Par Mathieu Galtier
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le PDG de Bank of Africa, Amine Bouabid, alerte sur le décalage persistant entre les discours politiques et la réalité économique du continent. Les banques ne peuvent jouer pleinement leur rôle que si les États engagent enfin des stratégies industrielles volontaristes. Entretien vidéo.
Le fardeau de l’intégration africaine ne peut être portée que par les banques seules. C’est la conviction d’Amine Bouabid, PDG de Bank of Africa Group (détenu majoritairement par le groupe marocain éponyme, anciennement connu sous le nom BMCE, et dirigé par Othman Benjelloun), actif dans plus de 18 pays subsahariens, ainsi qu’en France. « Les banques ne jouent qu’un rôle d’accompagnement. Ce n’est pas en faisant des monnaies qui ne s’échangent pas ou des transferts domestiques que nous arriverons à créer de l’intégration régionale », insiste-t-il dans l’entretien en vidéo qu’il a accordé à Jeune Afrique, en marge de l’Africa Financial Summit (AFIS)* qui s’est tenu les 3 et 4 novembre dernier à Casablanca.
Le dirigeant estime que, faute d’un changement de paradigme, le commerce intra-africain restera faible. « Il faut que les pays décident dans quoi ils veulent être champions, et créer des spécialités par pays, pour que les échanges intra-africains augmentent », insiste-t-il, appelant à l’implication plus importante des responsables politiques: « Il faut que cela se traduise en actions et en ambitions chiffrées, pas en paroles ».
Priorité à l’emploi et à la valeur ajoutée
Amine Bouabid considère que la question centrale n’est pas tant celle de la souveraineté financière africaine que celle de la capacité des économies du continent à soutenir leur propre développement. « La vraie souveraineté, c’est d’avoir suffisamment de moyens pour financer nos économies », affirme-t-il. Il souligne que la faiblesse du financement de l’économie réelle reste un frein majeur, et rappelle que la contribution des crédits au secteur privé ne représente que 26 % du PIB en Afrique subsaharienne contre plus de 110 % en France, à titre de comparaison.
Pour autant, les pistes d’améliorations existent. « Quand il y a de bons projets, bien organisés, il y a les financements. Je suis le premier à financer tous les projets bancables », assure-t-il, fixant l’objectif: « Créer de l’emploi et de la valeur ajoutée localement. Le reste viendra plus tard ».
* L’Africa Financial Summit, qui s’est tenu les 3 et 4 novembre 2025 à Casablanca, est organisé par Jeune Afrique Media Group, en partenariat avec la Société financière internationale (IFC, groupe de la Banque mondiale).
Source: JeuneAfrique
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