Tensions Chine – États-Unis : quel prix pour l’Afrique ?

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Tensions Chine – États-Unis : quel prix pour l’Afrique ?
Tensions Chine – États-Unis : quel prix pour l’Afrique ?

Africa-Press – Djibouti. L’Afrique subsaharienne serait la région la plus pénalisée si le monde venait à se diviser en deux blocs commerciaux isolés, l’un constitué autour de la Chine et l’autre autour des États-Unis et de l’Union européenne.

C’est ce qu’avancent cinq économistes du Fonds monétaire international (FMI) dans une note publiée le 1er mai reprenant les résultats d’une étude rendue publique en avril. Selon les estimations du FMI, face à la recrudescence des tensions entre ces deux blocs, les pays d’Afrique subsaharienne (ASS) pourraient connaître un déclin permanent allant jusqu’à 4 % du produit intérieur brut réel en l’espace de 10 ans. Ce qui correspond à des pertes plus élevées que celles subies lors de la crise financière mondiale de 2008.


Vulnérabilité face aux chocs

Ces dernières années, l’Afrique subsaharienne a pu bénéficier d’opportunités économiques issues de nouvelles alliances économiques et commerciales, notamment avec la Chine. Des opportunités qui ont eu, selon le Fonds, « un impact positif sur la région ».

D’après les chiffres officiels, cela fait 15 ans que la Chine est le principal partenaire commercial de l’Afrique, dépassant les États-Unis et l’Union européenne. Selon une compilation de données issues de la douane chinoise et de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), avec environ 45 milliards de dollars investis chaque année en investissements directs étrangers (IDE), Pékin est le quatrième investisseur du continent derrière la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Pour autant, le concept de relation économique et commerciale fonctionnant à sens unique revient souvent lorsqu’il est question de collaborations sino-africaines. Car la balance commerciale reste désespérément déséquilibrée.

Diminution de 10 milliards d’IDE

Comme souligné dans le rapport, ces types de partenariats ont par ailleurs exposé les pays dépendants des importations, soit la majorité des économies africaines, à une plus grande vulnérabilité face aux chocs mondiaux.

La pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, en créant des perturbations sur toutes les chaînes de valeurs, n’ont fait que le rappeler. Pour les économistes du FMI auteurs de la note, ces difficultés pourraient être encore plus dramatiques si les tensions géopolitiques entre Washington et Pékin venaient à s’envenimer. « Les pays africains pourraient subir une hausse encore plus importante des prix à l’importation, ou même perdre l’accès à leurs principaux marchés à l’exportation. Environ la moitié de la valeur du commerce de la région avec le reste du monde pourrait être affectée », expliquent-ils.

Plus précisément, des perturbations géopolitiques pourraient entraîner une diminution d’environ 10 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) et d’aide publique au développement, ce qui représente environ un demi pour cent du PIB annuel de la région. Cette baisse des IDE à long terme pourrait également compromettre les transferts de technologies dont la région a tant besoin pour poursuivre son développement économique et social.

« Découplage stratégique »

Selon le FMI, dans le cas où les liens seraient rompus uniquement entre le bloc États-Unis – UE et la Russie – donc sans impliquer la Chine – le continent serait peu affecté. Mieux encore, il pourrait tirer parti de la situation car nombre de pays africains – surtout les producteurs de pétrole – bénéficieraient d’un accès à de nouveaux marchés.

L’institution de Bretton Woods estime que de « nouveaux partenariats seraient possibles et que les échanges intrarégionaux pourraient augmenter ». Depuis les sanctions européennes à l’encontre de la Russie, de plus en plus de pays de l’UE se tournent vers le continent pour assurer leur approvisionnement en hydrocarbures. L’intensification du partenariat entre le géant algérien Sonatrach et la major italienne ENI en est une bonne illustration.

Quoi qu’il en soit, d’après le FMI, l’Afrique ne pourra compter que sur elle-même pour minimiser les dommages collatéraux causés par une crise géopolitique. Ainsi, les pays concernés doivent consolider leur résilience, notamment en renforçant l’intégration commerciale en cours dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), ce qui implique de réduire les barrières commerciales tarifaires et non tarifaires, de renforcer l’efficacité des douanes, de tirer parti de la dématérialisation et de combler les lacunes en matière d’infrastructures.

Sans oublier l’approfondissement des marchés financiers intérieurs qui permettrait de multiplier les sources de financement et d’atténuer la volatilité liée à une dépendance excessive à l’égard des capitaux étrangers.

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