Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : de la prison et des milliards de francs CFA requis contre les accusés

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Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : de la prison et des milliards de francs CFA requis contre les accusés
Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : de la prison et des milliards de francs CFA requis contre les accusés

Luc-Roland Kouassi

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le retentissant procès d’un trafic international de cocaïne se poursuit au pôle économique et financier d’Abidjan. Ce 15 avril, les réquisitoires à l’encontre des 23 prévenus ont été prononcées.

Ce 15 avril, le procès qui défraie la chronique en Côte d’Ivoire depuis décembre dernier fait de nouveau salle comble. Sur les bancs du pôle pénal économique et financier d’Abidjan, les accusés sont beaucoup plus crispés que lors des précédentes audiences, attendant d’être fixés sur leur sort. C’est Me Meité, l’avocat de l’État, constitué partie civile, qui ouvre l’audience.

« N’oublions pas que toute cette histoire a commencé par une simple bagarre entre un homme et une fille de joie », lance-t-il. Le magistrat fait allusion à l’altercation, en avril 2022, entre Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, de nationalité vénézuélienne, et une prostituée ivoirienne, Mariam Sacko – décédée en octobre 2023 -, qui a mis au jour ce vaste réseau de narcotrafiquants.

Trafic et fraude fiscale

La plainte de Mariam Sacko pour coups et blessures volontaires contre Gustavo Alberto Valencia Sepulveda avait conduit, dans la foulée, à une perquisition de la villa gardée par ce dernier. Les policiers avaient découvert 150 kg de cocaïne dans cette résidence, louée par Miguel Angel Devesa Mera, un ex-policier espagnol soupçonné d’être le cerveau du trafic. Une autre saisie, cette fois de plus de deux tonnes, avait ensuite été effectuée à San Pedro, dans une maison louée par le même homme.

Me Meité établit ensuite deux catégories de prévenus parmi les 23 accusés. Les premiers, présentés comme des membres du réseau dirigé par Miguel Angel Devesa Mera, comparaissent pour trafic de drogue et association de malfaiteurs, tandis que les autres sont suspectés de fraude fiscale. Deux sont poursuivis pour complicité et un pour coups et blessures: Gustavo Sepulveda Valencia.

Pour les faits de trafic et association de malfaiteurs, l’avocat demande à la cour de condamner Miguel Angel Devesa Mera à payer à l’État de la somme de 60 milliards de F CFA (91 millions d’euros), « justifié aisément par sa qualité assumée de chef de ce cartel […] et par l’important flux financier qu’il a déclaré engranger ».

Il demande de condamner solidairement à dix milliards de F CFA d’amende Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, considéré comme « le notaire certificateur » (chargé de la vérification de la qualité de la cocaïne et à sa surveillance) ; Picabea Carnes Aitor, l’associé de Miguel Angel Devesa Mera dans la société-écran Kibor Africa ; Muniz Cadabal dit « Virus », ainsi que Herbert Perez et la société Kibor Africa. « Cela se justifie par leur niveau de participation aux côtés de Miguel Angel Devesa Mera », plaide-t-il. Enfin, il réclame trois milliards de francs CFA à l’encontre de tous les autres prévenus poursuivis pour ces mêmes chefs d’accusation.

Concernant les accusés de fraude fiscale, Me Meité réclame le versement de deux milliards de F CFA à l’encontre de Dominique Amata, Maurizio Coco, et des personnes morales 911 sécurité et Italia services. Hussein Taan, le cofondateur de la société Pasta e Pizza, encourt enfin 40 millions de F CFA d’amende pour complicité passive car « n’ayant réclamé aucune facture d’acompte qui pourrait laisser une trace d’un paiement de 40 millions, dans une transaction avec la société Italia services, dont Maurizio Coco est le gérant ».

Des peines d’emprisonnement requises

Puis, la procureure Amoatta Nina Michelle Kamagate prend la parole. Elle requiert des peines d’emprisonnement et des amendes pour l’ensemble des 19 prévenus physiques, à l’exception du lieutenant Lamand Bakayoko. L’ex-chef de la Direction de la police des stupéfiants et des drogues (DPSD) de San Pedro a en effet été disculpé par Miguel Angel Devesa Mera. En revanche, ses co-accusés encourent des peines allant jusqu’à dix ans de prison et une amende, jusqu’à 100 millions de F CFA chacun.

L’adjointe de la procureur s’exclame alors: « Mme la présidente, je vous présente fièrement Herbert, le représentant du cartel colombien, je vous présente fièrement le professionnel qui a défié l’État de Côte d’Ivoire, Picabea Aitor, le financier, et Gustavo Sepulveda Valencia, le notaire certificateur ! »

Les prévenus poursuivis pour complicité de trafic de drogue encourent quant à eux cinq ans de prison et une amende de 50 millions de F CFA, à l’instar de Marcelle Akpoué, associée de Miguel Angel Devesa Mera dans la société-écran Kibor Africa. Enfin, 36 mois d’emprisonnement et une amende de dix millions de francs CFA sont requis pour Yannick Agrey Dago, ex-directeur régional de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), suspecté d’avoir loué une maison à Miguel Angel Devesa Mera, qui a servi de stockage pour la cocaïne.

Concernant les sociétés et les hommes d’affaires accusés de fraude fiscale, le parquet requiert 24 mois de prison et des amendes de 30 millions de francs CFA. Puis, la procureure demande que tous les biens des prévenus soient confisqués par l’État de Côte d’Ivoire.

Source: JeuneAfrique

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