Anarchie dans le milieu de l’architecture, l’OACI sonne la fin de la récréation et met fin aux activités d’une dizaine d’entreprises illégales

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Anarchie dans le milieu de l'architecture, l'OACI sonne la fin de la récréation et met fin aux activités d'une dizaine d'entreprises illégales
Anarchie dans le milieu de l'architecture, l'OACI sonne la fin de la récréation et met fin aux activités d'une dizaine d'entreprises illégales

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le secteur de l’architecture en Côte d’Ivoire est un pilier essentiel du développement urbain et de l’aménagement du territoire. Cependant, il est confronté à une prolifération de cabinets d’architecture illégaux, qui opèrent en marge des règles et normes régissant la profession. Ces pratiques illicites compromettent la qualité des constructions, mettent en danger la sécurité des usagers, et nuisent à l’image de la profession.

L’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire, dans sa mission de régulation, entend sensibiliser le public, les pouvoirs publics, et les professionnels sur cette situation et les mesures mises en œuvre pour y remédier, car il fait l’amer constat de la prolifération de plus en plus accrue de sociétés et d’entreprises ivoiriennes et étrangères exerçant de manière illégale la profession d’Architecte sur l’ensemble du territoire national.

Le CNOA tient à rappeler à la population et à l’ensemble des acteurs du secteur de la construction et du cadre bâti que la loi n°2018-868 du 19 novembre 2018 relative à la profession d’Architecte, mentionne à son article 8 que « Les personnes physiques ou morales inscrites au Tableau de l’Ordre (…) peuvent seules porter le titre d’Architecte ou de Société d’Architectes et exercer la mission d’Architecte (…) ».

Selon Joseph Amon, PCA du Conseil national de l’ordre des architectes, les entreprises qui offrent donc des services de maîtrise d’œuvre architecturale, de conception et de suivi de projets architecturaux, le font en dehors de tout cadre réglementaire, et en violation des règles déontologiques qu’impose l’exercice de la profession d’Architecte.

Par conséquent, il informe les personnes morales dont les noms suivent, qu’elles se rendent coupables d’usurpation du titre d’Architecte et s’exposent à la rigueur de la loi. Il s’agit notamment de AXO INNOV, de CRAYON INTERNATIONAL, de AB+ GROUP, de BO SPACE, de W.A ARCHITECTS GROUP, de FOND BLANC PARTNERS, de BET-ARCHI SARL, de ATMOSPHERE, de STUDIO BLk, de ARCHIFUSION BY TOYTO, de SOCIA ARCHI SARL, de GENIE-ARCH’ PRO CI et de VIRTUOSA.

A défaut de se conformer aux lois nationales, le CNOA appelle ces entreprises à cesser toute activité liée aux missions d’Architecte et se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires en leur encontre.

Enfin, le CNOA appelle la population et les maitres d’ouvrages à faire preuve de vigilance en s’attachant les services des Architectes dûment inscrits au Tableau de l’Ordre.

Au cours d’une rencontre avec la presse, le Président Joseph Amon a révélé, les formes les plus fréquentes d’exercice illégal et d’usurpation de titres.

«Préparer, signer des plans et devis relatifs à la construction, à l’agrandissement ou à la modification ‘rénovation ou réhabilitation) d’un bâtiment assujetti à la loi relative à la profession d ‘architecte, prendre le titre d’architecte ou utiliser une désignation susceptible de laisser croire qu’on est architecte; prétendre ou laisser croire qu’on peut agir comme architecte; aider ou amener un architecte à contrevenir au Code des devoirs professionnels ou au Code de déontologie; utiliser des plans et toutes pièces écrites qui n’ont pas été signés et scellés par un architecte, alors qu’ils auraient dû l’être;… », s’est justifié, le Président.

En vue d’assainir la profession d’architecte et d’arrêter le désordre dans la pratique du métier, Joseph prévient que seuls les architectes ivoiriens dûment inscrits à l’Ordre et agréés par celui-ci ont le droit d’instruire une demande de permis de construire.

«Après une accalmie, nous assistons à une profusion de plus en plus notable de cabinets illégaux. La lutte portant sur l’exercice illégal de la profession d’architecte devient de plus en plus hardie du fait du développement d’internet et des réseaux sociaux. L’exercice illégal de la profession d’architecte prend de nouvelle forme et le client qu’est le maitre d’œuvre se laisse gruger par de belles images de synthèses et des montages vidéo qui ne sont en rien de l’architecture. Il nous faut donc repérer les cabinets illégaux, dresser une liste des architectes non agréés et assurer une police professionnelle”, a-t-il mentionné.

