Africa-Press – Djibouti. Le Ministre de l’Énergie, chargé des Ressources Naturelles, M. Yonis Ali Guedi, a procédé, mercredi dernier à Pékin, à la signature d’un important accord d’investissement de 38 millions de dollars, destiné à faire du lac Assal un géant industriel du sel, à l’échelle africaine et même mondiale. Aux côtés de deux mastodontes de l’industrie minière chinoise – Salt Investment S.A., représentée par son PDG, M. Pan Weidong, et Beijing China-Mining Jinfa Technology Co. Ltd (BCMJF), représentée par son Directeur Général, M. Zhao Ming – le ministre a paraphé les documents relatifs à la mise en œuvre d’un plan intégré, durable et progressif de développement de la filière saline du lac Assal. Ce projet d’envergure repose sur une feuille de route claire et des engagements financiers solides, appelés à transformer le site en pôle industriel de référence.
Le lac Assal, joyau naturel situé à 155 mètres sous le niveau de la mer, ne sera désormais plus seulement un simple site touristique. En partenariat avec la République populaire de Chine, Djibouti ambitionne de transformer les réserves colossales du site, estimées à plusieurs milliards de tonnes de sel, en produits à haute valeur ajoutée, qu’il s’agisse de sel industriel ou de sel alimentaire.
Cette initiative marque une étape décisive pour le pays, qui entend rejoindre la cour des géants mondiaux de « l’or blanc ». En mission de travail en Chine depuis le début de la semaine, le Ministre de l’Énergie, chargé des Ressources Naturelles, M. Yonis Ali Guedi, a signé, le mercredi 27 août au siège des groupes CCCC et CURG, un accord d’investissement de 38 millions de dollars. Cet engagement a été scellé avec le PDG de Salt Investment S.A., M. Pan Weidong, ainsi qu’avec le Directeur Général de Beijing China-Mining Jinfa Technology Co. Ltd (CMJF), M. Zhao Ming.
Qualifié de « décisif » par les signataires, cet accord définit les contours d’un partenariat gagnant-gagnant, fondé sur des engagements financiers solides et sur un plan intégré, durable et progressif pour le développement de la filière saline du lac Assal. Le gouvernement djiboutien, de son côté, s’engage à fournir le cadre institutionnel et à garantir l’application de la stratégie nationale de valorisation des ressources naturelles. Salt Investment S.A., déjà active dans l’exploitation du lac et contrôlée par le géant chinois CCCC, reste l’opérateur historique de la filière. Quant à Beijing China-Mining Jinfa Technology Co. Ltd (CMJF), acteur reconnu dans les technologies minières et salines, réputé pour son expertise et ses innovations, il incarne le nouveau partenaire qui devrait hisser la production saline djiboutienne aux standards internationaux. Le plan d’investissement sera mis en œuvre de manière graduelle, selon trois étapes clairement définies. La première phase, qui s’étendra sur une période comprise entre huit et douze mois, mobilisera plus de neuf millions de dollars américains. Elle portera essentiellement sur la modernisation des équipements et des infrastructures existantes, ainsi que sur la construction d’une usine capable de produire plus de 500 000 tonnes de sel industriel et 20 000 tonnes de sel alimentaire chaque année.
La deuxième phase, prévue sur une durée allant de douze à dix-huit mois, nécessitera un financement supérieur à dix-huit millions de dollars. Elle se traduira par l’agrandissement de l’usine afin de porter la capacité annuelle de production à un million de tonnes de sel industriel et cinquante mille tonnes de sel alimentaire.
La troisième phase, enfin, s’étendra sur une période similaire de douze à dix-huit mois et mobilisera un investissement de plus de onze millions de dollars. Cette ultime étape permettra d’étendre encore la capacité de l’usine, qui atteindra alors plus de deux millions de tonnes de sel industriel et plus de cinquante mille tonnes de sel alimentaire par an.
En régime de croisière, le projet représentera un investissement global supérieur à trente-huit millions de dollars, confirmant l’ambition de transformer radicalement la filière saline de Djibouti et de positionner le pays comme un producteur de premier plan.
Des retombées multiples
Ce plan de développement ne se limite pas à des chiffres de production. Il aura des retombées concrètes sur l’économie nationale et sur la vie des populations. Plusieurs centaines d’emplois directs et indirects devraient être créés, aussi bien sur le site du Lac Assal que dans les secteurs connexes tels que le transport, la logistique ou l’exportation.
Grâce à l’ouverture vers les marchés internationaux, une partie importante de la production sera exportée vers la Chine, le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Est, ce qui permettra à Djibouti de renforcer sa position sur le marché mondial du sel. L’expertise technologique de CMJF favorisera en outre un transfert de compétences vers les ingénieurs et techniciens djiboutiens, qui bénéficieront de formations de pointe et d’un savoir-faire reconnu dans le domaine de l’exploitation saline.
Le projet intègre par ailleurs une dimension environnementale, grâce à l’utilisation de technologies modernes censées réduire l’impact écologique de l’exploitation et préserver l’équilibre fragile de ce site unique.
Cet accord illustre la profondeur et la vitalité de la coopération entre Djibouti et la Chine. Depuis l’accession du Président Ismail Omar Guelleh à la magistrature suprême, les deux pays n’ont cessé de renforcer leurs liens à travers des projets structurants tels que les ports, le chemin de fer, les zones franches ou encore le secteur énergétique. Le ministre Yonis Ali Guedi a rappelé que ce partenariat constitue « un symbole fort de la confiance mutuelle et de l’amitié solide qui unissent nos deux nations », tout en saluant la disponibilité et l’engagement des partenaires chinois, qualifiés de « stratégiques et privilégiés ».
