Porteo BTP : les secrets de son irrésistible ascension en Côte d’Ivoire

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Porteo BTP : les secrets de son irrésistible ascension en Côte d’Ivoire
Porteo BTP : les secrets de son irrésistible ascension en Côte d’Ivoire

Thaïs Brouck

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Douze ans après sa création, l’entreprise ivoirienne est déjà devenue un géant du BTP, à domicile mais également dans la sous-région. Sa méthode ? Souplesse d’exécution, solides connexions politiques et investissements massifs.

Tous les samedis, la même scène se répète. À la sortie de la petite ville de Grand-Bassam, à l’est d’Abidjan, les grosses cylindrées s’engagent, tambour battant, sur la nouvelle autoroute en direction d’Assinie. Loin du tumulte de la mégapole, la bourgeoisie ivoirienne s’offre une parenthèse sur la côte. Problème, l’infrastructure routière est encore en chantier. « Nous avons posé la couche de base en grave-bitume et nous sommes en phase de l’application de la couche finale de roulement. Mais tout le monde l’emprunte déjà », sourit Gérard Kouassi, le directeur général de Porteo BTP. La nouvelle 2X2 longe l’océan et évite un détour d’une trentaine de minutes. Désormais, Assinie est à moins d’une heure d’Abidjan.

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Cette infrastructure est l’un des chantiers phares du groupe Porteo (342e de notre classement des 500 champions africains 2024). Notamment parce ce qu’elle devrait rapidement devenir l’une des voies les plus empruntées du pays. Mais aussi parce qu’elle a longtemps été désirée par le président Alassane Ouattara, qui passe la plupart de ses week-ends à Assinie.

Un héliport pour la CAN

Dans le monde du BTP, entretenir de bonnes relations avec les maîtres d’ouvrage, c’est-à-dire les élus, est primordial. Vital ? Le degré de réussite d’un mandat électoral se mesure souvent à la quantité de kilomètres bitumés ou d’infrastructures inaugurées. « Notre marque de fabrique, c’est la souplesse et la réactivité, explique Gérard Kouassi. À la mi-décembre, soit quelques jours avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), nous recevons une instruction pour la construction, en urgence, d’un héliport, pour accueillir les VIP au stade olympique d’Ebimpé. Le 4 janvier, il était prêt ».

C’est peut-être ce qui explique l’irrésistible ascension du groupe en Côte d’Ivoire. L’entreprise a été fondée en 2011 par l’Ivoiro-Libanais Hassan Dakhlallah sous le nom de Nicolas Srouji Establishment for Contracting (NSE), une entreprise libanaise de BTP. Mais l’homme d’affaires a repris en 2015 le contrôle de 100 % du capital de la société, rebaptisée Porteo en 2020.

Au lendemain de la crise post-électorale, il y a un pays à reconstruire. Les autorités misent sur les infrastructures pour porter la croissance, et tous les acteurs du BTP en profitent, dont Porteo. « Nous prenons beaucoup de projets en partenariat public-privé, et cela se passe très bien malgré les risques que cela pourrait comporter », explique Gérard Kouassi. L’entreprise finance les projets pour n’être payée qu’à la livraison. Une stratégie qui requiert d’avoir les reins solides mais qui s’est révélée payante: en 2023, le chiffre d’affaires du groupe s’est établi à 285,5 milliards de francs CFA (472 millions d’euros). Un chiffre en hausse de 24 % sur un an.

Direction le Sénégal

Le groupe Porteo, qui compte 4 200 salariés, a étendu son champ de compétences sur toute la chaîne de valeur du BTP et compte aujourd’hui 9 filiales: gestion immobilière, production de métal, bâtiment, béton prêt à l’emploi, aménagement paysager… La branche travaux publics pèse néanmoins pour plus de 80 % du chiffre d’affaires du groupe, qui revendique 2 000 km de routes déjà construites et un carnet de commandes plein: Séguéla-Touba, contre-allée Bassam-Port-Bouët, Toumodi-Dimbokro… Les quelque 2 000 engins de chantier siglés Porteo s’activent aux quatre coins du pays. « C’est notre force, assure Gérard Kouassi. Pouvoir déployer notre propre matériel nous permet de proposer des prix très concurrentiels. »

Désormais, le groupe Porteo essaye de répliquer cette recette à l’étranger. En 2018, il met pour la première fois les pieds hors de Côte d’Ivoire avec la création d’une filiale au Bénin. À son actif, le dédoublement de la route Sèmè-Porto-Novo et la construction d’un pont dans la capitale politique béninoise. En 2020, le groupe a posé ses engins de chantier au Togo, avant de tenter sa chance au Sénégal depuis l’année dernière. L’entreprise ambitionne de devenir « un acteur international », selon les termes du directeur général, qui a notamment travaillé pour la multinationale Colas, filiale travaux publics du groupe français Bouygues. Une expérience qu’il compte mettre à profit pour faire de cette ambition une réalité.

Source: JeuneAfrique

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