En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro hors jeu pour les élections locales

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En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro hors jeu pour les élections locales
En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro hors jeu pour les élections locales

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Sur la liste électorale publiée par la Commission électorale indépendante (CEI) samedi 20 mai en prévision des scrutins locaux du 2 septembre, il y a 8 016 796 inscrits mais trois absents de taille. Ni l’ancien président Laurent Gbagbo, ni son ancien ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé, ni l’ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, tous les trois opposants, n’y figurent. « Laurent Gbagbo est parmi les gens qui sont radiés et cela nous meurtrit, a déclaré à la presse Sébastien Dano Djédjé, un des cadres du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Mon parti refuse de s’associer à une telle injustice. » Selon lui, cela remet en cause le « processus électoral ».

« On ne s’acharne pas sur Laurent Gbagbo. Il y a une décision de justice qui n’est pas l’œuvre de la CEI. La CEI ne fait qu’exécuter ce que la loi dit », a répondu le président de la commission, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, soulignant que la sanction a été maintenue pour 11 000 autres Ivoiriens. Elle n’en constitue pas moins une « provocation inacceptable », a renchéri le PPA-CI réuni en conférence de presse samedi 20 mai, évoquant même un « casus belli ». « Un tel entêtement de la part du régime ivoirien fait courir de graves risques à la paix et à la cohésion sociale », a déclaré son porte-parole, Justin Koné Katinan. Acquitté et gracié

Le PPA-CI a pu compter également sur le soutien du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), autre poids lourd de l’opposition ivoirienne. « Notre pays est entré à nouveau dans une autre phase de stress et d’inquiétude, au regard des signes qui nous sont présentés – dont l’exclusion de l’ancien chef d’Etat de la liste électorale, a jugé lundi 22 mai son porte-parole, Soumaïla Kouassi Brédoumy, en conférence de presse. Cette situation doit être rétablie rapidement pendant la phase du contentieux. » Et de rappeler qu’en 2020 le PDCI avait participé au boycott actif de l’élection présidentielle alors que son propre candidat avait été retenu, par solidarité avec les autres poids lourds de l’opposition.

Après l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI) en mars 2021, son retour en Côte d’Ivoire puis sa grâce par le président Alassane Ouattara en 2022, les proches de l’ancien président avaient bon espoir de voir sa situation continuer à s’améliorer. Une réinscription sur les listes électorales aurait été un signe d’apaisement supplémentaire. La présidentielle à l’horizon

Le principal rival du chef de l’Etat ivoirien avait été déchu de ses droits civiques lors de sa condamnation en 2018 à vingt ans de prison dans l’affaire du casse de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, qui remonte à la crise post-électorale de 2011. S’appuyant sur une décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, les instances du PPA-CI ont demandé la restauration des droits civiques de Laurent Gbagbo. En 2020, celle-ci avait ordonné sa réintégration sur la liste électorale.

Charles Blé Goudé, ancien chef des Jeunes patriotes et coaccusé de Laurent Gbagbo à la CPI, avait quant à lui été déchu de ses droits civiques quand il avait été condamné par contumace à vingt ans de prison en 2019. Lundi 22 mai, il a déclaré ne pas être « surpris » de constater le maintien de sa radiation. « J’ai pris acte de la décision, mais j’ai mal », a-t-il déclaré sur NCI, une chaîne de télévision ivoirienne. Guillaume Soro qui, depuis son exil, cultive l’art du secret, n’a quant à lui pas encore réagi. Il a écopé de la prison à vie en 2021, après être tombé en disgrâce auprès du chef de l’Etat. Le maintien de la radiation de ces trois personnalités écarte trois rivaux majeurs du pouvoir en place. Au-delà des élections locales, qui se tiendront début septembre, c’est déjà la course à la présidentielle de 2025 qui se profile. Si le jeu politique reste en l’état, un boulevard s’ouvrira pour le parti d’Alassane Ouattara.

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