Maroc, Côte d’Ivoire, Mali… Jusqu’où les prix des carburants peuvent-ils baisser ?

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Maroc, Côte d’Ivoire, Mali… Jusqu’où les prix des carburants peuvent-ils baisser ?
Maroc, Côte d’Ivoire, Mali… Jusqu’où les prix des carburants peuvent-ils baisser ?

Salimata Koné

Africa-Press – Côte d’Ivoire. En repli depuis le début de l’année, les cours de l’or noir ont encore chuté cette semaine. De quoi alimenter la baisse des prix du carburant sur le continent, même si des exceptions demeurent.

Les automobilistes africains doivent-ils remercier Donald Trump ? Dans un contexte de chute des cours de l’or noir, en réaction à la salve de droits de douane décrétée cette semaine par le président américain, les annonces de baisse du prix des carburants se multiplient sur le continent.

La Côte d’Ivoire a ainsi annoncé une baisse du prix de l’essence, le 31 mars. Selon la note du ministère des Mines et du Pétrole, le litre du super sans plomb passe de 875 F CFA à 855 F CFA (de 1,33 euro à 1,30 euro), quand celui du gasoil se réduit de 715 F CFA à 700 F CFA. Si le prix des carburants n’avait pas diminué depuis mai 2020 dans le pays, l’essence ivoirienne figurait tout de même, en mai 2024, parmi les plus chères du continent, à 1,338 dollar le litre, selon le site GlobalPetrolPrices.

Avant la Côte d’Ivoire, le Mali a procédé à plusieurs rabais sur le prix des carburants ces six derniers mois. Entre octobre et mars, l’essence est passée de 850 F CFA à 775 F CFA et le gasoil de 800 F CFA à 725 F CFA. Même tendance observée au Maroc, où les distributeurs ont acté, le 1er avril, une baisse de 16 centimes de dirhams sur les prix du gasoil, selon une source de la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations-service au Maroc (FNPCGS), citée par la presse locale.

Dernière illustration, en Afrique du Sud, le gouvernement a annoncé, le 2 avril, un ajustement tarifaire des prix du carburant avec une réduction oscillant entre 58 centimes (2 centimes d’euro) et 89 centimes de rand.

Ce mouvement, visible à l’échelle continentale, est le résultat d’un contexte économique international qui tire les cours du pétrole à la baisse, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, en janvier 2025.

En baisse de près de 7 % depuis le début de l’année, les prix du brut ont encore chuté cette semaine, atteignant, le 4 avril, le point bas de décembre 2021, pour le brent de la mer du Nord, et le niveau le plus bas depuis mai 2023, pour le brut de référence américain.

Double effet Trump et Opep

Ce mouvement intervient en réaction à une double actualité. D’une part, l’annonce, le 2 avril, par l’administration américaine de l’imposition de nouveaux droits de douane, historiquement forts et visant la plupart des pays du monde, y compris les États africains, qui fait craindre un ralentissement de l’économie mondiale et joue négativement sur le marché pétrolier.

D’autre part, l’annonce surprise, le lendemain, par huit pays membres de l’OPEP+ (l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman) d’une augmentation de leur production plus importante qu’initialement prévue, une situation d’excédent d’offre tirant, elle aussi, les prix à la baisse.

Les carburants étant un sous-produit du pétrole brut, l’évolution de son prix suit directement celle du cours de l’or noir. Autrement dit, une baisse des cours du pétrole entraîne traditionnellement une diminution des prix du carburant, avec un effet bénéfique, par ricochet, en termes de lutte contre l’inflation.

« Dans les pays où le marché des carburants est libéralisé, comme en Europe, les répercussions se font sentir en quelques semaines. En revanche, dans les pays où les prix sont réglementés, notamment en Afrique, l’ajustement prend généralement plusieurs mois », explique Neven Valev, directeur du Global Economy Project et spécialiste des hydrocarbures.

Le Nigeria se singularise

Si l’on assiste à ce phénomène dans la plupart des pays du continent, certains font toutefois figurent d’exception. C’est le cas du Nigeria où on constate une hausse des prix. Selon une note relayée par la presse locale, la Nigerian National Petroleum Compagny (NNPC), en plein bras de fer avec l’homme d’affaires et milliardaire Aliko Dangote, a décidé d’une hausse de 65 nairas du litre de l’essence à Lagos et de 70 nairas dans le reste du pays. La mesure, entrée en vigueur le 2 avril, propulse le prix du carburant à 930 nairas dans la capitale économique et 960 nairas dans les villes des autres États.

Le pays, qui peine à raffiner sur place le brut extrait localement, est contraint d’exporter son pétrole brut et d’importer des produits raffinés, subventionnant largement ces derniers jusqu’ici, pour en maintenir le tarif artificiellement bas.

Or, en mai 2023, le président nigérian, Bola Tinubu, a annoncé vouloir en finir avec les subventions, dont le coût est estimé à 18,39 milliards de nairas (43,8 millions de dollars) par jour, afin de soulager les finances publiques. Résultat, selon l’Institut nigérian de statistiques, la mesure a généré, entre mai 2023 et 2024, une augmentation de 200 % des prix de l’essence.

Source: JeuneAfrique

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