Ismaïl Omar Guelleh : « Un génocide est en cours à Gaza, je n’ai aucun doute là-dessus »

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Ismaïl Omar Guelleh : « Un génocide est en cours à Gaza, je n’ai aucun doute là-dessus »
Ismaïl Omar Guelleh : « Un génocide est en cours à Gaza, je n’ai aucun doute là-dessus »

François Soudan – envoyé spécial

Africa-Press – Djibouti. Si le président djiboutien s’efforce de maintenir une position d’équilibriste, soucieux avant tout de protéger les intérêts de son petit État, il assume, sur la guerre entre Israël et le Hamas comme sur la situation au Yémen et dans la Corne de l’Afrique, des positions tranchées. Entretien avec un chef d’État qui passe le plus clair de son temps à amortir des crises.

La petite histoire, significative des tensions qui traversent la Corne de l’Afrique en ce premier trimestre de 2024, a pour toile de fond le dernier sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le 17 février. Ce samedi matin, alors qu’il est attendu en séance à huis clos au siège de l’UA pour exposer à ses pairs tout le mal qu’il pense de l’accord signé en janvier par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et les dirigeants séparatistes du Somaliland octroyant à l’Éthiopie un accès à la mer, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, téléphone à son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG).

Tous deux sont logés au même hôtel dans la capitale éthiopienne, le Sheraton. « On veut m’empêcher de participer au huis clos, explique, très énervé, le Somalien. La sécurité éthiopienne refuse de nous conduire et de nous escorter, moi et ma délégation. Ils nous ont dit qu’ils avaient reçu des ordres et que nous n’avions qu’à nous y rendre à pied, sans protection et sans garanties d’accès ! »

Incident diplomatique à l’UA

Calmement, IOG répond à son interlocuteur que le siège de l’UA bénéficiant d’un statut d’extraterritorialité, nul ne peut s’opposer au droit du président d’un pays membre d’y accéder. Et il ajoute: « Dans ces conditions, tu viens avec moi. Mon véhicule m’appartient et le chauffeur est le mien, ils n’ont pas de prise sur mon convoi. »

Première tentative de blocage à la sortie du Sheraton, où il faut forcer le passage pour permettre à Mohamoud d’embarquer dans la voiture d’IOG. Puis second incident devant le siège de l’UA, quand la sécurité éthiopienne tente d’empêcher les agents somaliens – pourtant désarmés – d’accompagner leur président, ce qui déclenche une bagarre générale. Quelques minutes plus tard, à la grande surprise d’Abiy Ahmed, Hassan Cheikh Mohamoud entre dans la salle du huis clos, où il parviendra à délivrer son message.

À 76 ans, fort de ses statuts de doyen des chefs d’État de la Corne de l’Afrique par sa longévité au pouvoir – bientôt vingt-cinq ans – et de président en exercice de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), regroupement régional de huit pays d’Afrique de l’Est, Ismaïl Omar Guelleh joue quotidiennement son rôle d’amortisseur de crises, lesquelles n’ont jamais été aussi chronophages qu’en ce début d’année: guerre civile soudanaise, frictions somalo-éthiopiennes, confrontation en mer Rouge entre les Houthis yéménites et la coalition américano-britannique, tensions récurrentes avec l’ingérable voisin érythréen, le tout sur fond de stress généralisé induit par le drame de Gaza.

Sur Gaza, IOG a pris parti

Si IOG s’efforce de maintenir une position d’équilibriste, soucieux avant tout de protéger les intérêts existentiels de son petit État, il a sur ce dernier point clairement pris parti. Comme on le lira dans cet entretien, le président de Djibouti, pays membre de la Ligue arabe, se refuse à qualifier de terroriste le Hamas, auteur de l’attaque d’une violence sans précédent menée contre Israël le 7 octobre dernier, et partage l’opinion de ceux pour qui l’opération militaire israélienne dans l’enclave s’apparente à un génocide. Un double jugement en phase avec ce que pense l’immense majorité du million et demi de Djiboutiens.

Jeune Afrique: Djibouti a été l’un des rares pays à soutenir l’Afrique du Sud contre Israël devant de la Cour internationale de justice, et l’un des cinq à avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) afin qu’elle enquête sur les crimes de guerre commis à Gaza. Partagez-vous l’opinion de ceux qui parlent de « génocide » ?
Ismaïl Omar Guelleh: L’acharnement des autorités israéliennes contre le peuple de Gaza, la volonté affichée d’en finir une fois pour toutes avec lui et le massacre indiscriminé de civils sont constitutifs d’un génocide en cours. Je n’ai aucun doute là-dessus.

Considérez-vous le Hamas comme un mouvement terroriste ?