A en croire le Président, l’ordre a fait le triste constat qu’il existe en Côte d’Ivoire des cabinets regroupant plusieurs dizaines d’architectes étrangers sans qu’il y ait un seul architecte ivoirien ? Ces cabinets assurent actuellement des projets de construction et bénéficie de complicités internes et externes.

«Ils doivent comprendre que pour exercer à temps plein sur le sol ivoirien, il leur faut respecter les dispositions règlementaires en vigueur. L’Ordre a pour mission de par la loi, d’assurer la protection de la corporation contre les personnes qui exercent illégalement la profession ou qui usurpent le titre d’architecte, mais surtout de protéger l’intérêt général en veillant sur la qualité, la responsabilité, la déontologie professionnelle. L’Ordre des architectes lance un sérieux avertissement à tous ceux qui exercent illégalement la profession et à ceux qui utilisent frauduleusement le titre d’architecte et les appelle à arrêter d’évoluer en ’’eaux troubles’’ sous peine d’être dorénavant poursuivis devant les juridictions », a-t-il souligné.

Tout en invitant la population à dénoncer et à saisir par écrit l’Ordre des architectes pour tout comportement délictueux de toute personne se prévalant du titre d’architecte, afin de pouvoir le vérifier et que des sanctions puissent être prises si ces comportements étaient avérés, Joseph Amon a affirmé que « la quasi-totalité des immeubles qui se sont effondrés ou affaissés ces dernières années, sans compter les innombrable édifices présentant des malfaçons constructives ou de compositions architecturales inadaptées sont malheureusement élaborés ou conçus par des non architectes.

«Il faut y mettre fin surtout que près de 80% des constructions sur le district du grand Abidjan le sont sans appels à des architectes et des professionnels du bâtiment », a déclaré, le Président.

L’architecture d’intérieur fait partie intégrante de l’Architecture mais les architectes d’intérieur ne sont pas des architectes. Selon lui, ils sont architectes d’intérieur ou designers et se doivent d’être fiers de cela.

«Ce sont des collaborateurs des architectes et ceux-ci leur confient des missions pour résoudre les volets liés aux espaces intérieurs et à la décoration. Ils ne peuvent ni construire des bâtiments ni intervenir sur l’enveloppe des bâtiments, cela n’étant pas dans leur domaine de compétence. Nous avons eu des échanges fraternels avec le président des architectes d’intérieurs et espérons avoir été compris. Ceux qui continueront a entretenir la confusion et le désordre malgré les nombreux rappels seront désormais poursuivis devant les juridictions », a dénoncé et prévenu, Joseph Amon.

Selon lui, tout comme les architectes d’intérieur, les dessinateurs n’ont pas le droit de créer des projets d’architecture, car ce sont des commis d’architecte ou des collaborateurs après un certain nombre d’années de pratique. Ce faisant, comme indiqué par le Président, ils s’adonnent ainsi également à une concurrence déloyale vis-à-vis des cabinets d’architecture dûment installés et devront être sévèrement réprimandés.

«Devenir architectes en Côte d’Ivoire est possible. L’OACI a pris l’initiative de fonder une école d’architecture il y a bientôt dix ans. Dans quelques jours, se tiendront ici même les jurys internationaux qui verront sortir la quatrième promotion. Les diplômes délivrés par l’EAA (classée 15ème établissement supérieur) sont reconnus par le MESRS (arrêtés d’habilitations des licences et masters) et le CNOA et ouvrent à l’inscription à l’OACI. Avec l’école d’architecture de l’Université de Bondoukou qui viens d’avoir la rentrée de sa deuxième promotion, ce sont les deux seuls établissements de formation d’architectes agréés en Côte d’Ivoire et au niveau international (UNESCO, UIA, AUA, les Etats membres de l’UEMOA). Il n’y en a pas plus et tout autre établissement exerce illégalement. La conférence des Ordres des architectes viens d’approuver la valise pédagogique pour la formation des architectes dans les états de l’UEMOA et ce dossier sera présenté très prochainement au plus haut sommet de la commission pour une application dans l’espace », a-t-il conclu.

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