Africa-Press – Côte d’Ivoire. En tête d’une manifestation à Paris contre le 4e mandat d’Alassane Ouattara, Tidjane Thiam était près d’opposants ivoiriens de la diaspora pour appeler à l’unité sacrée pour faire barrage à ce qu’il qualifie de dérive autoritaire.
La marche s’est déroulée entre la place du Trocadéro et la place Victor Hugo. Le président du PDCI-RDA, en exil en France depuis avril dernier, a prononcé un discours devant un parterre d’anti-Ouattara.
Une centaine, venus de France, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie, de Belgique, d’Angleterre et d’Espagne, les manifestants ont répondu à l’appel des partis de l’opposition radicale, PDCI-RDA, FPI, GPS, PPA-CI et des mouvements associés citoyens tels que « Trop, c’est trop ».
Leur message était clair: refus catégorique du 4e mandat d’Alassane Ouattara, dénonciation des atteintes aux libertés fondamentales et exigence de la libération des prisonniers politiques.
Sans la présence de Laurent Gbagbo ou Guillaume Soro, le point d’orgue de cette mobilisation fut, de fait, l’intervention de Tidjane Thiam.
« Nous sommes ensemble dans ce combat. Rien n’est plus important que la semaine qui arrive. Nous avons sept jours pour libérer la Côte d’Ivoire. Dieu a créé le monde en sept jours. Nous allons libérer la Côte d’Ivoire en sept jours. », a lancé celui qui a été privé de présidentielle suite à une décision de justice après s’être enrôlé sur la liste électorale alors qu’il n’avait pas encore renoncé à sa nationalité française.
Quand certains évoquent un deuxième mandat dans la 3e République, pour Thiam, le quatrième mandat du président Ouattara est non seulement « illégal et anticonstitutionnel », mais aussi une « mauvaise surprise » dans un pays censé respecter la limitation à deux mandats.
Il a également dénoncé les condamnations récentes infligées aux militants de l’opposition: « Des pauvres gens ont été condamnés à 36 mois de prison pour avoir manifesté pacifiquement. Voilà des gens qui ont construit leur pouvoir sur deux choses: la peur et l’argent. Nous ne sommes pas des sauvages, nous pouvons avoir une démocratie digne, où tous les candidats s’affrontent à égalité, et où le meilleur gagne. »
Le leader du PDCI-RDA a poursuivi son discours en pointant du doigt la répression des libertés publiques en Côte d’Ivoire: « Comment, dans notre propre pays, où nous sommes nés, ne pouvons-nous pas parler? Ne pouvons-nous pas marcher? Il faut que ça cesse ! »
Et de conclure en appelant à une union sacrée des forces vives pour faire barrage à ce qu’il qualifie de dérive dictatoriale: « Le président Laurent Gbagbo a dit: ‘Trop, c’est trop’. Et vraiment, trop, c’est trop. N’ayez pas peur. Restons unis. Unis, nous vaincrons. »
Les manifestants, hommes, femmes, jeunes, brandissaient pancartes et drapeaux, chantant des slogans hostiles au régime actuel. Tina Topo, figure des femmes patriotes, a déclaré: « Nous sommes des guerrières. On ne se fatigue jamais. Nous allons le terrasser ! »
Hervé Djédjé a, de son côté, insisté sur la nécessité de maintenir la pression: « C’est le début des manifestations ici en Europe. Nous n’allons pas reculer. Ouattara va nous sentir. »
Même si sur place en Côte d’Ivoire l’opposition radicale bute sur une population locale peu encline à son discours et des appels à marcher, le message du jour allait dans le sens d’une nouvelle dynamique de résistance en marche. Les opposants ivoiriens de la diaspora entendent bien jouer leur rôle dans le combat pour l’alternance.
Même si manifester en France parait dérisoire, les organisateurs ont néanmoins annoncé une prochaine mobilisation samedi prochain, avec un code vestimentaire fort: blanc et rouge, couleurs symboliques de la lutte contre l’injustice et la répression.
Si du côté d’Abidjan la campagne se déroule normalement côté pouvoir comme opposition, chacun en meeting de part et d’autre dans une ambiance bon enfant, à Paris, ce samedi 18 octobre 2025, la diaspora ivoirienne proche de l’opposition radicale a tenté de se faire entendre.
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