Absolument pas. La lutte que mène le Hamas est une lutte légitime pour la liberté du peuple palestinien, même si le fait que des civils innocents puissent en être les victimes est une évidence. En quoi combattre un gouvernement qui vous dénie l’accès à une terre qui est la vôtre relève-t-il du terrorisme ?

Vous avez organisé des collectes populaires de solidarité avec Gaza. Cela n’a pas posé de problèmes avec vos partenaires occidentaux ?

Nous ne leur avons pas demandé leur avis. Je crois qu’eux-mêmes savent très bien que ce siège doit cesser. Mais ils n’ont pas le courage de le dire, car dès que quelqu’un émet une opinion contraire au narratif israélien, il est immédiatement diabolisé. Djibouti n’a aucune relation avec l’État d’Israël, de quelque nature que ce soit, et nous n’avons jamais eu l’intention d’adhérer aux accords d’Abraham. Il n’y a qu’une seule voie de règlement possible: celle des deux États préconisée par l’ONU.

Depuis novembre dernier, les rebelles Houthis qui contrôlent la partie nord du Yémen tentent d’interrompre le trafic maritime en mer Rouge au large des côtes de Djibouti, suscitant une riposte militaire des Américains et des Britanniques. Cela vous inquiète-t-il ?

Évidemment, car cela perturbe gravement la liberté de circulation maritime en mer Rouge. C’est d’ailleurs l’unique effet de ce qui est en réalité une « proxy war » menée par l’Iran, via les Houthis, contre les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et l’Otan. Les Israéliens s’en fichent, et je dirais même que cette situation les arrange. Si ce qui motive les Houthis est réellement Gaza, ils feraient bien d’envoyer leurs missiles vers le Nord.

L’armée américaine utilise-t-elle sa base de Djibouti dans le cadre de l’opération Protective Shield ?

Non. Nous nous sommes mis d’accord là-dessus. Djibouti reste en dehors de cette affaire.

Les États-Unis ont réinscrit les Houthis dans la catégorie des « groupes terroristes ». Est-ce aussi votre opinion ?

Les Houthis sont un élément important sur l’échiquier yéménite, pas un groupe terroriste. Même si nous reconnaissons le gouvernement du président Alimi comme le seul légitime, nous ne pouvons ignorer l’existence d’un mouvement puissamment armé et qui contrôle la capitale, Sanaa.

Des dirigeants Houthis ont-ils acquis la nationalité djiboutienne en août 2023, ainsi que plusieurs médias l’ont affirmé récemment ?

Fake news. Il s’agit de deux ou trois hommes d’affaires yéménites qui ont investi à Djibouti. Aucun rapport avec les Houthis.

Quel est l’impact de la crise en mer Rouge sur l’activité du port de Djibouti, Doraleh ?

Sensible, mais maîtrisé pour l’instant. Il ne faudrait pas que cette situation perdure. À la fin de février, le volume des importations à destination de Djibouti et de l’Éthiopie avait baissé de 20 % depuis le déclenchement de la crise, en décembre 2023, la chute du trafic local et de transit étant toutefois compensée par l’augmentation significative du transbordement. Mais nous savons que l’amplitude de l’impact négatif ne se fera réellement sentir qu’à partir de mars et avril. Nous restons donc très vigilants afin d’être en capacité d’amortir le choc.

Autre crise régionale vous concernant directement: celle qui oppose vos voisins éthiopiens et somaliens à propos du Somaliland. Vous aviez réuni les présidents de Somalie et du Somaliland et un accord avait été trouvé pour que ces discussions continuent. Mais, le 1er janvier, le Somalilandais Muse Bihi Abdi était à Addis-Abbeba, où il signait à la surprise générale avec Abiy Ahmed un document aux termes duquel il concéderait à l’Éthiopie une portion de son littoral en échange d’une reconnaissance de l’indépendance du Somaliland. Comment avez-vous pris ce revirement ?

Comme un coup de poignard dans le dos. Bihi Abdi a quitté Djibouti à 6 heures du matin [le 31 janvier] sans m’informer de sa destination ni bien sûr de ce qu’il préparait. Quant à Abiy Ahmed, il sait très bien que ce projet n’a pratiquement aucune chance d’être adoubé par la communauté internationale et donc de prospérer. Son objectif est de poser sur la table le problème de l’accessibilité de l’Éthiopie à la mer et de fédérer son opinion autour d’une cause nationale.

On parle de l’établissement d’une base militaire éthiopienne et d’un port commercial dans la zone de Zeilah, à 30 kilomètres de la frontière entre Djibouti et le Somaliland…

Il s’agit pour l’instant de rumeurs. Personne, en dehors des deux signataires, ne sait réellement ce que contient cet accord.

