Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire envisage de se doter d’une agence spatiale. Un pas qu’ont déjà franchi une dizaine de pays d’Afrique, ces deux dernières décennies. Mais ces ambitions spatiales exprimées sur ce continent qui passe pour être le plus pauvre de la planète et confronté à toutes sortes de problématiques de développement, laissent certains perplexes.
Plus que jamais, l’Afrique a le regard fixé vers le ciel. Elle rêve désormais d’espace. Et de nouvelles nations comme la Côte d’Ivoire veulent accéder au cercle encore restreint des États du continent intéressés par la conquête spatiale.
Pourtant, nombreux sont ceux qui découvrent, surpris, les ambitions spatiales des pays africains, victimes, parfois à juste titre, d’idées reçues – guerres, famines, épidémies, terrorisme et misère omniprésents… – qui ont la peau dure. Mais surtout, qui sont plus que perplexes en ce qui concerne la capacité, financière notamment, de ces États à soutenir leurs aspirations.
Interrogé par Sputnik, Sébastien Périmony, auteur du livre « Voir l’Afrique avec les yeux du futur » est, quant à lui, convaincu du contraire. En effet, pour cet expert de l’Institut Schiller sur l’Afrique, « un nouveau paradigme émerge » actuellement sur ce continent en pleine industrialisation. Il soutient que « l’argent n’est pas un obstacle aux ambitions spatiales des pays africains ». Selon lui, « le problème, c’est où va l’argent de ces pays ».
Par ailleurs, Sébastien Périmony estime que les ressources financières perdues chaque année par les pays africains à cause de la corruption et de l’évasion fiscale sont plus que suffisantes pour leurs industrialisation et aspirations.
Ses propos font d’une certaine manière écho à ceux des autorités ivoiriennes qui indiquent que la corruption occasionne une perte de plus de 1.300 milliards de francs CFA (près de 2 milliards d’euros) par an, soit 1/8e du budget annuel de la Côte d’Ivoire.
Comme l’affirme Sébastien Périmony, « la politique spatiale en Afrique n’a rien à voir avec une certaine conception hollywoodienne de la conquête de l’espace qui vise à poser un homme sur la Lune ou sur Mars ».
En effet, ce à quoi se proposent essentiellement toutes ces agences africaines qui ont vu le jour ces deux dernières décennies, c’est d’utiliser le plus efficacement possible le spatial au service du développement économique et social, mais aussi de la sécurité. Plus concrètement, les pays africains misent sur les technologies spatiales pour espérer apporter des solutions aux problèmes et besoins auxquels ils sont confrontés.
Clairement identifiés de longue date par l’Union africaine (UA), les besoins sociétaux de l’Afrique sont communs à la plupart des 55 États qui composent le continent. Ils portent, entre autres, sur des questions de sécurité alimentaire, de santé, de ressources en eau, d’environnement, de gouvernance, de sécurité et de réponses aux catastrophes.
À ce jour, seulement 12 pays africains possèdent leur propre satellite. L’Égypte a ouvert le bal en 1998, puis ont suivi l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Angola, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, le Rwanda, le Soudan et la Tunisie. Ces nations possèdent leur propre agence qui coordonne toutes les activités spatiales, notamment l’envoi de satellites.
D’autres pays commencent à se pencher résolument sur la question du spatial. C’est ainsi le cas de la Côte d’Ivoire qui a annoncé le 6 décembre sa volonté de fonder très bientôt sa propre agence.
Résolument déterminés à asseoir une stratégie spatiale efficace à l’échelle du continent, les 55 pays de l’Union africaine ont entériné en 2019 la création d’une agence dont les objectifs affirmés sont « le développement durable et l’amélioration du bien-être des citoyens ».
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