Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le Collectif des avocats du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a tenu une conférence de presse à la Maison de la Presse au Plateau, dénonçant de « graves atteintes aux libertés fondamentales » dans le cadre des récentes arrestations de militants et cadres du parti.
Les avocats pointent du doigt des irrégularités procédurales, des restrictions de liberté jugées arbitraires et des conditions de détention inhumaines. Ils annoncent leur intention de saisir à la fois les juridictions nationales et les instances internationales.
Suite à des violences survenues à Yopougon dans la nuit du 1er août, notamment l’incendie de plusieurs véhicules, des enquêtes ont été ouvertes, entraînant l’interpellation de plusieurs militants du PPA-CI.
Maître Kanon Blé dénonce: « Certains militants ont été convoqués, puis empêchés de quitter Abidjan, sans base légale ni décision judiciaire. Cela viole de manière flagrante l’article 21 de la Constitution, garantissant la liberté de circulation. »
Parmi les personnes arrêtées figurent d’éminentes figures du parti, telles que l’ancien ministre d’État Lida Kouassi Moïse et l’ambassadeur Koné Boubacar.
Selon le Collectif, le parquet aurait volontairement ignoré les articles 42 et 43 du statut des anciens membres du gouvernement, qui imposent une procédure spécifique en cas de poursuites.
« On ne peut pas traiter d’anciens hauts responsables comme de simples citoyens devant la justice. La loi impose des garanties procédurales qui n’ont pas été respectées », a insisté Me Sylvain D. Tapi.
Les avocats dénoncent également les conditions dans lesquelles seraient détenus certains militants, notamment des femmes.
Me Tapi a évoqué le cas d’une élue suppléante incarcérée dans une cellule insalubre, sans accès à des produits d’hygiène de base.
« Privée de serviettes hygiéniques, contrainte de dormir sur un matelas souillé, cette situation est indigne. Ce sont des traitements dégradants, potentiellement assimilables à des crimes contre l’humanité », a-t-il affirmé avec force.
Autre point de discorde: plusieurs militants auraient signé des aveux sans la présence d’un avocat, ce qui constitue une violation manifeste du droit à un procès équitable.
« Un aveu obtenu sous pression, sans assistance légale, est nul et non avenu. La loi exige qu’il soit libre, éclairé et volontaire », a rappelé Me Kanon Blé.
Face à ce qu’ils considèrent comme une dérive judiciaire, les avocats annoncent des actions en cascade. Ils entendent saisir le Conseil supérieur de la magistrature, le procureur général, mais aussi les organisations internationales de défense des droits humains.
« Le procureur a le droit de poursuivre, mais dans le strict respect de la loi et des droits fondamentaux. Nous n’accepterons pas ces atteintes à l’État de droit », a conclu Me Tapi.
Le climat politique ivoirien s’en trouve une nouvelle fois tendu, à moins de deux ans de la prochaine présidentielle. Le PPA-CI, fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo, voit dans ces arrestations une tentative de musellement de l’opposition.
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