Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’hypertension artérielle et le diabète intègrent désormais le panier de soins de la Couverture Maladie Universelle (CMU) en Côte d’Ivoire. Une décision historique, saluée par les associations de patients et les acteurs du secteur sanitaire, qui marque une étape décisive dans la lutte contre les maladies chroniques dans le pays.
Pour officialiser cette mesure et en expliquer les contours, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a organisé, à Abidjan, une rencontre d’échanges avec les associations des diabétiques, des hypertendus et les organisations de consommateurs. La séance, présidée par Karim Bamba, Directeur général de la CNAM, a permis de présenter en détail les nouvelles modalités de prise en charge et les mesures d’accompagnement prévues.
Jusqu’ici, les maladies chroniques telles que l’hypertension et le diabète étaient exclues du panier de soins de la CMU, afin de préserver l’équilibre financier du régime. Leur prise en charge se limitait à quelques actes de diagnostic. Désormais, ces deux pathologies sont couvertes dans leurs formes simples, à un taux de remboursement de 70 %, comme pour les autres affections prises en charge par la CMU.
Selon Karim Bamba, cette décision répond à une demande sociale forte: « La prise en charge de ces deux maladies chroniques permettra de réduire les inégalités d’accès aux traitements et d’améliorer l’état général de santé de nos populations. »
Les populations les plus démunies, relevant du régime des indigents, bénéficieront quant à elles d’une prise en charge intégrale à 100 %.
Avant d’intégrer ces pathologies au panier de soins, la CNAM a mené une série d’études et de consultations. Le Dr Brou Christian, Directeur des prestations de la CNAM, a détaillé le processus: « Nous avons réuni des spécialistes de ces pathologies pour examiner la faisabilité médicale, évalué les coûts à travers une étude actuarielle, et défini des protocoles de prise en charge adaptés aux réalités du pays. »
Pour l’hypertension, les consultations et bilans (électrocardiogramme, glycémie, cholestérol, ionogramme, bilan lipidique) sont désormais pris en charge. Les médicaments retenus couvrent l’ensemble des protocoles thérapeutiques, allant de la mono- à la polythérapie.
Concernant le diabète, un protocole national a été établi, avec des mesures adaptées selon le niveau de l’établissement de santé. Des écoles du diabète sont en cours de déploiement afin de former les médecins généralistes à la détection et à la gestion des cas simples, avant orientation vers les spécialistes.
L’une des principales contraintes identifiées concernait le coût élevé des médicaments. Pour y remédier, la CNAM et l’Autorité Ivoirienne de Régulation Pharmaceutique (AIRP) ont lancé un appel à manifestation d’intérêts auprès des laboratoires pharmaceutiques.
Résultat: des réductions de prix allant jusqu’à 60 % ont été obtenues, rendant possible l’alignement du taux de remboursement des médicaments pour ces deux pathologies à 70 %.
Une liste de 117 médicaments contre l’hypertension artérielle et 61 contre le diabète a déjà été publiée et annexée à la décision conjointe signée le 29 septembre dernier.
La CNAM mise sur la collaboration étroite avec les associations de patients et les organisations de consommateurs pour assurer la diffusion de la bonne information auprès du grand public. Ces structures joueront un rôle clé dans la sensibilisation, la prévention et le suivi communautaire.
« Les associations sont des relais incontournables pour la communication, la mobilisation et le dépistage. Leur implication active est essentielle pour le succès de cette réforme », a insisté Karim Bamba.
Depuis la crise de 2011, le taux de fréquentation des hôpitaux ivoiriens est passé de 9 % à 65 % en 2023, un signe tangible du renforcement de la confiance des populations envers le système de santé. Avec cette nouvelle extension du panier de soins, la CMU franchit un pas supplémentaire vers son objectif: garantir à chaque Ivoirien un accès équitable et abordable à des soins de qualité.
« Il ne s’agit pas seulement d’ajouter des maladies à la liste, mais de construire un système durable, financièrement équilibré et humainement juste », a conclu Dr Brou Christian.
Avec cette réforme, la Côte d’Ivoire confirme sa volonté d’ancrer la CMU dans une dynamique de justice sociale et de santé publique inclusive.
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