Africa-Press – Côte d’Ivoire. Un an après l’abattage massif de porcs ordonné pour contenir la propagation de la Peste Porcine Africaine (PPA), les éleveurs de Songon, dans le district d’Abidjan, n’ont toujours pas reçu les indemnisations promises par les autorités ivoiriennes.
Leur détresse économique, sociale et morale s’intensifie, et leur patience atteint ses limites. Le lundi 10 juin 2025, plus de 200 d’entre eux ont adressé une pétition solennelle au Premier Ministre, dans l’espoir de briser un silence administratif devenu insupportable.
C’est le 11 mai 2024 que la PPA a été détectée à Songon.
Face à la virulence du virus, la Direction des Services Vétérinaires a lancé une opération d’abattage sanitaire: 17 000 porcs ont été éliminés dans la zone, et plus de 100 000 à l’échelle nationale. Cette réponse rapide, destinée à enrayer la maladie, a eu un coût humain et économique considérable pour les éleveurs. Nombre d’entre eux ont tout perdu. On leur avait pourtant promis une indemnisation dans un délai de six à huit mois.
Aujourd’hui, treize mois plus tard, aucune compensation n’a été versée. Les conséquences sont dramatiques. Incapables de rembourser leurs prêts ou de régler leurs dettes envers fournisseurs et banques, les éleveurs se retrouvent dans des situations critiques: menacés de poursuites, incapables de subvenir aux besoins essentiels de leurs familles, certains sont au bord de l’effondrement. L’élevage porcin, qui représentait pour eux un espoir d’ascension sociale et un levier pour la sécurité alimentaire nationale, n’est plus qu’un souvenir douloureux.
Le collectif des éleveurs de Songon, lassé d’attendre, a donc décidé de se faire entendre. Par la voie d’une pétition adressée au Premier Ministre, ils sollicitent une intervention directe auprès du Ministre des Finances et du Budget pour débloquer les indemnisations. Une copie a été officiellement déposée à la sous-préfecture de Songon, dans le strict respect des procédures administratives. Dans ce courrier, à la fois digne et poignant, les signataires expriment leur épuisement, mais aussi leur foi dans l’autorité de l’État.
« Excellence, vous êtes la seule Haute Autorité vers qui nous nous tournons pour faire entendre nos voix », écrivent-ils.
Malgré les difficultés, les éleveurs n’ont pas renoncé à leur activité. Ils affirment être prêts à relancer l’élevage porcin dans des conditions sécurisées, conformément à la politique nationale de souveraineté alimentaire.
Mais sans compensation, ce redémarrage reste illusoire. « Nous voulons participer à la vision du Président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, pour une Côte d’Ivoire autosuffisante sur le plan alimentaire », rappelle le président du collectif.
Le dossier est désormais entre les mains du gouvernement. De sa réaction dépend l’avenir de centaines de familles, mais aussi d’un secteur stratégique pour l’économie agricole du pays.
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