Gbagbo : « Quand j’étais président, les jeunes ivoiriens n’allaient pas mourir en mer »

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Gbagbo : « Quand j'étais président, les jeunes ivoiriens n'allaient pas mourir en mer »
Gbagbo : « Quand j'étais président, les jeunes ivoiriens n'allaient pas mourir en mer »

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo, lors d’un rassemblement public tenu à Adzopé, avait donné un rendez-vous à la jeunesse ivoirienne pour connaître ses préoccupations, ses problèmes et aspirations.

Quelles sont les propositions faites à la jeunesse pour qu’elle puisse vivre dans la dignité ? C’était le sens de cette rencontre de Laurent Gbagbo avec des jeunes ce samedi 1er avril 2023 au Palais de la Culture de Treichville, comme sur place constaté par KOACI.

À cette rencontre de Gbagbo et des jeunes organisée sous la forme d’une interview avec l’ancien agent de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), Albéric Niango, plusieurs sujets ont été longuement abordés par l’ancien président ivoirien.

Le Parti de Gbagbo, le PPA-CI, estime que la jeunesse doit être impliquée dans le processus de prise de décision. La mise en œuvre d’une politique éducation-formation, assurer la disponibilité des moyens de la régionalisation, procéder à la création de centres de formations d’agriculture, valoriser la formation des acquis pour faire valoir leurs expériences dans un métier, la mise en œuvre d’une banque de l’emploi pour les jeunes, le développement du sport de compétition, tels sont quelques éléments de propositions aux jeunes du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) à la suite des différentes missions d’écoute conduites dans plusieurs villes et communes de la Côte d’Ivoire.

Le Parti de Gbagbo s’est engagé de ce fait de créer des commissions-jeunesses dans chaque région pour proposer des solutions concrètes aux jeunes dans les cadres des futures élections locales de 2023. À cet effet, chaque candidat du PPA-CI aux prochaines élections locales devra proposer un programme pour l’autonomisation de la jeunesse et intégrer les jeunes dans les conseils municipaux et régionaux.

Laurent Gbagbo, qui souhaitait donc échanger ce jour avec les jeunes de Côte d’Ivoire, s’est aussi, outre les questions d’Albéric Niango, livré à ceux de certains jeunes présents à ce rendez-vous. Pour commencer, le natif de Mama est revenu sur la recherche de la vérité en ce qui concerne la crise postélectorale de 2010-2011.

« Les victimes que moi, j’ai rencontré cherchent la vérité. Moi, tout est derrière moi. Je ne cherche pas la vérité comme un point focal de vengeance. Je souhaite qu’on cherche les vrais coupables, qu’on les voit et qu’on les connaisse. Il n’y aura pas de vengeance, mais il faut la vérité pour que la Côte d’Ivoire sache qu’un jour, un tel avait posé un acte et que cet acte n’était pas bon et que les autres Ivoiriens ne cherchent plus à commettre les mêmes actes », a-t-il indiqué.

Situant le contexte de sa rencontre avec les jeunes, Laurent Gbagbo a fait savoir à ces jeunes que l’objectif est de connaître la nature de leurs différents problèmes pour apporter des esquisses de solution.

« Cette rencontre est une discussion, quand quelqu’un t’a dit ses problèmes, tu le comprends mieux, tu le respectes. Ces jeunes-là, il faut qu’on les respecte. 70 % de la population est jeune, mais, que voulez-vous faire avec un pays, où 70 % des habitants ont moins de 35 ans et ils n’ont pas de travail. Nous les parents d’aujourd’hui, on leur dit, allez à l’école, mais ils vont à l’école, ils viennent avec des diplômes et ils dorment au salon. C’est pour causer, connaître la nature de leurs problèmes et chercher à trouver des solutions », a déclaré l’ancien prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI).

« Quand on n’est pas au pouvoir, on ne dispose d’aucun moyen, mais quand demain, on sera au pouvoir, on a tous les moyens. Or demain se prépare aujourd’hui et entre rien et tout, il n’y a pas un vide, on peut se débrouiller tant qu’on n’a pas le pouvoir d’Etat pour trouver des petites solutions », a poursuivi le président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire.

Laurent Gbagbo a également passé en revue la gestion du pouvoir du RHDP. Il a fustigé la prolifération des ponts à péage sur les routes de Côte d’Ivoire.

