Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire franchit un pas décisif dans la modernisation de son secteur halieutique. En marge de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, a officiellement procédé au dépôt des instruments de ratification de la Convention N°188 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), portant sur le travail dans le secteur de la pêche.
Cette cérémonie solennelle s’est tenue le 8 juin à Nice, à l’occasion de la 113e Conférence internationale du Travail, en présence de Gilbert Houngbo, Directeur général de l’OIT, et de nombreuses parties prenantes du monde maritime.
Représentant 0,5 % du PIB depuis 2023, la pêche constitue une source de revenu pour plus de 680 000 personnes en Côte d’Ivoire, dont un tiers de femmes. Bien que majoritairement artisanale, la pêche nationale est un levier d’emploi considérable, notamment pour la jeunesse, avec 81 % de la production issue de la pêche artisanale en 2023. Le ministre Sidi Touré n’hésite d’ailleurs pas à qualifier ce secteur de « prochain café-cacao ivoirien », en soulignant son fort potentiel.
La ratification de la Convention 188 marque un tournant pour les conditions de travail des pêcheurs. Elle vise à garantir des standards internationaux en matière de conditions de service à bord, de logement, de sécurité et de santé au travail, d’alimentation, de soins médicaux et de protection sociale.
Parmi les principales dispositions, la mise en place de contrats de travail écrits, le respect d’un âge minimum pour embarquer (généralement 16 ans), l’instauration de normes de sécurité et d’hygiène à bord, la limitation des heures de travail et le respect des temps de repos et un accès à la sécurité sociale et à l’assurance en cas d’accident ou de décès.
Elle prévoit également un système national d’inspection des navires de pêche et une coordination entre les administrations compétentes pour en assurer l’application.
Cette ratification s’inscrit dans un effort plus large engagé par l’État ivoirien pour faire du secteur halieutique un pilier de son économie. La Côte d’Ivoire a déjà adhéré à l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port de la FAO et soutient un protocole régional visant l’amélioration des normes de travail à bord et l’élimination du travail forcé dans les eaux du golfe de Guinée.
En 2022, le gouvernement a adopté la Politique Nationale de Développement de l’Élevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA 2022-2026), dotée d’un budget de plus de 1 000 milliards FCFA. Objectif: renforcer la gestion durable des ressources halieutiques et accroître la compétitivité de la filière. À horizon 2026, la production nationale devrait couvrir 65 % des besoins en produits de pêche.
Le Directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo, a salué cet engagement de la Côte d’Ivoire en déclarant: « Les pêcheurs, comme tous les travailleurs de l’océan, méritent protection, dignité et opportunités. Une économie océanique durable ne peut se faire sans eux. »
De son côté, Sidi Touré a réaffirmé la volonté du gouvernement d’améliorer les conditions de vie et de travail des pêcheurs, de garantir leur sécurité en mer et d’assurer une exploitation responsable des ressources halieutiques.
Avec cette ratification, la Côte d’Ivoire entre dans le cercle des nations déterminées à promouvoir une pêche durable, équitable et conforme aux standards internationaux. Un signal fort pour les travailleurs du secteur, mais aussi pour l’avenir économique et alimentaire du pays.
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