
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Depuis des mois, certain(e)s sympathisant(e)s et certain(e)s militant(e)s du Front populaire Ivoirien
livrent un spectacle affligeant sur les réseaux sociaux relativement à la vie privée de citoyen et de
citoyennes ivoiriens. Devant cet état de faits, notre éducation, notre engagement, notre
responsabilité, nos devoirs et nos droits ne nous autorisent pas à garder indéfiniment le silence sous
quels que prétextes que ce soient.
Sans nous appesantir sur le fond de ce qui peut être lu comme des règlements de compte, il nous
paraît opportun de dévoiler notre constat, pour (re)inviter les différents protagonistes à revenir sur le
chantier de la contradiction principale incarnée par la lutte contre le 3ème mandat
anticonstitutionnel du chef de l’État ivoirien.
C’est en ayant restauré la démocratie en Côte d’Ivoire, aux fins de faire participer toutes ses filles et
tous ses fils de ce pays à son relèvement et à sa reconstitution, que le peuple pourra s’épanouir dans
la quiétude. Cela dit, il importe d’indiquer que dans un débat quelconque, on peut montrer son
désaccord et être courtois dans son expression. Le désordre, la haine, les violences verbales, les
incivilités, les apostrophes agressives et les dérives gratuites qui s’expriment au travers des réseaux
sociaux sur le Président Laurent Gbagbo, sur la 2ème Vice-Présidente du Front populaire Ivoirien,
Simone Ehivet Gbagbo et sur Madame Nadiany Bamba n’ont absolument rien de militant.
Car ce qu’il faut dire sans faire insulte à qui que ce soit, c’est que Laurent et Simone Gbagbo se sont
rencontrés sur le champ du militantisme et ont décidé de vivre ensemble et se marier ensuite. C’est
plus tard que comme cela peut arriver à tout homme, que le Président Gbagbo connaît Madame
Nadiany Bamba et vit avec elle aujourd’hui. Cette situation qui relève de la sphère privée, soit-il
d’un ancien Président de la république et Président du FPI – n’autorise qui que ce soit à semer des
troubles par des dénigrements, de la bassesse, de l’agressivité et des incivilités qui n’apportent rien à
la lutte si ce n’est de contribuer à laisser Ouattara en roue libre.
Il me semble qu’apporter une telle clarification ne saurait être lu comme une offense à qui que ce
soit pour les uns voire à interpréter comme une insubordination pour les autres. Quand on a la
conviction, on doit dire les choses qui s’imposent sans craindre des représailles. En fait, une sorte de
laxisme et/ou de sectarisme a été peut-être involontairement ou indirectement entretenue dont les
effets s’expriment directement ou collatéralement, venant ainsi affecter le moral de millions de
personnes qui ont cru au FPI.
Des acteurs de premiers plans, en tenant compte du contexte de la prise en otage actuelle du
Président Laurent Gbagbo, ne peuvent pas s’extraire de leurs responsabilités devant une situation
qui dure depuis de longs mois. Après feu le « Gardien du Temple », Simone Gbagbo vient comme
première Vice-Présidente du Front populaire ivoirien. Dans notre lecture, c’est d’une certaine façon
pour symboliser le respect de la mémoire de Feu Aboudramane Sangaré – comme si le poste restait
toujours occupé – que Simone Gbagbo reste deuxième Vice-Présidente. Elle a donc le rang de
Présidente quand le Président en titre est empêché. Et le Secrétaire général du parti s’occupe de la
gestion quotidienne du parti. Il y a donc là, au regard des textes fondamentaux, deux postes, deux
responsabilités et deux rangs (deuxième Vice-Présidente et Secrétaire Général) que des badauds ne
sauraient réussir à mettre dans une même balance. Les textes du parti sont issus d’un Congrès.
Aucune volonté, soit-elle celle de Laurent Gbagbo qui est aussi soumis à l’obligation du respect des
textes ne viendra donc imposer le contraire de la règle.
C’est dommage que par intéressement, nous assistons depuis au mutisme et à la fuite de
responsabilité – devenue malheureusement chronique – de certains cadres du FPI qui se cachent
derrière une notion de la discipline complètement dévoyée.
Le. »Gardien du Temple » qui tenait la maison a disparu. La prise de décision de participer aux
élections législatives sans situer stratégiquement les militants et sympathisants qui sont encore sur
leur faim, au regard de la dynamique contre le 3ème mandat anticonstitutionnel, crée par ailleurs à
ne point douter des interrogations et des incompréhensions légitimes voire une défiance diffuse.
Dans un tel contexte, on ne peut indéfiniment ni éluder ni différer le nécessaire besoin de
clarification et de recadrage possiblement salvateur.
A notre sens, ce sur quoi il conviendrait d’être focus, c’est la problématique de libération du pays de
la dictature. Le peuple de Côte d’Ivoire ne saurait comprendre que la lutte de la démocratie, de la
souveraineté, de la liberté et de la justice soit mise en veilleuse au profit d’une prospérité
d’éléments de diversion. Le foisonnement d’intrigues et d’incivilités à l’endroit d’acteurs
importants du pays, en l’occurrence Laurent et Simone Gbagbo, ne peut être rangé au registre
d’anecdotes. Il faut que le changement de paradigme absolument nécessaire pour créer les
conditions de l’épanouissement du peuple ivoirien soit le sujet qui recadre ceux que, peut-être
l’oisiveté et/ou le manque de lucidité poussent à des dérives qui facilitent la tâche à Ouattara dans
son œuvre d’imposture contre le peuple de Côte d’Ivoire.
Au total, il faut retenir que Laurent et Simone Gbagbo sont deux grands acteurs symboliques qui
ont créé le Front populaire ivoirien, un parti de gauche. Il faut par ailleurs intégrer que la solidarité
et l’exercice démocratique sont deux valeurs de gauche dont personne ne saura détourner tous les
militant(e)s et sympathisant(e)s progressistes.
Nous ne saurions terminer notre propos sans rappeler que Laurent Gbagbo président, avait nommé
ministres, des personnages dont très peu engageaient leurs responsabilités dans les décisions qu’il y
avait à prendre dans l’exercice de leurs fonctions. Tellement personne ne voulait prendre de risques
qu’on avait l’impression que des ministres attendaient que Laurent Gbagbo vienne faire à leur place
le travail pour lequel ils avaient été commis. Quand des attitudes de laxisme et de négligence de cet
ordre ont contribué à faire prospérer des gangsters ou à hisser des loubards au sommet de l’Etat, la
modestie devrait inviter des acteurs qui nous en font encore voir à la retenue et à la revisite de leur
pratique. Le peuple de Côte d’Ivoire ne peut pas assister indéfiniment à ce petit jeu de politiques qui
s’imposent au-devant de la scène alors que les exigences des enjeux les dépassent. Il est temps de
comprendre que la politique ne doit pas préempter le droit et la quiétude de chaque Ivoirien(ne). Il
est plus que temps que chacun tire dans l’humilité les leçons de toutes les expériences passées.
Claude KOUDOU
Docteur ès Sciences de l’Université de Paris VI Jussieu
DEA du Centre scientifique d’Orsay