Rivalités mondiales et solutions africaines : quelques enseignements de l’édition 2023 du Doha Forum

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Rivalités mondiales et solutions africaines : quelques enseignements de l’édition 2023 du Doha Forum
Rivalités mondiales et solutions africaines : quelques enseignements de l’édition 2023 du Doha Forum

Idriss Linge, depuis Doha

Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’édition 2023 du Doha Forum, présidé par le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, Emir du Qatar, s’est achevée le 11 décembre sur l’espoir de parvenir à des solutions communes face aux défis contemporains qui se multiplient dans le monde. L’Afrique, représentée essentiellement par Macky Sall et Akinwumi Adesina, a défendu ses points de vue, devenus plus audibles dans un monde plus multilatéral.

Cette édition a été marquée par la présence de leaders mondiaux tels que le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guteres, des diplomates, des experts et des acteurs du changement, mais aussi de leaders africains comme le président sénégalais Macky Sall ou le président de la BAD, Akinwumi Adesina. Ces derniers y ont abordé les défis cruciaux auxquels le monde est confronté, notamment en ce qui concerne l’Afrique.

La rivalité Chine-USA en Afrique : gestion de la dette et équilibre stratégique

L’influence grandissante de la Chine en Afrique face à la présence traditionnelle des Occidentaux a été un sujet clé. Les discussions ont porté sur la gestion de la dette, soulignant la difficulté pour l’Afrique de naviguer dans ces eaux géopolitiques complexes. L’accent a été mis sur l’utilisation stratégique de cette rivalité pour le développement de l’Afrique, tout en préservant son autonomie politique et économique. Le Forum a souligné la nécessité d’une gestion prudente et transparente de la dette, évitant ainsi les pièges de la dépendance financière, notamment à travers le concept de prêts adossés sur les ressources.

Macky Sall : vision pour l’autonomie alimentaire et sanitaire de l’Afrique

Le président sénégalais Macky Sall a abordé avec expertise la question de la souveraineté alimentaire et sanitaire en Afrique. Il a insisté sur l’importance pour l’Afrique de développer une autonomie dans ces deux domaines cruciaux. Il a souligné que la sécurité alimentaire ne concerne pas seulement l’accès à la nourriture, mais aussi la capacité de produire de manière durable et autonome.

Le président a présenté des stratégies pour renforcer l’agriculture locale, notamment à travers des initiatives d’agriculture durable et de technologie agricole adaptée aux conditions africaines. Il a profité pour lancer un appel au secteur privé pour participer au développement d’une agriculture compétitive et accompagner l’Afrique vers sa quête de souveraineté alimentaire.

En matière de santé, Macky Sall a mis en avant la nécessité de développer des systèmes de santé robustes et indépendants en Afrique. Il a évoqué la construction de capacités médicales locales, l’investissement dans la recherche et le développement et la formation de personnel de santé qualifié. Le No1 sénégalais a également souligné l’importance d’accroître la production locale de médicaments et de matériel médical, réduisant ainsi la dépendance de l’Afrique aux importations et améliorant sa réactivité face aux crises sanitaires comme celles de la Covid.

Le commerce équitable et l’accès aux financements selon Akinwumi Adesina

Le président de la Banque Africaine de Développement, a abordé avec vigueur les défis du commerce et de la finance en Afrique. Il a mis en lumière les déséquilibres dans les règles commerciales mondiales qui désavantagent souvent les pays africains. Adesina a plaidé pour une refonte de ces règles, favorisant ainsi un terrain de jeu plus équitable. Il a ainsi critiqué les nouvelles normes carbones sur le marché européen, rappelant que l’Afrique qui peine à mobiliser des ressources perdra jusqu’à 25 milliards $ avec ces règles. « Un commerce mondial plus juste, c’est d’abord cela qu’il faut à l’Afrique, avant même la juste transition », a-t-il expliqué dans un panel partagé avec le président du Forum Economique Mondial. Ainsi pour lui, il est important de créer un système commercial qui reconnaît et valorise équitablement les produits et services africains sur le marché mondial.

Adesina a également abordé la question cruciale de l’accès aux financements. Il a proposé des mécanismes innovants pour faciliter l’accès des pays africains à des capitaux essentiels, en insistant sur la nécessité de respecter la durabilité économique et environnementale. Il a souligné l’importance de mettre en place des produits financiers adaptés aux réalités africaines, permettant ainsi aux nations du continent de financer leur développement sans tomber dans le piège de l’endettement insoutenable. Pour lui, le FMI en tant qu’institution financière mondiale a un rôle central à jouer mais l’effet de levier des Banques Multilatérales de Développement, comme celle qu’il dirige, peut multiplier par 4 les efforts de l’institution de Breton Woods.

La vision du Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani et ses enseignements pour l’Afrique

Le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani a présenté son point de vue sur les défis mondiaux. Son discours a évoqué comment les États Africains qui, plus que par le passé, veulent avoir voix au chapitre, pourraient interagir avec le Moyen-Orient pour naviguer dans un ordre géopolitique en évolution. La nécessité de renforcer les institutions internationales et multilatérales pour assurer une stabilité pendant les crises a été soulignée, mettant en évidence le rôle crucial des deux régions dans la formation d’un avenir plus résilient et coopératif.

Alors que le conflit entre Israéliens et Palestiniens a focalisé les esprits, le Forum de Doha 2023 a été une plateforme inspirante pour imaginer l’avenir de l’Afrique dans un contexte mondial complexe. Le Qatar est resté fidèle à sa position d’intermédiaire privilégié dans un monde qui change rapidement. Ce Forum a été l’occasion de se souvenir que le chemin vers la multipolarité est sans retour et qu’il faudra s’attendre dans le futur à la formation de nouvelles alliances et à la nécessité de s’adapter en temps réel à ces bouleversements.

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