Les compagnies aériennes africaines pourront-elles voler normalement en 2024 ?

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Les compagnies aériennes africaines pourront-elles voler normalement en 2024 ?
Les compagnies aériennes africaines pourront-elles voler normalement en 2024 ?

Salimata Koné
et Nelly Fualdes

Africa-Press – Côte d’Ivoire. En annonçant des perturbations à venir dans son programme de vol pour cause de manque de pièces détachées, Kenya Airways lève le voile sur un problème qui affecte tout le secteur.

C’est un pavé dans la mare qu’a lancé Kenya Airways, le 8 décembre : à l’approche de la période des fêtes de fin d’année, traditionnellement chargée pour les transporteurs, le pavillon kényan a indiqué qu’ « en raison des difficultés rencontrées dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en pièces détachées », son programme de vol « pourrait connaître des perturbations ».

Et pour cause : cette pénurie engendre une immobilisation des avions du groupe kényan pour maintenance. Cette tension sur la chaîne d’approvisionnement ne concerne pas seulement Kenya Airways mais toutes les compagnies. Yvonne Makolo, présidente en exercice du bureau des gouverneurs de l’Iata (Association du Transport Aérien International), confiait déjà son inquiétude en octobre au site spécialisé Keyaero. Selon elle, le problème pousse même certaines compagnies à remplacer des appareils encore en état de voler, mais pour lesquels les pièces sont indisponibles – elle citait notamment les Q400 et les CRJ de De Havilland Canada, très présents en Afrique sur les destinations domestiques.

Pour la Iata, cette situation « terrible » soulève à la fois les problématiques d’accès aux pièces et de coût de ces dernières. La question n’est pas nouvelle : « Le secteur s’est tendu dans les années 2019-2020, et la situation n’a fait que s’aggraver dans le contexte de reprise post-Covid », décrypte Jean Adadevi, consultant chez Lufthansa Systems. Selon lui, les géants du secteur – notamment Lufthansa Technik et Air France KLM Industries – sont confrontés à des manques de personnels qui les poussent à revoir leurs cadences… et à se concentrer sur les plus gros acteurs, ce que ne sont pas les compagnies africaines.

Ethiopian relativement épargné

Olivier Andries, directeur général de Safran, premier fournisseur mondial de pièces détachées avec General Electric, pointe également des difficultés liées à l’approvisionnement en titane et en acier, mais affirme avoir mis en place des protocoles pour augmenter la production. Malgré tout, les chaînes d’approvisionnement vont rester tendues « largement encore en 2024 », déclarait-il à l’AJPAE, l’association française des journalistes de l’aéronautique et de l’espace, en septembre.

D’ici là, les compagnies africaines s’efforcent de s’adapter en commandant plus de pièces que ce dont elles vont avoir besoin, notamment celles qu’il faut changer souvent. Un effort de planification « qui pèse évidemment sur les flux de trésorerie », explique Yvonne Manzi Makolo.

Si Kenyan Airways a été la première compagnie à communiquer aussi ouvertement sur la question, elle n’est en réalité pas la seule à devoir annuler des vols pour ce motif. Le low-cost kényan Jambo Jet ou le pavillon cap-verdien Cabo Verde Airlines sont particulièrement touchés. Sur le continent, seul Ethiopian Airlines – et, par ricochet, Asky qui lui délègue la maintenance de ses avions – sont relativement épargnés, du fait des capacités locales de production du transporteur éthiopien.

Source: JeuneAfrique

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