« Il ne faut pas mettre des péages partout. Le péage n’est pas à bannir, c’est un impôt indirect, il faut savoir faire les péages pour qu’ils aient un impact positif sur les populations. Faire un péage entre Marcory et Cocody, je trouve cela ridicule », a décrié Gbagbo.

Dans la seconde partie de cette rencontre, la parole fut donnée aux jeunes pour poser leurs questions.

À cet exercice de questions et réponses, Laurent Gbagbo a demandé aux jeunes de faire preuve de raison avant de placer leur confiance en l’homme politique.

Rappelant aux jeunes le surpeuplement de la ville d’Abidjan, Laurent Gbagbo a énuméré les différentes actions majeures qu’il avait posées pour désengorger la ville d’Abidjan.

« Pour désengorger Abidjan, premièrement, il faut mettre la capitale à Yamoussoukro parce que je vous assure, c’est terrible, la circulation à Abidjan », a-t-il plaidé.

En ce qui concerne la question de l’insécurité lors des différents scrutins électoraux en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a déploré que les pays du tiers-monde payent le prix d’un jeu d’intérêts. Il a rappelé de ce fait, la crise politique de 2010-2011.

« Dans le tiers-monde, quand on dit qu’une élection arrive, cela veut dire que la guerre arrive. Pourquoi, parce que les gens n’acceptent pas les résultats des élections. Regardez en 2010, le Conseil constitutionnel vient et dit que c’est Gbagbo qui a gagné et hors délai, deux ambassadeurs prennent le président de la CEI et l’emmènent au siège de campagne d’un candidat et là-bas, on appelle une chaîne de télévision que je ne vais pas nommer et qui annonce que c’est Ouattara qui a gagné, ça, il faut être dans le tiers-monde. Il y a trop d’intérêts qui rentrent en jeu quand il s’agit d’une élection en Côte d’Ivoire et en Afrique », a rappelé Gbagbo.

L’ex-président ivoirien a touché d’un mot de la ruée des jeunes Ivoiriens vers les Pays d’Europe en passant par la Méditerranée. Gbagbo a expliqué ce fait par l’échec de la politique de la jeunesse du Gouvernement.

« Au temps où Gbagbo Laurent était président de la République, les jeunes Ivoiriens n’allaient pas mourir en mer, ça au moins, c’est un fait, même quand on nous a fait la guerre et qu’elle a duré 9 ans, de 2001 à 2010. C’est déplorable que des jeunes Ivoiriens aillent mourir en mer et il faut faire en sorte que les jeunes Ivoiriens ne prennent pas la route du Sahara, ni de Sahel ni de la Méditerranée. Il faut faire en sorte que les jeunes Ivoiriens cherchent leur travail ici, chez eux. C’est déplorable que des jeunes Ivoiriens aillent mourir en mer et il faut faire en sorte que les jeunes Ivoiriens ne prennent pas la route du Sahara, ni de Sahel ni de la Méditerranée.

Un autre sujet abordé, avec les jeunes, c’est la question du panafricanisme. Pour Laurent Gbagbo, « on ne comprend le panafricanisme quand on a des crises. Les produits de nos industries peuvent être vendus dans les autres pays africains. Nous qui produisons du cacao, si nous produisons du chocolat, on peut le vendre au Burkina, au Mali, voilà ce que je voulais vous dire sur le panafricanisme ».

Enfin, Laurent Gbagbo a remercié les jeunes d’avoir effectué le déplacement au Palais de la culture de Treichville. Il les a invités à se battre pour avoir ce qu’ils veulent.

« J’ai été jeune et pauvre, donc la vie n’était pas du tout rose, mais on s’est battu, on a lutté. Jeunes gens, il faut se battre, on n’a rien sans combat. Vous pouvez vous gonfler la poitrine, mais tant que vous ne vous battez pas pour vous en sortir, ce qui t’appartient, c’est ce que tu arrives à mettre dans ta main et dans ta poche. Que chacun de vous arrive à se battre pour arriver au sommet. Mais la seule condition pour arriver au sommet, c’est qu’il faut se battre », a fait savoir celui qui, pour rappel, au regard de son casier judiciaire et de sa non-amnistie, au-delà de son état de santé, ne pourra pas se présenter à la présidentielle de 2025.

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