Africa-Press – Côte d’Ivoire. Ce jeudi 3 juillet 2025, Adzopé a accueilli la quatrième étape de la 4e édition de la Caravane de l’Attestation de Droit d’Usage coutumier (ADU), une initiative lancée par le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme dans le cadre des Journées d’Informations et de Réclamations. Une opération d’envergure qui vise à rapprocher l’administration des populations, à clarifier les procédures foncières, et à assainir durablement l’environnement urbain et rural en Côte d’Ivoire.
C’est dans l’enceinte de la Préfecture d’Adzopé que se sont tenus les travaux, rassemblant une délégation de haut niveau composée de directeurs techniques du ministère, de chefs traditionnels, de populations locales et d’autorités administratives. Le ton a été donné par M. Goris Martial, président du comité scientifique, qui a ouvert la séance en appelant à une participation franche, sans réserve ni tabou: « Cette journée est la vôtre. Posez toutes les questions, interrogez-nous, exposez vos difficultés. Nous sommes ici pour vous écouter et vous répondre. »
Mais ce panel n’était pas qu’un simple exposé technocratique. Il s’est mué, au fil des heures, en véritable tribune d’échanges et de dialogue participatif entre les techniciens du ministère et les populations venues massivement des localités voisines de la région de la Mé. Les têtes couronnées, dignitaires et chefs coutumiers, porteurs de la voix des villages, ont été nombreuses à faire entendre les préoccupations de leurs administrés.
Ces autorités traditionnelles ont interrogé sans détour les représentants du ministère sur la complexité des procédures d’obtention des documents fonciers, sur les conflits récurrents liés au chevauchement des attributions de terrains, sur les lenteurs administratives et sur la question épineuse de la reconnaissance juridique des attestations villageoises antérieures.
Des préoccupations bien accueillies par les techniciens de l’État qui ont apporté des réponses claires, précises et didactiques. Pour M. Abdoulaye Diallo, Directeur du Domaine Urbain, l’État ne rejette pas les réalités coutumières, mais entend désormais les encadrer juridiquement: « Les attestations villageoises sont des éléments historiques, mais elles ne suffisent plus pour garantir une sécurité juridique à vos parcelles. L’Attestation de Droit d’Usage coutumier est la seule pièce valable aujourd’hui pour sécuriser les transactions foncières en zone urbaine. » Il a donc invité toutes les personnes en possession d’anciennes attestations à se présenter au guichet du domaine urbain pour se régulariser.
Les échanges ont été particulièrement intenses autour des préoccupations des chefs de village qui, souvent placés au cœur des litiges fonciers, se retrouvent démunis face à l’évolution du cadre légal. Plusieurs d’entre eux ont exprimé le besoin d’être davantage formés et informés sur les procédures modernes, et ont salué la démarche du ministère qui, pour une fois, ne s’est pas contenté de rester à Abidjan, mais est venu « écouter les réalités du terrain ». L’ambiance, respectueuse mais ferme, a permis de dénouer certains malentendus et d’établir un climat de confiance mutuelle.
M. Hubert Yomafou, Directeur de l’Urbanisme et du Développement Urbain, a profité de cette tribune pour rappeler avec vigueur la nouvelle ligne de conduite de l’État en matière d’aménagement du territoire: « Finis les lotissements sauvages, finis les plans improvisés, finis les quartiers sans électricité ni eau. Chaque projet doit désormais être justifié, planifié et approuvé par l’État. »
Il a expliqué que la planification urbaine suit une hiérarchie logique: d’abord les schémas directeurs qui dessinent les grandes lignes du développement d’une ville (comme ceux du Grand Abidjan ou de Yamoussoukro), ensuite les plans d’urbanisme de détail, puis les projets de lotissement, avant de passer à la construction. Tout promoteur, qu’il soit public ou privé, est tenu de respecter ce cadre structuré. Une attention particulière est portée à la capacité financière des opérateurs et à l’opportunité réelle des projets en lien avec la densité urbaine existante. Les responsables ont insisté sur le fait qu’un projet situé trop loin des zones urbaines consolidées ou sans utilité immédiate est désormais automatiquement rejeté.
En matière de sanctions, M. Yomafou a été sans équivoque: « Celui qui entreprend des travaux d’aménagement sans autorisation s’expose à des poursuites judiciaires sévères. Les articles 282 et 283 du code de l’urbanisme prévoient des peines d’emprisonnement allant de six mois à deux ans, et des amendes de deux à cinq millions de francs CFA. »
Autre point fort de cette journée, l’intervention de M. Lassiné Sidibé, Directeur du Guichet Unique du Permis de Construire. Il a insisté sur la simplification administrative en cours pour obtenir le permis de construire, devenu obligatoire pour tout type de projet immobilier. Grâce au guichet unique, les délais sont réduits, et les risques de fraudes sont considérablement diminués.
Enfin, Madame Ehui Bénié épouse Koné, Directrice de la Copropriété, a mis en lumière les réalités souvent méconnues du vivre ensemble en milieu résidentiel. Elle a exposé les responsabilités des copropriétaires, la gestion des charges communes, l’organisation des assemblées générales et les litiges fréquents liés à l’usage des espaces collectifs. Une intervention très bien accueillie par les populations urbaines qui vivent dans des résidences en pleine expansion.
En conclusion, cette étape d’Adzopé n’a pas seulement été un moment d’explication ; elle a été un véritable espace de co-construction, où la voix des populations a trouvé un écho réel dans l’écoute des responsables ministériels. La Caravane de l’ADU, loin d’être une simple opération administrative, s’impose de plus en plus comme un levier majeur de transformation urbaine, en posant les bases d’une gouvernance foncière inclusive, moderne et résolument tournée vers l’intérêt général.
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