concurrent, l’indépendant Ibrahim Hien Kambiré, arrivé en deuxième position, a contesté les résultats, finalement validés par la Conseil d’État. Cette fois, le jeune maire sortant était candidat pour le compte du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.

Issouf Doumbia n’en est pas à son coup d’essai. Il a été élu pour la première fois à Bingerville en qualité de député en 2016, en tant qu’indépendant, candidat sur les conseils de son père. « Il faut répondre présent », insiste le patriarche auprès de son fils qui se trouve alors en vacances en Europe. Le scrutin a lieu quelques mois plus tard. Issouf Doumbia en parle à Jean-Claude Toka, son meilleur ami qui deviendra son colistier. « Je pensais qu’il fallait essayer », explique le jeune entrepreneur, dont les actions caritatives sont, à cette époque, déjà connues et saluées dans la commune. Il sera propulsé dans l’hémicycle à l’âge de 28 ans, du jamais-vu en Côte d’Ivoire où le renouvellement générationnel au sein de la classe politique est poussif.

« Est-ce que je peux réussir ? »

Sur le bureau de sa réceptionniste, chacun est invité à piocher un petit papier qui contient un mantra de motivation. L’un d’eux dit qu’il ne faut « pas s’endormir sur ses victoires mais en faire un moteur ». Finalement, cela semble assez bien résumer le parcours de ce père de famille de quatre enfants à l’ascension aussi fulgurante qu’étonnante.

À 38 ans, ce lève-tôt, joueur de tennis, arbore déjà une triple casquette : député, maire, mais aussi patron de son entreprise d’une cinquantaine de salariés, spécialisée dans le BTP et le foncier, dont le chiffre d’affaires annuel atteint plusieurs centaines de millions de francs CFA. Son succès, il ne le doit qu’à lui-même. La famille Doumbia n’était pas fortunée, pas connectée au réseaux politiques ou aux élites du pays.

Son père, un Malinké originaire d’Odienné, a longtemps été commerçant dans le poulet après avoir été transporteur. Sa mère, Ébrié, a élevé ses enfants et s’occupait du foyer. Mais Issouf Doumbia a toujours cru en sa bonne étoile. »Est-ce que je peux réussir ? Est-ce que je peux faire des choses par moi-même ? » se demande-t-il au moment de choisir sa voie professionnelle.

Diplômé en mécanique industrielle, passé par le lycée professionnel de Jacqueville et le lycée technique d’Abidjan, il lance sa société au début des années 2010. Après trois ans de « petits marchés », le succès est au rendez-vous. À tel point qu’il peut se permettre de partager une partie de ses gains avec la communauté. En 2013, il organise la première édition de la fête de mères dans son quartier. Par ailleurs, il finance des projets dans le domaine de la santé et de l’éducation et reverse son salaire de député – plus d’un million et de demi de francs CFA – à la population.

Grands chantiers

Dans son bureau, une photographie de sa première rencontre avec Alassane Ouattara figure en bonne place, près de photos de sa famille. « Je n’ai jamais milité politiquement », confie-t-il. En 2018, il est contacté par feu Hamed Bakayoko. « Le président veut te recevoir », lui dit celui qui est alors ministre de la Défense mais aussi maire de l’immense commune voisine d’Abobo.

« Il a dit qu’il voulait m’accompagner en tant que jeune pour développer Bingerville », se souvient Issouf Doumbia en jetant un œil à la photo. Bingerville, capitale du pays de 1900 à 1933, est en plein essor. Depuis des années, la forte congestion et la cherté des logements dans d’autres communes du district poussent de nombreuses familles à s’y installer. Sa population a explosé, passant de 60 000 habitants en 2010 à plus de 200 000 aujourd’hui.

Les programmes immobiliers se multiplient, tout comme les infrastructures. La première dame, Dominique Ouattara, a décidé d’y installer « son » hôpital Mère-Enfant, ouvert en 2018. Un tribunal de première instance va prochainement y être opérationnel, de même qu’un nouvel escadron de gendarmerie cette année. La caserne de pompiers, elle, fonctionne depuis 2020. Enfin, le réseau routier local a été modernisé l’adressage des voies a débuté. « Nous avons encore du potentiel », assure l’élu, qui a reçu en 2019 le prix du meilleur administrateur africain des collectivités locales décerné à la 14e édition du Prix africain de développement de Kigali.

Source: JeuneAfrique

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