Dans son discours du 13 octobre 2023, Abiy Ahmed s’est dit investi d’une mission: celle de redonner à l’Éthiopie un accès à la mer. Un « droit naturel » et « une question existentielle » selon lui, afin de « libérer » son pays de sa « prison géographique ». Ce sont des termes forts, presque inquiétants…

Effectivement. Je me souviens qu’en 1994, lors des négociations de Londres qui ont accompagné l’indépendance de l’Érythrée, le président du gouvernement éthiopien de transition, Mélès Zenawi, avait demandé à conserver l’usage du port d’Assab, ainsi que d’un corridor d’accès. Ce à quoi son homologue érythréen, Issayas Afeworki, avait répondu: « Vous n’aurez pas un mètre carré de territoire. C’est tout ou rien. Je suis prêt à reprendre la lutte armée. » Trente ans plus tard, Abiy Ahmed ranime cette vieille frustration.

Quand les dirigeants éthiopiens ajoutent qu’ils ne veulent plus dépendre du seul port de Djibouti, par où transitent 90 % de leurs échanges, n’est-ce pas compréhensible ?

Certes. Si son développement l’exige, l’Éthiopie a effectivement besoin de plusieurs ports. Un accord vient d’être conclu avec celui de Lamu, au Kenya, et ils ont déjà l’usage de celui de Berbera, au Somaliland. Pour notre part, nous avons fait de gros efforts financiers et de diversification pour diminuer notre dépendance à l’égard du marché éthiopien. Ce dernier ne représente plus que 40 % de notre activité portuaire.

Les Éthiopiens mettent en cause les tarifs trop élevés, selon eux, des ports de Djibouti. Ils avancent le chiffre de 1,5 milliard de dollars par an. N’est-ce pas excessif ?

Sur cette somme, ce qui revient dans les caisses de l’État de Djibouti ne représente pas plus de 400 millions de dollars ! Tout le reste relève de transactions entre entités et ressortissants éthiopiens. Ils le savent très bien.

Troisième crise à laquelle vous êtes confronté, en tant que président en exercice de l’Igad: la guerre civile au Soudan. La plupart des observateurs ne voient pas de solution à court et moyen terme à ce conflit entre généraux qui a fait plus de 20 000 morts en un an. Est-ce aussi votre avis ?

Oui, hélas. Le relatif équilibre des forces entre les généraux Hemetti et Burhane, le jeu nocif des Frères musulmans aux côtés de ce dernier, l’interventionnisme de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, des Émirats, des États-Unis et de la Russie dans ce conflit, tout cela contribue à le rendre quasiment inextricable.

Le général Burhane a suspendu sa participation à l’Igad au motif que vous avez invité son rival au sommet d’Entebbe, en janvier. Pourtant, vous les aviez reçus tous les deux ensemble à Djibouti, début décembre…

Si on ne discute pas avec les deux parties, à quoi sert une médiation ? Je les ai effectivement reçus à Djibouti, mais ils ont refusé de se parler et même de se retrouver dans une même salle ! Je poursuivrai mon travail jusqu’au bout, mais cette guerre d’ego sur le dos du peuple soudanais rend les choses très difficiles.

Les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères se sont rendus à Djibouti mi-décembre, pour discuter du renouvellement des accords concernant la base militaire française. Où en sont les négociations ?

Les dernières propositions françaises nous sont parvenues mi-février. Nos experts les étudient et nous y répondrons rapidement.

Quels sont encore les points d’achoppement ?

L’aspect financier tout d’abord. Nous estimons le loyer annuel de la base à 100 millions d’euros, alors que la partie française propose à peine 60 millions.

Le statut de l’îlot du Héron ensuite, une emprise que la France occupe sans que nous sachions ce qu’elle projette d’en faire concrètement et dont nous voulons récupérer une partie. Faut-il en faire un sujet de clash ? Je ne le souhaite pas. Mais la France, qui dispose de l’usage de près de 400 hectares rien qu’à Djibouti ville, où est installée sa plus importante base militaire sur le continent, devrait faire preuve d’une plus grande capacité d’écoute.

L’existence même de cette base est-elle un enjeu dans les négociations ?

Non. La présence française est une nécessité stratégique pour Djibouti, en proie aux convoitises et aux immixtions récurrentes de certains de ses voisins. Nous tenons au maintien de cette relation ancienne et c’est pour cela que le fameux « sentiment anti-français » est pratiquement inexistant chez nous. En fait, chacun a intérêt à ménager l’autre et, en ce qui nous concerne, nous remplissons notre part du contrat.

