Africa-Press – Côte d’Ivoire. À quatre mois du scrutin présidentiel, le climat politique en Côte d’Ivoire s’alourdit. La Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), regroupant plusieurs partis et mouvements d’opposition, a lancé une alerte hier jeudi 12 juin 2025, accusant le pouvoir en place d’avoir volontairement écarté plusieurs figures majeures de l’opposition de la liste électorale définitive. Une manœuvre perçue comme une tentative de verrouillage du jeu démocratique.
Parmi les radiés figurent le Président du PDCI-RDA et coordinateur de la CAP-CI, Cheick Tidjane Thiam, ainsi que le président du COJEP, Charles Blé Goudé. À leurs côtés, d’autres leaders politiques comme l’ancien président Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Noël Akossi Bendjo sont également absents de la liste définitive, selon l’analyse préliminaire des données disponibles. Pour la coalition, cette série d’évictions politiques ciblées ne saurait relever du hasard ni d’un processus administratif neutre: il s’agit d’une stratégie délibérée de disqualification politique, soutenue par des institutions instrumentalisées.
La CAP-CI dénonce un processus électoral verrouillé depuis plusieurs années, marqué par le refus systématique du régime d’Alassane Ouattara d’engager des réformes sérieuses, malgré les multiples appels de l’opposition. Depuis 2018, la coalition affirme avoir multiplié les démarches pour initier un dialogue politique sincère sur la refonte du système électoral et de la Commission Électorale Indépendante (CEI). Ces appels n’ont rencontré, selon elle, que silence, mépris et rigidité. Résultat: une CEI jugée partiale, des procédures opaques, et une révision de la liste électorale entachée d’irrégularités non corrigées.
La coalition rappelle qu’en 2020, l’absence de réformes avait déjà conduit à une crise postélectorale meurtrière, faisant plus de 80 morts, des centaines de blessés et des dizaines de prisonniers politiques. Pour la CAP-CI, la répétition de ces pratiques annonce une nouvelle phase de tensions, voire un conflit politique d’une ampleur comparable. Elle pointe du doigt la responsabilité directe du pouvoir en place, qu’elle accuse de chercher à « choisir ses adversaires » et d’imposer, par tous les moyens, un quatrième mandat illégal pour le président sortant.
Dans sa déclaration, la coalition a formulé plusieurs exigences: la reprise immédiate de la révision de la liste électorale dans des conditions transparentes et inclusives ; la réinscription sans condition des leaders politiques exclus ; un audit indépendant et public de la liste électorale définitive ; la mise à disposition de cette liste à tous les partis ; et la démission du président de la CEI, M. Kuibiert Coulibaly, dont la posture jugée partisane ne garantirait plus la neutralité attendue de l’institution.
La CAP-CI appelle également la communauté nationale et internationale à se mobiliser face à ce qu’elle considère comme une violation répétée de la Constitution, une régression démocratique préoccupante, et une menace grave pour la paix sociale. Elle interpelle les forces vives du pays — les citoyens, les autorités religieuses, les intellectuels, les leaders d’opinion — pour empêcher l’instauration d’un régime autoritaire déguisé sous un vernis électoral.
Tout en affirmant sa volonté de rester attachée à la légalité et à la non-violence, la CAP-Côte d’Ivoire appelle ses militantes, militants, sympathisants et tous les citoyens épris de démocratie à rester mobilisés. Elle invite chacun à se tenir prêt à répondre aux mots d’ordre à venir. Une première action concrète est prévue ce samedi 14 juin 2025: une grande marche de protestation organisée par le PDCI-RDA en soutien au président Thiam, en France depuis bientôt trois mois. Le rassemblement débutera à 08h00, de la place SOCOCE à Cocody, pour se diriger vers le siège de la CEI.
Enfin, la coalition promet de continuer son combat par tous les moyens légaux disponibles afin de restaurer la vérité des urnes et permettre au peuple ivoirien de choisir librement ses dirigeants. Pour la CAP-CI, il ne s’agit pas seulement d’une élection: il s’agit de défendre la souveraineté populaire, la justice et l’avenir démocratique du pays.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press