Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans une réponse acerbe adressée à Lia Ferdinand, vice-président du FPI, Youssouf Diabagaté, président de la Coalition des leaders de Côte d’Ivoire, revient sur les événements qui ont secoué la nation en 2010, remettant en perspective les faits historiques et les décisions qui ont marqué la crise post-électorale.
En 2010, la Côte d’Ivoire était plongée dans une crise politico-militaire qui durait depuis près d’une décennie. Le pays était divisé en deux depuis 2002, avec des conséquences dramatiques sur la stabilité et la cohésion sociale. Pour mettre fin à cette division et garantir la transparence des élections, l’Accord politique de Ouagadougou, signé en 2007, avait institué un dispositif inédit: la certification des résultats par l’ONUCI. Cette mesure visait à renforcer la crédibilité du processus électoral et à prévenir toute manipulation des résultats.
Pour la première fois dans l’histoire du pays, le Conseil Constitutionnel n’était plus le seul arbitre des résultats. Bien que son rôle fût juridique, la certification des résultats par la communauté internationale, via l’ONUCI, prenait une place centrale dans le processus, dans un contexte de méfiance profonde entre les différentes forces politiques du pays. Ce cadre avait été accepté par toutes les parties prenantes, y compris le camp du président sortant.
Cependant, la situation a pris une tournure dramatique en décembre 2010, lorsque le Conseil Constitutionnel, dirigé par Paul Yao N’Dré, a décidé d’annuler une partie des résultats dans les régions du Nord du pays, pourtant validés par la CEI et certifiés par l’ONUCI. Cette annulation, jugée arbitraire et sélective, a constitué un tournant décisif qui a plongé la Côte d’Ivoire dans le chaos.
Youssouf Diabagaté remet en lumière la déviation institutionnelle qui s’est produite à ce moment-là. Selon lui, l’annulation des résultats, qui concernait essentiellement les zones pro-Ouattara, a non seulement ignoré les accords internationaux signés par toutes les parties, mais elle a également mis en péril la stabilité du pays. « Le Conseil Constitutionnel ne pouvait pas annuler les élections dans la moitié du pays et proclamer un vainqueur différent », insiste Diabagaté.
En sa qualité de président de la Coalition des leaders, il a précisé que la communauté internationale, y compris l’Union Africaine et la CEDEAO, ainsi que les Nations Unies, ont reconnu la victoire d’Alassane Ouattara sur la base des résultats validés par la CEI et certifiés par l’ONUCI. Ainsi, la légitimité du président Ouattara a été reconnue sur la scène internationale, alors que la décision du Conseil Constitutionnel n’avait aucune validité dans le cadre de l’Accord de Ouagadougou.
Pour Youssouf Diabagaté, ce rappel historique est essentiel afin de ne pas laisser l’histoire être manipulée à des fins partisanes. « Le droit ne doit jamais être instrumentalisé au service d’un camp, le droit c’est l’équilibre, la justice et la vérité », déclare-t-il fermement. Il appelle les Ivoiriens à méditer sur les leçons de cette crise, en soulignant l’importance du respect des accords politiques et des principes juridiques internationaux.
La réponse de Youssouf Diabagaté constitue un rétablissement de la vérité sur les événements de 2010, un plaidoyer pour le respect des principes démocratiques et un appel à ne pas laisser le droit être victime des passions politiques.
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