Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans une lettre ouverte adressée aux ivoiriens, le jeudi 12 juin 2025, l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, a annoncé la mise en place d’un Mouvement dénommé « Trop c’est Trop ».
Selon le Président du Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), le Mouvement dont il a appelé les forces vives de la Nation à y adhérer, a pour objectif de donner au « peuple une plateforme forte et audible pour faire entendre ses revendications ». Plus loin, vous qualifiez ce mouvement de changement pacifique et démocratique pour bâtir une Côte d’Ivoire libre et prospère. »
24 heures après son message, la Sénatrice Koné Kady Soukoulé répond à l’ex-chef d’Etat ivoirien. Elle lui adresse également une lettre ouverte dans laquelle, elle revient sur les crises successives que la Côte d’Ivoire a connues.
Pour la vénérable Sénatrice, les survivants et survivantes des crises qui ont connu les affres de la guerre, échappé aux balles assassines qui ont transpercé les toits de certaines résidences pour se loger dans des corps endormis, ont encore en mémoire les contraintes qui les ont amenées à enterrer leurs morts dans l’arrière-cour de leurs maisons.
« Les survivants et survivantes qui, sans soutiens psychologiques, ont réussi à guérir des traumatismes, ont encore pour certains des douleurs invisibles qui ressurgissent de temps à autre malgré l’action salvatrice du temps qui passe », poursuit-elle.
Donatien Kautcha, Abidjan
Ci-dessous l’intégralité de la lettre ouverte adressée au président du PPA-CI, Laurent Gbagbo par la Sénatrice Koné Kady Soukoulé transmise ce vendredi 13 juin 2025 à KOACI…
LETTRE OUVERTE A l’EX PRESIDENT LAURENT GBAGBO Monsieur le Président,
Dans une adresse au peuple ivoirien datée du jeudi 12 juin 2025, vous annoncez la mise en place d’un mouvement appelé « trop c’est trop dont l’objectif est de donner au peuple une plateforme forte et audible pour faire entendre ses revendications ». Plus loin vous qualifiez ce mouvement de changement pacifique et démocratique pour bâtir une Côte d’Ivoire libre et prospère. De la conférence de la Baule du 20 juin 1990 au cours de laquelle Feu François Mitterrand, Président de la République Française s’adressait à ses pairs en ces termes:
« Je vous parle comme un citoyen du monde à d’autres citoyens du monde: c’est le chemin de la liberté sur lequel vous avancerez en même temps que vous avancerez sur le chemin du développement. On pourrait d’ailleurs inverser la formule: c’est en prenant la route du développement que vous serez engagés sur la route de la démocratie » à la date du jeudi 12 juin 2025, trente-cinq (35) ans se sont écoulés et de l’eau a coulé sous les ponts. Des présidents se sont succédés à la tête de la Côte d’Ivoire, qui a connu plusieurs crises.
Pour les survivants et survivantes de ces différentes crises, le peuple ivoirien semble avoir deux composantes.
Une composante qui est appelée à être martyrisée et une autre qui doit disposer de tous les droits pour se faire entendre. Trop c’est trop est une terminologie utilisée pour exprimer son ras le bol et son exaspération face à une situation donnée.
Le mouvement trop c’est trop constitue donc un pied de nez pour les survivants et les survivantes des différentes crises.
Aussi, il est opportun de rappeler quelques faits pour lesquels les survivants et les survivantes des crises survenues en Côte d’Ivoire ayant subi monnès et outrages, ont fait montre de courage et de résilience.
Trop était trop lors du forum de la réconciliation nationale durant lequel, le Président Alassane a présenté les pièces d’identités de son père et de sa mère mais s’est vu 1 dénié la nationalité ivoirienne par un pouvoir auréolé de sa superpuissance et de son arrogance.
Trop était trop lorsque certains affirmaient que des tailleurs avaient été minutieusement sélectionnés pour confectionner un costume ayant la forme de l’article 35 de la constitution de 2000 qui irait au Président Alassane Ouattara comme un gant.
Trop n’était sans doute pas trop lorsque l’escadron de la mort a tenté de faire passer le Président Alassane Ouattara de vie à trépas à son domicile de Cocody Blockhaus.
Trop était trop pour les familles de Feu Capitaine Dosso, de Monsieur Camara H et biens d’autres militants prématurément tombés sous les balles assassines de l’escadron de la mort.
Certains militants qui, sans doute ne font pas partie de la composante du peuple qui a droit à tout, ont été pris lors des marches de mars 2004 et ont subi l’épreuve du repassage des dos avec les têtes plongées dans des bassines d’eau.
Certains décédés des suites de ces tortures n’ont pas eu le temps d’implorer leurs bourreaux à travers les cris de détresse trop c’est trop arrêté vos tortures.
Trop n’était-il pas trop avec le massacre des militants qui veillaient sur le siège du RHDP de Yopougon? Trop était sans aucun doute trop quand la ville d’Abidjan a été transformée en une gigantesque prison dans laquelle les miliciens avaient érigé des barrages et pouvaient décider du sort de certains citoyens selon leurs humeurs.
Le summum du trop c’était trop a été atteint avec la profanation de la tombe de notre mère Adja Nabintou Cissé, mère du Président Alassane Ouattara par des êtres qui, par leurs enveloppes corporelles, ressemblaient à des humains mais qui en réalité avaient choisi les ténèbres pour y célébrer leur cruauté.
Trop était devenu tellement trop quand le couvre-feu a été instauré pour la première fois en Côte d’Ivoire pendant la journée et était levé pour quelques heures à l’effet de permettre aux survivants et survivantes de sortir de leurs maisons pour aller déterrer des tubercules dans les champs de manioc pour s’alimenter devant la famine qui menaçait, faire la queue devant quelques pharmacies qui osaient ouvrir, avec le secret espoir d’y trouver des médicaments pour se soigner et maintenir ainsi la flamme vacillante de la vie.
Trop était également trop lorsque les femmes d’abobo ont été bombardées à l’arme lourde et gisaient dans leur sang qualifié de bissap. Monsieur l’ex Président Laurent Gbagbo, Les survivants et survivantes des crises qui ont connu les affres de la guerre, échappé aux balles assassines qui ont transpercé les toits de certaines résidences pour se loger dans des corps endormis, ont encore en mémoire les contraintes qui les ont amenées à enterrer leurs morts dans l’arrière-cour de leurs maisons.
Les survivants et survivantes qui, sans soutiens psychologiques, ont réussi à guérir des traumatismes, ont encore pour certains des douleurs invisibles qui ressurgissent de temps à autre malgré l’action salvatrice du temps qui passe.
Peut-être que les survivants et survivantes n’ont pas les mêmes lunettes et grilles de lecture que la composante ayant tous les droits pour apprécier les œuvres titanesques du Président Alassane Ouattara, Président de la République, qui ont transformé la Côte d’Ivoire et l’ont repositionnée dans le concert des pays en course pour le développement durable.
L’annonce selon laquelle le mouvement trop c’est trop est un mouvement de changement pacifique et démocratique visant à bâtir une Côte d’Ivoire libre et prospère est en contradiction flagrante avec les terminologies de « bagarre » qui elle semble vouloir replonger notre pays dans le chaos et nous ramener quinze ans en arrière alors trop ce sera vraiment trop.
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