« Vous avez réclamé votre père, Charles Blé Goudé est là ! »

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« Vous avez réclamé votre père, Charles Blé Goudé est là ! »
« Vous avez réclamé votre père, Charles Blé Goudé est là ! »

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Il est environ 15 heures lorsque Charles Blé Goudé fait son entrée sur la place CP1 de Yopougon. La foule, qui patientait depuis plusieurs heures en écoutant des sons de zouglou et de coupé-décalé sortir des grandes baffles, devient hystérique. Certains arborent des tenues en pagne bleu et blanc ou des t-shirts à l’effigie de l’ancien patron des Jeunes Patriotes, d’autres agitent des drapeaux ivoiriens.

Plusieurs banderoles souhaitent la bienvenue à celui qui fut le ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale de 2010 à 2011. C’est à Yopougon, bastion de l’opposition, qu’il a décidé de célébrer son retour au pays. Il y a huit ans de cela, il était arrêté au Ghana voisin, où il s’était réfugié, pour être transféré à la Cour pénale internationale (CPI) et jugé pour crimes contre l’humanité.

La pluie diluvienne n’a pas découragé la foule. Chemise blanche aux manches retroussées, Charles Blé Goudé passe au milieu de ses sympathisants. Certains se jettent dans ses bras, d’autres fondent en larmes : « Il est l’heure ! » « Il est là ! », scandent-ils. La fête bat son plein. Certains artistes, comme Yodé et Siro ont fait le déplacement et le public ne se fait pas prier pour danser sur cette place devenue désormais boueuse.

Simone mais pas Laurent Gbagbo
Quelques heures plus tôt, Blé Goudé était arrivé à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny par un vol régulier. L’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) et l’ex-Première dame Simone Gbagbo, à la tête du Mouvement des générations capables (MGC), étaient là pour l’accueillir. Pas de Laurent Gbagbo en revanche, l’ancien mentor et co-détenu de Blé Goudé.

À Yopougon, Simone monte sur scène et souhaite la bienvenue à Blé Goudé en plusieurs langues. « Tu es arrivé à un moment où le pays avait besoin que toute la jeunesse se lève pour revendiquer la nation ivoirienne. Tu feras ta part, qui ne sera pas dans les palabres. Que ceux qui ont peur des palabres se calment. Ta part ne sera pas non plus dans des revendications inutiles. Nous avons une nation à bâtir. » Artistes invités et discours se succèdent. Parmi eux, les anciens camarades de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire de Blé Goudé, les chefs coutumiers de Yopougon, Gervais Boga Sako, à la tête du comité d’organisation de ce retour, etc.

Et puis, Blé Goudé monte sur scène. Pendant près d’une demi-heure, il galvanise la foule. Un style direct et franc, qui fait son effet sur l’auditoire : il n’a rien perdu de ses talents d’orateur. « Mon grand-père m’a dit : ‘C’est pendant la saison sèche que l’arbre compte les feuilles qui lui sont restées fidèles.’ Nous avons traversé plus qu’une saison sèche, mais les camarades du Cojep, les mouvements de soutien et vous aussi êtes restés fidèles », lance-t-il. Puis, il confie : « J’ai rêvé de ce moment depuis ma cellule de prison. Quand quelques fois je devais perdre le moral, je pensais à vous et j’avais dix fois plus le moral. »

Paix et réconciliation
Le tribun a également un mot pour les autorités et notamment pour Alassane Ouattara. « Je reconnais ici, devant vous tous, le fait que de bout en bout, mon dossier de retour a été suivi par le président de la Côte d’Ivoire. Je voudrais lui dire merci pour cela », a-t-il déclaré, sous les applaudissements du public. Il a également rappelé le rôle du chef de cabinet du président, Claude Sahi, désigné par Alassane Ouattara pour suivre son dossier. « Lorsqu’on m’a dit de venir, c’était franc et sincère », conclut-il.

Celui qui se pose désormais en acteur de la paix a également demandé une minute de silence pour toutes les victimes des crises électorales. Dans un communiqué rendu public le 26 novembre, le fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale a estimé que le retour de Charles Blé Goudé « qui marque un moment symbolique dans les suites judiciaires de la crise post-électorale, ne devrait pas faire perdre de vue les attentes des victimes des crimes commis en 2010-2011, en particulier en matière de réparation ».

J’AI UNE LOURDE RESPONSABILITÉ

« Mon rôle n’est pas de vous révolter parce que ce pays a été blessé. Le peuple a été traumatisé. Le peuple que vous êtes avez besoin d’un discours qui vous rassure. Ce que vous attendez de moi, ce ne sont pas seulement des discours de mobilisation. C’est que un jour chacun de vous puisse avoir du travail, nourrir sa famille. J’ai une lourde responsabilité, estime-t-il. Mon devoir c’est d’accompagner ce processus de paix. Vous avez réclamé votre père, il est là ! »

Charles Blé Goudé n’a pas été plus précis quant à ses ambitions mais il l’a montré : il va falloir compter à nouveau avec lui.

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