Cocody, à bout de nerfs, un homme tente de s’immoler par désespoir après trois ans d’attente d’indemnisation

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Cocody, à bout de nerfs, un homme tente de s'immoler par désespoir après trois ans d'attente d'indemnisation
Cocody, à bout de nerfs, un homme tente de s'immoler par désespoir après trois ans d'attente d'indemnisation

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Un geste désespéré a failli virer au drame devant les locaux du Plan d’Action de Réinsertion (PAR), une entité du Projet de Transport Urbain d’Abidjan (PTUA) située à Angré « Les Oscars », dans la commune de Cocody.

Les faits se sont déroulés le lundi 11 novembre 2024 où Kalou, un homme visiblement à bout de nerfs, a tenté de s’immoler par le feu pour défendre les droits de son épouse, Z.F, dont la maison avait été détruite dans le cadre des travaux de construction du quatrième pont d’Abidjan.

L’indemnisation de ce bien, référencé sous Y Yaossei 230, était estimée à plus de 6 millions de francs CFA. Selon Kalou, toutes les démarches administratives avaient été réalisées il y a déjà trois ans, garantissant en théorie le versement de cette somme. Cependant, malgré le processus soi-disant achevé, le couple n’a toujours rien perçu, et l’attente interminable sans réponse concrète semble avoir poussé l’homme à ce geste désespéré. Heureusement, des témoins présents ont pu intervenir à temps pour empêcher l’irréparable.

Ce n’est pas la première fois qu’une tentative d’immolation a lieu en raison des frustrations liées aux indemnisations dans la ville. On se souvient encore de Mandjara Ouattara, qui s’était immolée devant le palais présidentiel le 27 mai 2014, exprimant sa détresse face aux difficultés rencontrées sous la gouvernance du président Alassane Ouattara. Ce triste épisode avait marqué les esprits, et pourtant, une décennie plus tard, les mêmes problématiques persistent.

Le PAR, en charge d’indemniser les propriétaires affectés par les projets d’infrastructures, semble en décalage avec ses responsabilités. Nombreux sont ceux qui dénoncent une lenteur administrative qui ne fait qu’aggraver la précarité des personnes concernées. Les retards dans le décaissement des fonds alimentent la colère et l’incompréhension, d’autant plus que plusieurs familles se retrouvent démunies après la démolition de leurs biens. Le couple Kalou n’est qu’un cas parmi tant d’autres: plusieurs dizaines, voire centaines de propriétaires attendent toujours le versement de leur indemnisation.

Les autorités en charge du PTUA, notamment le coordonnateur Dosso et son collaborateur Gouagoua, sont pointées du doigt pour leur gestion opaque du processus. Les impactés dénoncent un système verrouillé, où les informations sont difficilement accessibles et les démarches paraissent interminables. Selon des données recueillies lors d’une enquête précédente, il resterait environ 5000 dossiers d’indemnisation non traités. Un chiffre alarmant qui illustre l’ampleur de la crise.

Face à cette situation, la frustration grandit parmi les expropriés, qui peinent à percevoir une quelconque amélioration dans le traitement de leurs dossiers. De nombreux habitants se sentent abandonnés, pris en étau entre des promesses non tenues et une bureaucratie étouffante.

Le drame évité de justesse a mis en lumière la nécessité d’une action rapide et efficace pour répondre aux attentes des citoyens impactés par les grands projets d’infrastructures, afin d’éviter que la situation ne dégénère davantage.

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