Mise en place de l’OIA café-cacao, le projet à l’épreuve des coopératives fictives et des opérateurs économiques véreux du secteur

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Mise en place de l'OIA café-cacao, le projet à l'épreuve des coopératives fictives et des opérateurs économiques véreux du secteur
Mise en place de l'OIA café-cacao, le projet à l'épreuve des coopératives fictives et des opérateurs économiques véreux du secteur

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors que la mise en place de l’Organisation interprofessionnelle agricole (OIA) pour la filière café-cacao se précise, les attentes des producteurs ivoiriens sont plus que jamais tournées vers cet outil censé refonder la gouvernance du secteur.

Portée par le Conseil du café-cacao (CCC) et soutenue par les autorités, l’OIA apparaît comme une solution structurante pour garantir un revenu décent aux planteurs, en accord avec la volonté politique affichée par le président Alassane Ouattara.

Malgré les nombreuses réformes engagées ces dernières années, les producteurs continuent de percevoir une part marginale des revenus générés par leur travail. La chaîne de valeur reste déséquilibrée, au profit d’acteurs plus puissants économiquement, souvent éloignés des réalités du terrain.

Dans cette dynamique de rééquilibrage, les coopératives certifiées avaient été identifiées comme des relais clés pour acheminer les primes vers les producteurs, notamment celles issues des engagements internationaux et des industriels du chocolat. Mais sur le terrain, la situation révèle de graves dysfonctionnements.

Des coopératives qualifiées de « certifiées mais fictives » se sont multipliées, abusant du système pour capter illégalement les primes destinées aux planteurs.

Selon plusieurs sources, ces structures sont souvent contrôlées par des opérateurs économiques sans lien direct avec la production agricole. Sans contrats formels avec de véritables planteurs, elles revendiquent un statut qu’elles n’honorent pas, avec pour seul objectif le détournement des bénéfices du système de certification.

Pire encore, certaines de ces coopératives sont citées dans des affaires de fraude fiscale, de non-déclaration à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et de non-respect des exigences réglementaires. Ce constat alarme les organisations professionnelles agricoles (OPA) qui dénoncent l’absence de contrôle rigoureux et appellent à une réforme profonde.

Alors que l’OIA s’apprête à devenir opérationnelle, une crainte majeure se fait jour: celle de voir ces mêmes coopératives fictives s’immiscer dans les organes dirigeants de la future organisation, notamment au sein du Collège des producteurs. Leur puissance financière et leur influence pourraient leur permettre de détourner cette instance censée défendre les intérêts des planteurs.

Certains observateurs vont jusqu’à évoquer des cas de surévaluation manifeste de la production déclarée, avec des chiffres atteignant 15 000 tonnes – un volume techniquement invraisemblable pour une coopérative authentique. Ces manipulations viseraient à asseoir leur légitimité et leur représentativité dans la future gouvernance de la filière.

Face à cette menace, plusieurs voix s’élèvent pour exiger des audits rigoureux des données de production et des liens réels entre coopératives et producteurs.

Il est impératif, selon elles, que le comité technique chargé de l’OIA, en lien avec les directions régionales des Impôts, prennent des mesures fortes pour éviter toute tentative de prise en otage de l’organisation.

La réussite de l’OIA repose sur sa capacité à incarner un modèle transparent, inclusif et tourné vers les besoins réels des producteurs. Pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, il en va de la durabilité d’une filière stratégique, pilier économique national et source de revenus pour des millions de familles.

L’ambition est claire, faire de l’OIA un levier efficace de développement équitable, en mettant fin aux dérives d’un système miné par la fraude et l’opacité.

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