Banque africaine de développement : quel bilan pour Akinwumi Adesina ?

5
Banque africaine de développement : quel bilan pour Akinwumi Adesina ?
Banque africaine de développement : quel bilan pour Akinwumi Adesina ?

Maÿlis Dudouet

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors qu’Akinwumi Adesina s’apprête à tirer sa révérence, quel est son bilan après dix ans à la tête de la BAD ? Quels pays ont le plus bénéficié de prêts de l’institution ? Éléments de réponse en infographies.

Qui pour remplacer l’homme au costume rayé et à l’éternel nœud papillon ? Les dés sont jetés. Une course de quatre mois sépare les cinq candidats du jour de l’élection à la présidence du groupe de la Banque africaine du développement (BAD). Un regard sur les investissements opérés au cours des deux mandatures du Nigérian Akinwumi Adesina permet de cerner le rôle joué par cette instance multilatérale au cours de la dernière décennie.

Depuis mai 2015, l’institution financière a augmenté de 127 % son capital entre 2015 et 2021, passant de 86 milliards de dollars à 196 milliards de dollars en capital souscrit. Cette dynamique se poursuit en mai 2024 avec une nouvelle augmentation du capital qui atteint les 318 milliards de dollars.

Quant au nombre de projets concernés, sur les 5 440 projets approuvés (et non annulés) depuis le début des activités de la banque en 1964, 32 % l’ont été durant les dix ans de mandature de l’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria.

Améliorer la qualité de vie des populations, intégrer l’Afrique, l’industrialiser, l’éclairer ou encore la nourrir… Dès son élection à la tête de l’institution, le Nigérian a mis en place cinq objectifs stratégiques, les High 5. Malgré un parcours critiqué – des accusations de violations éthiques et statutaires ont émaillé sa réélection en 2020 – Akinwumi Adesina a, de fait, laissé son empreinte sur l’orientation des investissements de la BAD.


Intégrer, améliorer et industrialiser, les 3 priorités

Mais lesquels de ces cinq piliers ont été priorisés lors de ces deux mandats ? Les rapports annuels de la BAD permettent de comparer la répartition de ces objectifs. Au total, ce sont 67 milliards de dollars qui ont été approuvés par la BAD entre 2016 et 2023. C’est l’amélioration de qualité de vie des populations qui arrive en tête avec 35 % des fonds attribués, suivi de l’industrialisation (21 %) et de l’intégration (16 %).


L’Afrique de l’Ouest en tête des récentes approbations

Quant au fléchage géographique des projets financés par la Banque africaine de développement entre 2016 et 2023, on constate que la balance penche du côté de l’Afrique de l’Ouest (28 % des approbations) et de l’Afrique de l’Est (22 % des approbations). Viennent ensuite l’Afrique du Nord (avec 18 % des approbations), suivie de l’Afrique australe (14 %) et enfin l’Afrique centrale (10 %). La même année, les projets à l’échelle multirégionale n’ont concerné que 8 % des approbations.

Si l’on s’intéresse aux impacts, la Banque africaine de développement s’est imposée comme une grande pourvoyeuse de fonds en termes d’infrastructures. Une de ses réussites les plus notables ? Le financement en 2016 d’un prêt de 112 millions de dollars pour le renforcement de l’axe ferroviaire reliant les communes de Tanger, Casablanca et Marrakech. La ligne TGV Al Boraq, longue de 320 km et achevée en 2022 constitue aujourd’hui la fierté du Maroc. Au-delà de l’implication de la BAD, cette dernière résulte toutefois de multiples financements, auxquels ont participé le royaume chérifien ainsi que l’Agence française de développement (AFD).

Pourtant, les projets épaulés par la BAD n’ont pas toujours abouti à des réussites: le serpent de mer du plus grand barrage hydroélectrique en RDC, baptisé Grand Inga, ne reste pour l’heure qu’au stade de l’utopie. Avec près de 2 millions de dollars de fonds déjà mobilisés par la BAD pour le renforcement du barrage actuel Inga 1, l’idée d’un méga barrage cofinancé par plusieurs banques multilatérales reste au point mort. Pire même: les turbines des barrages en activité fonctionnent très en dessous de leurs capacités, faute d’entretien. Le successeur d’Akinwumi Adesina pourra tirer les leçons d’un tel bilan, à défaut d’avoir pu poser lui-même – ou elle-même − les jalons de la stratégie 2024-2033 de la BAD.

Source: JeuneAfrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here