Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le processus de création de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA) du secteur café-cacao en Côte d’Ivoire vient de connaître un tournant alarmant. Selon les conclusions rendues publiques par le cabinet indépendant Jadex, chargé d’évaluer les candidatures, aucune des organisations en lice ne satisfait aux critères requis. Un constat sans appel qui soulève de graves inquiétudes quant à la gouvernance du secteur.
Premier pilier agricole du pays, la filière café-cacao représente non seulement une source majeure de revenus pour des millions de producteurs, mais aussi un facteur clé de stabilité économique. L’échec du processus de mise en place de l’OIA met en lumière des dysfonctionnements structurels préoccupants, et met à mal la crédibilité de tout l’écosystème.
Pointé du doigt, le Comité chargé de superviser la création de l’interprofession est accusé d’avoir manqué à son devoir de neutralité. Selon plusieurs acteurs, notamment la Communauté des producteurs, le Comité aurait laissé s’installer des pratiques contraires à l’éthique, ouvrant la voie à des conflits d’intérêts flagrants.
Des producteurs certifiés, déjà membres de coopératives engagées dans des programmes de durabilité, auraient été recensés dans de nouvelles organisations candidates à l’OIA. Une démarche contraire aux principes de la certification, qui impose une traçabilité et un engagement exclusif des producteurs au sein de structures bien identifiées. Ces incohérences mettent en doute la transparence du processus.
« Il faut impérativement retirer ces producteurs des bases de données des nouvelles organisations. Cela fausse complètement le processus et viole les engagements pris auprès des partenaires de certification », dénonce un représentant de la Communauté des producteurs.
L’évaluation de Jadex révèle aussi l’existence d’organisations nouvellement créées, dépourvues de représentativité réelle, mais curieusement bien positionnées dans la course à l’OIA. Des entités qualifiées de « fantoches » par certains observateurs, qui soupçonnent des manœuvres de favoritisme au sein même du Comité.
Cette situation soulève des interrogations sur l’intégrité du processus. Le Conseil du Café-Cacao et le ministère de l’Agriculture sont désormais appelés à jouer leur rôle d’arbitre pour éviter un naufrage complet de l’initiative.
Au-delà des querelles internes, cette crise menace la réputation internationale de la filière ivoirienne. À une époque où les marchés mondiaux exigent une gouvernance rigoureuse, une transparence sans faille et le respect des normes éthiques, de telles dérives pourraient entraîner une perte de confiance des acheteurs internationaux.
À l’approche des prochaines étapes de mise en place de l’interprofession, le Comité se retrouve face à un impératif de réforme urgente. Une reprise en main s’impose: il faut revoir les critères d’éligibilité, assainir les bases de données, garantir la représentativité des organisations candidates, et surtout, restaurer la confiance entre les acteurs de la chaîne de valeur.
Si aucune mesure forte n’est prise, la filière court le risque d’un éclatement durable, mettant en péril les revenus des producteurs, la compétitivité du cacao ivoirien et la souveraineté agricole du pays.
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