De son côté, Cheng Tiancheng, Directeur Général de CCCC et du Groupe China Urban-Rural, a souligné que la signature de cet accord coïncidait avec le dixième anniversaire de l’entrée de CCCC dans le capital de Salt Investment S.A. Il a réaffirmé l’engagement de son groupe à faire du Lac Assal le plus grand centre de production de sel en Afrique de l’Est, en consolidant un partenariat stratégique fondé sur le principe du gagnant-gagnant.
La société Beijing China-Mining Jinfa Technology Co. Ltd (CMJF) constitue un acteur stratégique dans ce projet. Elle est reconnue pour son expertise dans le domaine de l’exploitation et du traitement des ressources minières, en particulier salines. Dotée d’une équipe d’experts chevronnés et d’une expérience internationale, CMJF a développé des technologies de pointe qui garantissent une extraction et une purification du sel conformes aux normes les plus exigeantes.
Son intégration dans le projet du Lac Assal marque une montée en gamme décisive, en plaçant la production djiboutienne sur un standard de qualité apte à conquérir les marchés internationaux, qu’il s’agisse du sel industriel ou du sel alimentaire.
Une diversification de la chaîne de valeur
Le nouveau plan de développement dépasse la simple production de sel alimentaire ou industriel. Il inclut également la valorisation de sous-produits tels que le bromure de sodium et le bromure de calcium, déjà exploités au Lac Assal et utilisés dans les secteurs pharmaceutiques, chimiques ou pétroliers. Cette diversification témoigne d’une volonté d’intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction à la transformation, puis à l’exportation. En parallèle, l’utilisation des infrastructures portuaires de Djibouti pour l’exportation assurera une logistique optimisée, tandis que la création d’activités connexes – commerces, services, hébergements – contribuera à améliorer les conditions de vie des populations locales. Ce projet se veut donc une initiative globale, alliant développement industriel, retombées sociales et préservation environnementale. La cérémonie de signature à Pékin a réuni de nombreuses personnalités, confirmant l’importance stratégique de cet accord. Du côté chinois, étaient présents Cheng Tiancheng, Yang Xing, Su Yongsheng, Chen Aiping, Yu Yan et Li Shusheng. La délégation djiboutienne comptait notamment Mahdi Waberi Hassan, Conseiller Technique du Ministre, ainsi que Aden Hyd Ismaël, Directeur des Ressources Naturelles. L’ambiance solennelle de l’événement reflétait la portée historique de ce partenariat et la volonté partagée d’ouvrir un nouveau chapitre de coopération.
Une immersion dans les usines chinoises du sel
Moins de vingt-quatre heures après la signature de l’accord tripartite, le ministre Yonis Ali Guedi a poursuivi son séjour en Chine par une immersion technique au cœur d’une unité industrielle de référence. Le jeudi 28 août, il s’est rendu dans la ville de Huanghua, dans la province du Hebei, pour visiter l’usine de production de sel alimentaire de la société Cangzhou Salt Group (Yin Shan Shi Yan). À son arrivée, il a été accueilli chaleureusement par les dirigeants du site, qui lui ont ouvert les portes de cette installation moderne considérée comme l’une des plus performantes en Chine. Cette visite avait pour objectif de permettre au ministre, ainsi qu’aux représentants des sociétés partenaires, de s’imprégner des procédés de production mécanisés et automatisés du sel alimentaire raffiné. Ils ont pu observer l’ensemble de la chaîne de transformation, depuis l’extraction et le traitement initial jusqu’au conditionnement et à la diversification des produits finis.
L’expérience a permis de constater de visu l’intégration des dernières innovations technologiques dans le domaine, innovations qui seront prochainement adaptées et déployées au Lac Assal. En effet, le projet djiboutien prévoit l’implantation d’unités similaires, capables de produire et d’exporter des millions de tonnes de sel industriel et alimentaire vers la Chine, mais aussi vers les marchés régionaux et internationaux.
Pour le gouvernement djiboutien, cette visite s’inscrit dans une stratégie claire: transformer la filière saline en industrie à haute valeur ajoutée, vecteur d’emplois, de recettes fiscales et de croissance durable. Le ministre Yonis Ali Guedi, à l’issue de la rencontre, a salué l’expertise de Cangzhou Salt Group et a souligné l’importance de s’inspirer de ce modèle pour réussir la mutation industrielle du Lac Assal. Il a engagé des échanges techniques approfondis avec les responsables chinois, portant notamment sur les conditions de production, la méthodologie adoptée, la maîtrise du savoir-faire et l’expérience accumulée par l’entreprise. Ces discussions visent à tirer parti de l’expertise chinoise pour doter Djibouti de capacités industrielles modernes et compétitives.
Au-delà du seul aspect technique, cette visite marque une étape décisive dans la mise en œuvre de la politique nationale de valorisation des ressources naturelles. Elle illustre la volonté du gouvernement d’ancrer l’industrialisation dans une dynamique concrète, en s’appuyant sur des partenariats stratégiques et en ouvrant le pays à des innovations éprouvées.
En renforçant l’attractivité du secteur et en sécurisant des investissements de grande ampleur, Djibouti prépare le terrain pour faire du Lac Assal un pôle industriel majeur en Afrique de l’Est. Cette ambition traduit une vision, celle de transformer l’« or blanc » en moteur de compétitivité et de rayonnement économique pour la nation.
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