Quand vous évoquez les immixtions de vos voisins, vous faites aussi allusion à l’Érythrée. Où en sont vos rapports avec Issayas Afeworki ?

Nulle part. Il montre toujours la même arrogance et la même agressivité. À croire qu’il ne changera jamais.

Djibouti surfe sur un taux de croissance soutenu de 5 % à 7 % depuis une décennie, mais son impact sur l’emploi des jeunes s’est longtemps fait attendre. Est-ce toujours le cas ?

Je ne pense pas. L’emploi des jeunes est la priorité de mon mandat actuel: 2 000 nouveaux postes ont été créés en 2021, 3 000 en 2023, et nous visons le chiffre de 5 000 en 2025, avec une attention particulière portée au millier d’étudiants de l’université qui accèdent chaque année au marché du travail. Il faut dire que s’il existe un secteur dont je suis fier, c’est bien celui de l’éducation, avec un taux de scolarisation de 95 % d’autant plus remarquable que les écoles sont dotées de cantines.

On vous reproche parfois d’accorder trop d’importance et de crédits à l’assistanat. Au risque de voir une partie de la population vivre dans la dépendance…

Cette tentation existe, mais nous en sommes conscients. C’est pourquoi l’octroi de l’aide aux ménages pauvres est conditionné à la scolarisation et à la vaccination des enfants, ainsi qu’à l’épargne obligatoire. Pour le reste, j’assume le fait d’avoir mis le paquet sur le logement social, l’assurance maladie universelle, l’accès à l’eau pour tous, le triplement en vingt ans du nombre de structures sanitaires… Et, là aussi, j’en suis fier. Tant qu’un seul Djiboutien n’aura que la rue pour dormir, je continuerai sur cette voie.

Le dernier rapport du FMI sur Djibouti recommande vivement qu’un accord soit conclu avec la Chine, qui est votre premier créancier, afin de redessiner le profil de votre dette. Où en est-on sur ce point ?

La Chine nous a accordé un délai de grâce de quatre ans et nous négocions pour la suite, dans un très bon état d’esprit. L’essentiel de cette dette s’articule autour de deux chantiers: l’adduction d’eau en provenance d’Éthiopie et le chemin de fer Djibouti–Addis-Abebba, pour lequel nous avons emprunté 500 millions de dollars, et l’Éthiopie, 2 milliards. Je suis convaincu que nous trouverons une solution avec nos amis chinois.

On assiste depuis le début de l’année à une reprise des escarmouches entre les forces de défense djiboutiennes et les opposants du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud). La dernière en date a eu lieu le 23 février dans la région de Dikhil et a fait plusieurs morts. Cela vous inquiète-t-il ?

Non. Il s’agit d’un petit groupe résiduel à base ethnique, à qui son parrain érythréen a ordonné de s’infiltrer dans le sud de Djibouti afin de donner l’impression d’un mouvement national. Mais cela ne trompe personne. Leur but est de créer des incidents isolés, puis de les amplifier via leur radio émettant depuis la Belgique. Ce n’est pas une menace, juste une légère pollution.

Le groupe qui a mené l’attaque dans le Daoudaouya venait d’Éthiopie. Avec la complicité d’Addis-Abeba ?

Non en ce qui concerne le gouvernement central. Par contre, il n’est pas exclu que le gouvernement local de la région Afar soit impliqué.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a consacré l’une de ses sessions à Djibouti, en novembre dernier à Genève. Des communications d’ONG critiques à l’égard du gouvernement djiboutien ont été diffusées à cette occasion, dans lesquelles il est question de viols, commis par l’armée, de femmes de la communauté Afar soupçonnées de sympathies pour le Frud armé. Qu’avez-vous à répondre à ces accusations ?

Nous n’avons jusqu’ici reçu aucune preuve de ces allégations ni même le nom d’une seule victime. Il s’agit d’affabulations montées de toutes pièces par ce même groupe d’autoexilés en Europe qui cherchent désespérément à ressusciter le clivage Afar-Issa, lequel a fait tant de mal à ce pays. À Djibouti, où tout le monde se connaît, personne ne prend ça au sérieux.

Je ne vais pas vous reposer une nouvelle fois la question de l’identité de votre éventuel dauphin, sachant que vous ne répondez pas…

Et qu’il n’existe pas !

Par contre, pouvez-vous assurer aux Djiboutiens que l’élection présidentielle prévue en mars 2026 se déroulera dans un climat apaisé ?

Absolument. Les élections se sont toujours déroulées dans le calme et la sérénité, il n’y a aucune raison pour que cela change. Les Djiboutiens sont des gens civilisés qui ne conçoivent pas que l’on rate un rendez-vous démocratique.

Source: JeuneAfrique

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