Un loup qui butine des fleurs : une découverte insolite qui révolutionne notre vision des pollinisateurs

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Un loup qui butine des fleurs : une découverte insolite qui révolutionne notre vision des pollinisateurs
Un loup qui butine des fleurs : une découverte insolite qui révolutionne notre vision des pollinisateurs

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lorsqu’on s’imagine des pollinisateurs, on pense souvent à des bestioles volantes, comme les papillons ou les abeilles, mais rarement à un carnivore… et pourtant ! Des chercheurs de l’Ethiopian Wolf Conservation Programme (EWCP) ont rapporté une découverte insolite dans la revue Ecology, parue en novembre 2024: les loups d’Ethiopie (Canis simensis) se délectent du nectar d’une plante.

La plante en question, Kniphofia foliosa (appartenant à la famille des Asphodelaceae), est endémique d’Ethiopie et est présente en haute altitude. Ses inflorescences (mode de groupement des fleurs d’une plante, ici en grappe) aux mélanges de jaune et de rouge fleurissent abondamment durant la période de juin à novembre, attirant une grande variété de pollinisateurs (comme des souimangas, terme qui désigne plusieurs espèces de passereaux). Mais ici, les observations que rapportent les chercheurs mettent en évidence le loup d’Ethiopie comme le seul grand prédateur carnivore documenté consommant ce doux nectar.


Le loup d’Ethiopie, premier carnivore pollinisateur ?

Canis simensis est l’espèce de canidé sauvage la plus rare au monde et le carnivore le plus menacé d’Afrique. Le loup d’Abyssinie (l’autre nom du loup d’Ethiopie) parcourt uniquement les hauts plateaux éthiopiens. « Moins de 500 individus survivent dans 99 meutes limitées à six enclaves afroalpines », selon l’EWCP.

Observé de manière opportuniste mais répétée par les auteurs de l’étude pendant de nombreuses années, ils ont alors décidé d’en savoir plus sur ce comportement fascinant. Ils ont suivi six loups différents provenant de trois meutes distinctes en train de se nourrir du nectar pendant quatre jours consécutifs (entre fin mai et début juin 2023). Ils ont ainsi pu observer que le temps passé à laper le nectar d’une inflorescence variait entre 3 et 15 secondes. Deux gourmands ont même visité entre 20 et 30 inflorescences lors d’une seule excursion dans un massif de fleurs. Ce qui les a trahis ? Un indice de taille: leur museau couvert de pollen.


Une coévolution entre les loups et les plantes ?

« Ce comportement souligne l’inclusion du nectar dans le régime alimentaire des loups éthiopiens, mais plus important encore, il peut représenter un cas rare d’interaction potentielle plante-pollinisateur impliquant un grand carnivore », explique dans un communiqué la chercheuse de l’étude, Sandra Lai.

Comme ces observations ont porté sur plusieurs individus de différentes meutes, cela indique que « ce comportement n’est pas accidentel mais plutôt répandu au sein de la population, suggérant sa transmission à d’autres individus potentiellement par apprentissage social », souligne l’étude publiée dans la revue Ecology.

Il s’agit maintenant pour les chercheurs de savoir « si les loups d’Ethiopie sont des pollinisateurs, et si c’est vraiment le cas, s’il existe des preuves de coévolution entre les loups et les plantes », conclut Sandra Lai.

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