Africa-Press – Côte d’Ivoire. C’est avec une amertume mêlée de lucidité que Ahilé Fernand, jusque-là Secrétaire National Technique du PPA-CI en charge de la Communication et de l’Organisation des Manifestations, a réagi à sa récente exclusion du parti fondé par Laurent Gbagbo.
L’annonce est intervenue hier mardi 22 juillet 2025, via un communiqué signé par Me Habiba Touré, porte-parole de l’ancien president ivoirien Laurent Gbagbo. Un document qu’il qualifie d’irrégulier tant sur la forme que sur le fond, tout en regrettant l’absence d’éléments précis sur les faits qui lui sont reprochés.
Dans sa déclaration publique, Fernand Ahilé affirme percevoir derrière cette décision une sanction déguisée pour avoir exprimé un soutien assumé au ministre Ahoua Don Mello. Ce dernier avait récemment proposé une ouverture stratégique, suggérant au Président Laurent Gbagbo d’autoriser, par précaution et en toute lucidité politique, d’autres candidatures au sein du PPA-CI pour l’élection présidentielle de 2025. Une proposition pourtant relayée avec un certain écho au sein de la base, mais qui semble avoir heurté la ligne imposée d’en haut.
L’ancien responsable de la communication n’a pas manqué de pointer les contradictions entre les prises de position publiques de Laurent Gbagbo et la gestion interne du parti. En effet, il rappelle une déclaration récente du fondateur du PPA-CI, lors d’une rencontre avec le PDCI, où ce dernier dénonçait l’exclusion d’acteurs politiques du jeu démocratique, affirmant qu’il n’y a plus démocratie si certains ne peuvent pas se battre pour accéder au pouvoir.
Des propos que Fernand Ahilé revendique comme étant également siens, tout en s’interrogeant sur la cohérence: comment appeler à la réintégration d’acteurs politiques au nom de la démocratie et, dans le même temps, refuser d’ouvrir un débat interne sur la stratégie présidentielle?
« La forme et le fond du communiqué me laissent perplexes, car connaissant le fonctionnement du Parti, je doute qu’une avocate se mélange dans un tel texte, en débutant par un sujet, puis chutant sur un autre, mais qui est hors-sujet, sauf si cela lui a été imposé par son patron, que dis-je sa patronne, la patronne du Parti », s’interroge t-il en faisant allusion à Nadiani Bamba, l’épouse de Laurent Gbagbo.
Il estime que la candidature de Laurent Gbagbo, bien que légalement possible, est stratégiquement inopportune, et que la démocratie interne du parti devrait permettre aux autres ambitions d’émerger sans crainte de représailles. Selon lui, de nombreuses figures du PPA-CI nourriraient des velléités de candidatures, mais sont muselées par une atmosphère de crainte, où la parole libre est systématiquement perçue comme une menace.
Loin d’une simple réaction épidermique, sa prise de parole prend la forme d’un manifeste politique contre ce qu’il décrit comme une dérive autoritaire du parti. Il évoque des tensions internes bien connues mais tues, des rivalités silencieuses entre barons du parti, et un refus systématique de débattre sur la ligne stratégique. Fernand Ahilé regrette l’exclusion brutale d’Ahoua Don Mello des récentes initiatives conjointes entre le PPA-CI et le PDCI, un signe clair, selon lui, d’un isolement volontaire de toutes les voix divergentes.
À travers son propos, c’est une mise en garde qu’il adresse: celle d’un parti qui, tout en se proclamant démocratique, adopte des réflexes de rejet, d’exclusion et de verrouillage interne.
L’homme assume sa position, qu’il sait désormais marginale, mais reste fidèle à ses convictions. Il quitte le PPA-CI avec l’amertume d’un militant trahi par un idéal, mais avec la dignité de celui qui aura choisi la liberté d’expression plutôt que le silence complice.
« Au lieu de jouer les pseudo-combattants, se contentant de bomber le torse qu’à l’intérieur du Parti, par des batailles souterraines, Assoa Adou vs Hubert Oulaye, Katinan Koné vs Habiba Touré, ou encore Stéphane Kipré vs Damana Adia Pickass, ceux-ci devraient courageusement créer le débat en interne et suggérer au Parti d’abandonner sa stratégie.
Bon vent au PPA-CI, ce Parti qui se vante d’être démocratique, mais qui, dans le fonctionnement, exclut, rejette, combat, écarte, méprise, tous ceux qui osent user de leur liberté d’expression », conclut-il.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press