Chouchou des bailleurs, Adenia Partners ne connaît pas la crise en Afrique

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Chouchou des bailleurs, Adenia Partners ne connaît pas la crise en Afrique
Chouchou des bailleurs, Adenia Partners ne connaît pas la crise en Afrique

Aurélie Benoit

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le gestionnaire panafricain vient de boucler son cinquième fonds à 470 millions de dollars, un résultat bien au-delà des attentes et singulier dans un contexte de levées morose.

Le capital investisseur panafricain a affolé les compteurs début avril en bouclant son cinquième fonds, Adenia Capital V, à 470 millions de dollars (440 millions d’euros). La firme, dont le siège est à Maurice, a ainsi largement dépassé les 400 millions de dollars (375 millions d’euros) initialement ciblés. Une surperformance qui détonne d’autant plus que l’industrie tourne au ralenti depuis plus d’un an et que les gestionnaires peinent à lever des fonds.

Le dernier rapport de l’African Private Equity and Venture Capital Association (AVCA), publié le 31 mars dernier, fait état d’un recul de 9 % des engagements en 2023, avec seulement 1,9 milliard de dollars (1,78 milliard d’euros) mobilisés au cours des clôtures finales.

La fidélité des sociétés en commandite

Pour Adenia Partners, la mise en perspective est flatteuse: à lui seul, son fonds équivaut au quart du montant total rassemblé sur les douze mois de 2023. De quoi interroger sur la recette du gestionnaire et les raisons d’un tel succès.

« Nous sommes présents depuis vingt ans sur le continent et en sommes à notre cinquième véhicule, donc nos investisseurs nous connaissent bien », analyse depuis Casablanca Stéphane Bacquaert, managing partner d’Adenia, joint par Jeune Afrique. Le gestionnaire a ouvert ce bureau marocain l’an passé.

Sur ces derniers tours de table, la fidélité des sociétés en commandite (limited partners ou LP) s’est en effet confirmée ; les bailleurs historiques, tels la German Investment Corporation (DEG), la Banque européenne d’investissement (BEI), le Société néerlandaise de financement du développement (FMO) ou encore la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale, ont doublé leur mise comparé au véhicule précédent.

Le pari de prises de participation majoritaires

Mais l’antériorité n’est pas le seul argument d’Adenia pour attirer tant les institutionnels que les privés. Cette seconde catégorie a compté pour 40 % du pool d’investisseurs, fait rare sur le continent. La thèse d’investissement d’Adenia, basée sur des prises de participation exclusivement majoritaires, le démarque de ses homologues actifs en Afrique, souvent positionnés sur des participations minoritaires, moins chronophages.

« De plus en plus envisagent néanmoins cette possibilité », prévient Stéphane Bacquaert, qui observe une inclinaison récente sur ce point, mais rappelle qu’aucun ne joue dans l’exclusivité comme eux. Depuis octobre dernier, la firme a déjà pris le contrôle de Courier Guy et du producteur de renouvelable Enfin Energy Finance en Afrique du Sud, et elle vient de racheter les 12 filiales africaines d’Air Liquide.

Une stratégie qui s’avère payante puisque les rendements sont là – bien que gardés confidentiels – et la taille des fonds va croissante, avec le troisième bouclé, en 2012, à 96 millions de dollars (90 M€) et le quatrième à 230 millions de dollars (215 M€), cinq ans plus tard.

Mais cette montée en puissance de gestionnaires anciens face aux difficultés des plus récents traduit une chose: la frilosité des investisseurs à donner une chance aux nouveaux entrants. « Cela est satisfaisant pour nous mais le continent a besoin d’un réel écosystème du private equity », concède l’associé, qui codirige Adenia aux côtés d’Alexis Caude et d’Antoine Delaporte.

Un contexte marqué par un recul de l’activité

Cet Adenia Fund V est donc l’un des plus importants véhicules aujourd’hui en activité sur le continent, et aucun gestionnaire n’a atteint telle dotation depuis le African Development Partners II. Finalisé fin 2021 à 900 millions de dollars, le fonds avait bénéficié d’un effet de rattrapage post-Covid. Un contexte loin d’être aussi favorable à l’heure actuelle.

En 2023, toujours selon les données de l’AVCA, le nombre de sorties sur le continent a été divisé par deux, avec seulement 43 opérations réalisées. Et un marché grippé rend difficile la tenue des cycles d’investissement avec des fonds généralement bornés sur une décennie. Pas de quoi inquiéter Adenia, qui est tenu de céder avant la fin 2024 ses derniers actifs du troisième véhicule, l’ivoirien Syrse et les ghanéens Cresta et DDP.

« Nous sommes en discussion de cession sur ces trois actifs », assure Stéphane Bacquaert. D’après nos informations, une sortie est même imminente pour une des sociétés au Ghana, une économie pourtant plombée par une crise à même de refroidir les potentiels acquéreurs… Preuve qu’à nouveau, les vents du capital investissement semblent avoir peu de prise sur la voile Adenia.

Source: JeuneAfrique.com

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