Mali/Côte d’Ivoire : Alassane Outtara est-il sûr d’obtenir la Grâce présidentielle pour ses soldats ?

10
Mali/Côte d’Ivoire : Alassane Outtara est-il sûr d’obtenir la Grâce présidentielle pour ses soldats ?
Mali/Côte d’Ivoire : Alassane Outtara est-il sûr d’obtenir la Grâce présidentielle pour ses soldats ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Nous revenons de nouveau sur l’affaire des 46 soldats ivoiriens qui continue de faire du bruit, après leur condamnation à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État au Mali » et pour « attaques ciblant le gouvernement malien », en nous basant sur la déclaration officielle du procureur général malien, Ladji Sara, lequel a souligné dans son communiqué que les soldats ont également écopé d’une amende de plus de 3 000 dollars chacun et reconnus coupables de « port et transport d’armes ».

Le procureur général a confirmé, dans le même contexte, que trois autres accusées (des femmes militaires) qui ont été libérées au mois de septembre dernier, ont été jugées par contumace et condamnées à mort à l’issue du procès qui s’est déroulé jeudi et vendredi 29 et 30 décembre, à Bamako, juste avant l’échéance du 1er janvier 2023 fixée par les Chefs d’Etat des pays de la Communauté Ouest-africaine (CEDEAO) pour que le Conseil militaire malien libère ces militaires.

Ainsi, le verdict, qui a été prononcé à l’encontre des 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet 2022 alors qu’ils allaient travailler pour Sahelian Aviation Services, une société privée engagée par les Nations unies pour travailler au Mali, est intervenu lors d’un procès qui s’est déroulé « à huis clos et sous haute surveillance sécuritaire » Aucun autre détail n’a été divulgué à la presse à ce sujet.

Interactions des deux pays concernés

Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères – Téné Birahima Ouattara, ministre ivoirien de la Défense, et Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères

A noter que le ministre ivoirien de la Défense Birahima Téné Ouattara s’est rendu à Bamako, la capitale du Mali, le 22 décembre dernier, dans l’intention de demander leur libération.

De son côté, le gouvernement malien avait déclaré qu’il considérait les Ivoiriens comme des mercenaires parce qu’ils n’étaient pas directement employés par la mission de l’ONU tout en les accusant de porter atteinte à la sécurité de l’État.

Toujours à propos du même sujet, les autorités maliennes ont déclaré que la compagnie aérienne devrait confier sa sécurité aux forces de défense maliennes.

Tensions amplifiées suite à cet incident

Le Président malien Assimi Goïta

Cette affaire a amplifié les tensions entre la junte militaire malienne et la communauté internationale, rendant le président de transition, le colonel Assimi Goïta, confronté à un isolement croissant depuis qu’il a pris le pouvoir lors d’un coup d’État il y a deux ans, puis s’est rétracté quant au respect d’un délai international pour l’organisation d’élections démocratiques.

Commentant l’attitude du Chef de la junte militaire, le professeur adjoint de sciences politiques à l’Université de Cincinnati (ville des États-Unis située dans le sud-ouest de l’État de l’Ohio), Alexander Thurston, a laissé entendre que le Mali a peu à gagner à s’opposer à un voisin clé, indiquant à ce sujet que « La junte aggrave son isolement et augmente la probabilité que (la mission de maintien de la paix de l’ONU) s’effondre ».

On se doit de rappeler également que le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait fait part aux journalistes d’un « incident malheureux », lors de l’arrestation des 49 soldats ivoiriens, au mois de juillet 2022, tandis que le ministre ivoirien de la Défense avait parlé plutôt d’un « malentendu ».

Ce sont des expressions bien éloignées des termes « prise d’otages » et « mercenaires » que les deux camps n’ont cessé de répéter depuis des mois, sachant que cette arrestation a déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays voisins et une condamnation généralisée de la part des alliés régionaux.

Sur la voie de libération ?

Pourtant, il importe de noter qu’Abidjan avait confirmé que ces soldats participaient à une mission des Nations unies dans le cadre des opérations de soutien logistique de sa mission au Mali (MINUSMA), et avait exigé leur libération. Une rencontre s’est même tenue il y a une semaine à Bamako entre les autorités des deux pays, dans une ambiance « amicale », et semblait avoir abouti à la signature d’un protocole d’accord autour de cette affaire.

Certes, l’accord conclu entre le Mali et la Côte d’Ivoire aurait laissé ouverte la possibilité d’une grâce présidentielle du chef de la junte malienne, Assimi Goïta, néanmoins les rapports s’étaient à nouveau tendus une semaine plus tard quand la junte a ouvertement lié la libération des 46 soldats restants à l’extradition de personnalités maliennes réfugiées en Côte d’Ivoire.


Soldats ivoiriens

« Une prise d’otages qui ne restera pas sans conséquence », a fait remarquer la présidence ivoirienne.

Qu’en disent les juristes ?

Du point de vue « juridique », Issiaka Sogodogo, Juriste de formation en Droit Public a Bamako, a voulu être plus clair concernant les 20 ans de prison ferme retenus contre les 46 soldats et la peine capitale prononcée par contumace à l’encontre des trois femmes qui figuraient parmi les 49 soldats ivoiriens.


Les 3 soldates condamnées par contumace à la peine de mort

« L’affaire étant criminelle, cela va de soi qu’il y ait des peines de 5ans, 10ans, 20ans de prison voire même la peine de mort. Ce qui est d’ailleurs le cas aujourd’hui. Le Procureur général a jugé nécessaire de requérir 20 ans de prison et le Président de la cour s’est aligné au procureur général en la matière et a donc annoncé un verdict de 20 ans de réclusion criminelle et une amende de 2 millions de Francs CFA pour chacun des 46 soldats (soit prés de 3000 dollars).

Pour ce qui est des femmes qui sont impliquées dans la dite affaire, il a été question de la peine de mort et de 10 millions de Francs CFA d’amende pour chacune d’entre elles (soit prés de 16.000 dollars). Celles-ci ont été citées par le parquet, mais elles ont refusé de comparaître devant le tribunal et ont donc été jugées par contumace », a indiqué Sagodogo.

Il semble ainsi que l’Etat du Mali a voulu faire passer un message, et que le message est bien passé ».

Par ailleurs, au cours de son discours de fin d’année adressé à la nation ivoirienne, le président Alassane Ouattara a, quant à lui, ainsi mis l’accent sur ce verdict :

« Grâce aux actions diplomatiques entreprises avec l’appui de dirigeants de plusieurs pays amis, notamment le président de la République togolaise, Faure Gnassingbé, trois soldats femmes ont été libérés en septembre dernier, et les 46 autres soldats regagneront bientôt le sol ivoirien ».

Nous en reparlerons dès que nous ayons du nouveau sur cette affaire !

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here