« les planteurs de cacao sont chocolats »

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En Côte d’Ivoire, « les planteurs de cacao sont chocolats »
En Côte d’Ivoire, « les planteurs de cacao sont chocolats »

Africa-PressCôte d’Ivoire. Oyez, oyez, la triste histoire des planteurs de cacaoyers… La mauvaise nouvelle vient de tomber. Pour la récolte prête à commencer, la paie sera étriquée. La Côte d’Ivoire a décidé, mercredi 31 mars, de réduire d’un quart le montant versé. Le prix du cacao, payé « bord champ », fixé à 750 francs CFA (1,14 euro) par kilo, se retrouve cabossé.

Pourtant, en octobre 2020, l’heure était à l’optimisme. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial d’« or brun », avec plus de 40 % des volumes, avait dévoilé un tarif officiel de 1 000 francs CFA le kilo pour la principale récolte annuelle. Son voisin, le Ghana, s’alignait. Les deux pays avaient obtenu des multinationales du chocolat qu’elles mettent un peu de beurre sur le marché du cacao. Elles s’étaient engagées à verser un « différentiel de revenu décent » de 400 dollars (340 euros) la tonne, venant s’ajouter au cours de la matière première cotée à Londres.

Simple coïncidence ? Cette revalorisation était annoncée alors qu’Alassane Ouattara jouait sa réélection à la présidence de la Côte d’Ivoire, sur fond de fortes tensions, et que son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo, briguait, lui aussi, un nouveau mandat. Pourtant, dès la fin novembre 2020, les nuages ont commencé à s’accumuler. De manière assez inhabituelle, le binôme de pays producteurs a choisi de dénoncer sur la place publique Hershey et Mars, qui rechignaient, selon eux, à passer à la caisse. Finalement, un accord a été trouvé, et les sanctions dont ils étaient menacés ont été levées.

« Léger recul de la consommation »

Toutefois, sur le terrain, les beaux discours n’ont pas été suivis d’effet. Poudre de cacao aux yeux des Ivoiriens ? Les planteurs n’ont pas vu la couleur des 1 000 francs CFA. « C’est dommage. L’accord est entré en vigueur au moment où la pandémie est arrivée. Avec la fermeture des restaurants, la forte chute des ventes dans les aéroports, il y a eu un léger recul de la consommation mondiale de chocolat. Alors même que la récolte de fèves était abondante », explique Patrick Poirrier, président du Syndicat du chocolat et patron de l’entreprise Cémoi. Le cacao a eu du mal à s’écouler, les industriels ont fait la fine bouche et les prix ont glissé.

Les acteurs du commerce équitable ont décidé, la veille de Pâques, de sonner les cloches aux multinationales du chocolat. Ils les soupçonnent d’avoir « préféré freiner leurs achats de cacao et puiser dans leurs stocks pour faire pression » sur les prix. Il y a un an, Pâques tombait en plein confinement. La chasse aux œufs avait du plomb dans l’aile. Les ventes de confiseries chocolatées ont fondu de 27 %, pendant cette période cruciale, dans les supermarchés, comparé aux 300 millions d’euros collectés en 2019.

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