Africa-Press – Djibouti. Huit pays d’Afrique de l’Ouest et de la Corne ont lancé un vaste programme régional destiné à restaurer des terres dégradées et renforcer la résilience des communautés rurales face aux effets du changement climatique, dans le cadre de l’initiative de la Grande Muraille Verte. Doté de 222 millions de dollars, dont 150 millions apportés par le Fonds Vert pour le Climat, ce programme baptisé SURAGGWA entend toucher directement près de deux millions de personnes.
Le Burkina Faso, le Tchad, Djibouti, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal sont concernés. Tous partagent un même constat: la progression rapide de la désertification, aggravée par la pression démographique, les conflits liés aux ressources naturelles et l’instabilité climatique.
« Il ne s’agit plus seulement de planter des arbres. Il s’agit de restaurer des territoires entiers et de redonner espoir à des populations rurales en première ligne », explique une source proche du comité de pilotage du programme. En toile de fond, l’objectif est clair: renforcer la sécurité alimentaire, relancer les économies locales et réduire les tensions sociales.
SURAGGWA repose sur trois piliers: restauration des terres, valorisation économique durable et renforcement de la gouvernance écologique.
Dans les zones arides, des espèces locales résistantes à la sécheresse seront plantées, tandis que des techniques ancestrales et modernes de gestion de l’eau – telles que les demi-lunes, le zaï ou les digues filtrantes – seront déployées. Les communautés, notamment les femmes, seront formées à ces pratiques afin d’en assurer la pérennité.
Le second volet vise à développer les chaînes de valeur locales autour de produits forestiers non ligneux comme la gomme arabique, le miel ou les fruits du baobab. Transformation, emballage, commercialisation, accès au financement: tout l’écosystème local est ciblé pour accroître les revenus des ménages.
Enfin, le programme entend doter les États concernés d’outils de suivi numériques, de plans de coordination nationaux et de systèmes de gouvernance plus robustes pour assurer la continuité et la transparence des actions engagées.
A l’échelle régionale, SURAGGWA ambitionne de séquestrer 65 millions de tonnes de CO2 sur vingt ans. Plus largement, l’initiative entend générer des emplois verts pour les jeunes et les femmes, et redynamiser les économies rurales grâce à l’agroécologie et à la reforestation.
Pour les partenaires internationaux, ce projet est aussi un test grandeur nature de la capacité de la Grande Muraille Verte, lancée il y a près de deux décennies, à opérer un véritable changement d’échelle. Le FVC, bras financier de l’Accord de Paris, voit en SURAGGWA un modèle reproductible.
Les premières activités opérationnelles devraient démarrer avant la fin de l’année, avec des zones pilotes identifiées dans chaque pays. Le suivi des résultats sera coordonné par une cellule régionale, avec l’appui technique de plusieurs agences onusiennes.
Pour aller plus loin: Version française: https://openknowledge.fao.org/handle/20.500.14283/CD5411FR, English version: https://openknowledge.fao.org/handle/20.500.14283/CD5411E
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