Difficultés du Conseil Café Cacao Ivoirien à Diversifier Ventes

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Difficultés du Conseil Café Cacao Ivoirien à Diversifier Ventes
Difficultés du Conseil Café Cacao Ivoirien à Diversifier Ventes

Par Baudelaire Mieu (à Abidjan)

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Moins de 100 000 tonnes. C’est le volume de fèves commercialisé par le Conseil café cacao (CCC), le régulateur ivoirien du secteur de l’or brun, en près de trois ans aux Émirats arabes unis. Très modeste au regard d’une récolte annuelle estimée à 1,8 million de tonnes pour la saison 2025-2026, ce chiffre illustre les difficultés du gendarme ivoirien du cacao, dirigé depuis 2017 par Yves Brahima Koné, à mettre en œuvre sa stratégie de diversification de ses ventes.

Alors qu’elle doit composer avec les fluctuations des cours mondiaux du cacao, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves assurant plus de 40 % de l’approvisionnement, cherche ces dernières années à réduire sa dépendance vis-à-vis des poids lourds de l’industrie du chocolat et notamment de ses clients traditionnels majoritairement situés en Europe et aux États-Unis.

Ainsi, après l’ouverture d’un bureau de commercialisation à Hunan en Chine en 2021, le directeur général du CCC annonçait, en janvier 2023, l’ouverture d’un bureau de représentation à Abu Dhabi dans les Émirats arabes unis. Une décision prise après des tensions avec les multinationales du secteur, réunies en Côte d’Ivoire au sein du Groupement des exportateurs de café et de cacao (Gepex), puissant syndicat dominé par les géants du négoce de l’or brun.

50 % des achats réalisés par les multinationales

Ayant engagé un bras de fer autour de l’imposition d’une prime de 400 dollars par tonne de cacao (le différentiel de revenu décent) afin d’améliorer le revenu des planteurs, le CCC avait fait face à la résistance des multinationales: ces dernières, estimant que les prix pratiqués par le CCC n’étaient pas compétitifs par rapport aux marchés internationaux, avaient réduit leur volume d’achats de fèves ivoiriennes.

La double ouverture vers la Chine et le Moyen-Orient devait permettre à de nouveaux acteurs, issus de ces régions, d’entrer sur le marché du négoce de cacao en Côte d’Ivoire. Or, près de trois ans après l’implantation à Abu Dhabi, force est de constater que l’offensive menée n’a pas eu l’effet escompté.

De fait, le négoce ivoirien demeure contrôlé par les acteurs traditionnels du secteur: à savoir le top cinq constitué du géant américain Cargill, du suisse Barry Callebaut, des français Touton – en négociation exclusive avec Hartree Partners pour son rachat depuis août – et Sucden et du singapourien Olam.

Ainsi, selon les chiffres consultés par Jeune Afrique, les multinationales ont représenté plus de 50 % des achats sur les 800 000 tonnes réceptionnées jusqu’au 8 décembre dans les ports d’Abidjan et de San Pedro dans le cadre de la campagne de commercialisation de la récolte 2025-2026 qui s’est ouverte le 1er octobre. Dans le détail, Cargill a absorbé plus de 110 000 tonnes, Olam quelque 87 000 tonnes, Barry Callebaut environ 82 000 tonnes et Sucden 50 000 tonnes.

Une guerre vaine

« Le CCC a tenté de faire sa guerre du cacao sous l’ère Alassane Ouattara comme les précédentes autorités du secteur l’avaient fait durant la période Félix Houphouët-Boigny. Mais cela ne peut fonctionner puisque la consommation et les stocks demeurent contrôlés par l’Europe et les États-Unis « , pointe un connaisseur de la filière rappelant que l’appétit pour le chocolat ne constitue pas une habitude de consommation sur les marchés arabes et asiatiques.

De même, l’augmentation des capacités de transformation dans le pays, l’un des chevaux de bataille du CCC, a été majoritairement le fait des acteurs occidentaux, les leaders Cargill, Barry Callebaut et Olam ayant tous investi pour augmenter leur capacité de broyage.

Pour l’heure, les seuls investissements asiatiques ayant porté leur fruit ont été menés dans le cadre d’une collaboration avec le CCC: sa filiale spécialisée dans la transformation, Transcao, a ainsi inauguré en juin à Abidjan une usine d’une capacité de 50 000 tonnes, extensible à 100 000 tonnes, construite par le groupe chinois CNDC tout en s’étant associée, depuis octobre 2024, avec le groupe malaisien Guan Chong Berhad (GCB), premier broyeur de fèves d’Asie et quatrième producteur mondial de produits dérivés du cacao qui a réalisé une usine de broyage à San Pedro. Quant au singapourien JB Cocoa, filiale du géant JB Foods, son projet d’une usine de 50 000 tonnes n’a toujours pas connu d’avancée majeure.

Source: JeuneAfrique

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