Abidjan, place forte du PDCI

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Abidjan, place forte du PDCI
Abidjan, place forte du PDCI

Aïssatou Diallo – à Abidjan

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Après les locales du 2 septembre, l’ancien parti unique est en net recul à travers la Côte d’Ivoire par rapport aux scrutins de 2018. Mais ses maires abidjanais, eux, ont réussi à conserver leurs sièges malgré l’hégémonie du RHDP.

Pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), les résultats des locales du 2 septembre ont été un nouveau coup dur, un mois après la mort de son président Henri Konan Bédié. Il a perdu la tête de plusieurs régions et communes qu’il dirigeait. Ainsi, le vieux parti n’est désormais majoritaire que dans quatre régions, contre six en 2018. Pour ce qui est des communes, il y a cinq ans, le PDCI en avait remporté 50 sur les 201 que compte le pays ; au sortir des municipales de septembre dernier, il n’en détient plus que 32.

Si le mouvement est en net recul un peu partout dans le pays, ses élus abidjanais se maintiennent et lui permettent de conserver quatre communes clés de la capitale économique : Cocody, le Plateau, Port-Bouët et Marcory. Dans chacune d’entre elles, les candidats du PDCI faisaient pourtant face à des poids lourds du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). À Marcory par exemple, commune du sud de la ville, Aby Raoul affrontait Laurent Tchagba, le ministre des Eaux et forêts.

Pour les maires réélus, c’est leur bilan qui a convaincu. En 2021, Jean-Marc Yacé a reçu des mains des autorités le prix du troisième meilleur élu local. Ce dernier avait insisté sur l’assainissement des finances de la mairie de Cocody, qu’il avait récupérées avec « une dette de 9 milliards de F CFA » (plus de 13,7 millions d’euros). Tandis qu’à Port-Bouët, Sylvestre Emmou avait promu une « gestion participative » de sa commune.

Déclarés vainqueurs par la Commission électorale indépendante à l’issue de scrutins très disputés, les élus du PDCI ont parfois vu leur victoire contestée. À Cocody, Jean Marc Yacé, s’est vu opposer un recours devant le Conseil d’État par son challenger du RHDP, Éric Taba. Celui-ci, chef du protocole d’Alassane Ouattara, avait créé des tensions en dénonçant des fraudes sur sa page Facebook avant de « rappeler » au calme. Au Plateau, centre des affaires et siège de plusieurs institutions et administrations, le député-maire sortant Jacques Ehouo a vécu le même scénario. L’homme d’affaires et candidat du RHDP, Fabrice Sawegnon, avait en effet contesté sa défaite. Pour le PDCI, qui s’était mobilisé afin de défendre ses élus, ces recours étaient « une injustice ». Et un mois après les élections, le 3 octobre, le Conseil d’État a confirmé leur victoire. Le vieux parti reste donc le premier parti d’opposition en nombre d’élus.

Le prix de la division

Toutefois, s’il n’a pas perdu de communes dans la capitale économique, le PDCI n’en a pas remporté de nouvelles. À Yopougon par exemple, Dia Houphouët Augustin Yohou a obtenu 19,38 % des suffrages exprimés et s’est incliné face à Michel Gbagbo, du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), arrivé deuxième (35,8 %), et à Adama Bictogo (RHDP), vainqueur du scrutin (44,32 %). Malgré le rejet de leurs recours, les deux candidats malheureux continuent de clamer leur victoire et ont annoncé qu’ils n’allaient pas siéger au conseil municipal. Pour plusieurs observateurs, l’opposition a payé sa division. Yopougon a constitué un point de blocage important pour l’alliance entre le PPA-CI et le PDCI. Pour ce dernier, maintenir la candidature de son jeune député de Yopougon permettait d’envoyer un signal à ses militants et de grignoter sur l’électorat des deux autres candidats.

Lors de son bureau politique, qui a réuni les cadres à la maison du parti à Cocody, à la mi-octobre, le PDCI a, en autres, fait le bilan de ces locales. Mais son objectif principal est désormais de se remettre en ordre de bataille pour la présidentielle de 2025. « 2025 est et doit être la date de retour du PDCI au pouvoir », a déclaré Jean-Marc Yacé, coordonnateur des délégués de Cocody, lors de son discours à l’ouverture de la rencontre. Pour cela, la première étape est l’élection du nouveau président du parti, lors du congrès ordinaire prévu le 16 décembre.

Si au départ cinq personnalités du parti avaient fait acte de candidature devant le comité électoral, elles ne sont plus désormais que deux : l’ancien ministre du Plan, Tidjane Thiam, et le maire de Cocody, Jean Marc Yacé. Le président par intérim, Alphonse Cowppli-Bony Kwassi espère arriver à un consensus autour d’un candidat d’ici la date du congrès. Là aussi, les élus et poids lourds de la capitale économique auront leur mot à dire. Très influent dans la partie sud du pays, l’ancien maire du Plateau, Noël Akossi-Benjo, s’est finalement désisté en faveur de Thiam. Une décision qui pourrait peser dans le scrutin.

Source: JeuneAfrique

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